vendredi 9 mai 2014

Santiago

J'étais plutôt content de mon arrivée à Santiago, en évitant l'autoroute et en franchissant le périphérique en empruntant un boulevard en direction du centre sans me perdre.
Mais mon arrivée par le nord-ouest n'était pas semble-t-il le meilleur choix. Une camionnette s'arrête à ma hauteur et le conducteur m'interpelle :
« aqui son muy muy malo ! » et il me conseille de franchir au plus tôt le rio Mapucho, tout en me suivant à distance pour me servir d'escorte.

J'avoue que je ne me sentais pas du tout en insécurité, les quartiers vraiment défavorisés étant situés plus à l'est.
Ça me rappelle mon passage en Croatie où la fonctionnaire slovène me disait qu'au delà du fleuve je devais faire bien attention à moi.
J'ai conscience d'être dans une grande ville sud-américaine, mais Santiago n'est tout de même pas Sao Paulo.

La tour Entel marque l'entrée du centre-ville. 


 
Le Paseo Ahumada est la rue piétonne qui conduit tout droit à la plaza de Armas qui est malheureusement fermée pour travaux.
Mais c'est autour de la place que l'on trouve les édifices majeurs de la vie civile et religieuse, comme la cathédrale, dont le reflet dans cet immeuble de verre cache un grand vaisseau au riche décor intérieur baroque


ainsi que le musée, et la Poste centrale où j'y ai pris mes habitudes


Plus à l'est le Cerro Santa Lucia annonce la fin de l'hyper centre. 







C'est sur cette butte dominant le rio que Pedro de Valdivia, capitaine de Pizarro au Pérou, décida de fonder Santiago le 12 février 1541 après une expédition de plus d'un an.

Santiago fut la clé de la colonisation européenne vers le sud du continent. Les soldats s'y retranchaient pour échapper aux attaques féroces des premiers habitants des lieux.
Le fameux plan en damier (plano de damero) autour de la Plaza Mayor, centre de la vie urbaine, générant cuadras et solares, y fut adopté, ainsi que dans toutes les autres villes américaines.

Le Palacio de la Moneda est sans doute l'édifice le plus emblématique de la capitale chilienne. 






Siège du gouvernement depuis 1981, Salvador Allende, président socialiste élu démocratiquement en 1970, s'y suicida trois ans plus tard, pour échapper à la capture par les militaires. La suite, c'est le coup d'Etat (appelé ici le « Golpe ») de Pinochet, et la dictature.

Statue d'Allende devant la Moneda



Le musée qui retrace l'histoire du pays arrête d'ailleurs sa chronologie en 1973.
On y trouve de nombreux portraits d'illustres Chiliens, dont le fameux Bernardo O'Higgins, instigateur d'une dictature légale de 1817 à 1823, et qui fut un des premiers « caudillos », sorte de figure militaire charismatique.
Quand on tombe sur la rue O'Higgins dans une ville chilienne, on est à peu près certain d'arriver au centre-ville, à l'instar de la rue San Martin en Argentine.

Au sud de la Moneda, la rue San Diego comprend plus de cinquante magasins de vélo où Paulo trouvera de quoi renouveler sa transmission.

une église près de la rue San Diego

 
Au nord du fleuve une promenade dans le parc métropolitain permet d'avoir une vue d'ensemble sur la métropole, et son atmosphère bien polluée.


Mais cette ville me plaît, avec ses joueurs d'échec qui me rappellent Bucarest


où son centre culturel situé sous la Moneda où la cinémathèque était en plein festival européen


la phrase est tirée d'une annonce publiée dans le Times en 1914 par Sir Ernest Shackleton pour recruter des hommes afin de traverser à pied l'Antarctique ; ça dit quelque chose comme « recherchons hommes pour voyage risqué, solde de misère, froid extrême, longs mois d'obscurité totale, danger permanent, retour en vie incertain, honneur et reconnaissance en cas de réussite » … au mois il n'y a pas tromperie sur la marchandise !

Quant à moi, il me faut continuer vers le nord ; par les déserts argentins ou chiliens, je ne sais pas encore, mais j'espère avoir plus de réussite que l'expédition de Shackleton, qui même s'il elle n'atteint pas son objectif aura eu le mérite de ramener en Angleterre l'ensemble de l'équipage sain et sauf.

quelques autres vues de Santiago

Barrio Paris-Londres




Bibliothèque
 

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