J'étais
plutôt content de mon arrivée à Santiago, en évitant l'autoroute
et en franchissant le périphérique en empruntant un boulevard en
direction du centre sans me perdre.
Mais
mon arrivée par le nord-ouest n'était pas semble-t-il le meilleur
choix. Une camionnette s'arrête à ma hauteur et le conducteur
m'interpelle :
« aqui
son muy muy malo ! » et il me conseille de franchir au
plus tôt le rio Mapucho, tout en me suivant à distance pour me
servir d'escorte.
J'avoue
que je ne me sentais pas du tout en insécurité, les quartiers
vraiment défavorisés étant situés plus à l'est.
Ça
me rappelle mon passage en Croatie où la fonctionnaire slovène me
disait qu'au delà du fleuve je devais faire bien attention à moi.
J'ai
conscience d'être dans une grande ville sud-américaine, mais
Santiago n'est tout de même pas Sao Paulo.
La
tour Entel marque l'entrée du centre-ville.
Le
Paseo Ahumada est la rue piétonne qui conduit tout droit à la plaza
de Armas qui est malheureusement fermée pour travaux.
Mais
c'est autour de la place que l'on trouve les édifices majeurs de la
vie civile et religieuse, comme la cathédrale, dont le reflet dans
cet immeuble de verre cache un grand vaisseau au riche décor
intérieur baroque
ainsi
que le musée, et la Poste centrale où j'y ai pris mes habitudes
Plus
à l'est le Cerro Santa Lucia annonce la fin de l'hyper centre.
C'est
sur cette butte dominant le rio que Pedro de Valdivia, capitaine de
Pizarro au Pérou, décida de fonder Santiago le 12 février 1541
après une expédition de plus d'un an.
Santiago
fut la clé de la colonisation européenne vers le sud du continent.
Les soldats s'y retranchaient pour échapper aux attaques féroces
des premiers habitants des lieux.
Le
fameux plan en damier (plano de damero) autour de la Plaza Mayor,
centre de la vie urbaine, générant cuadras et solares, y fut
adopté, ainsi que dans toutes les autres villes américaines.
Le
Palacio de la Moneda est sans doute l'édifice le plus emblématique
de la capitale chilienne.
Siège
du gouvernement depuis 1981, Salvador Allende, président socialiste
élu démocratiquement en 1970, s'y suicida trois ans plus tard, pour
échapper à la capture par les militaires. La suite, c'est le coup
d'Etat (appelé ici le « Golpe ») de Pinochet, et la
dictature.
Statue d'Allende devant la Moneda
Le
musée qui retrace l'histoire du pays arrête d'ailleurs sa
chronologie en 1973.
On
y trouve de nombreux portraits d'illustres Chiliens, dont le fameux
Bernardo O'Higgins, instigateur d'une dictature légale de 1817 à
1823, et qui fut un des premiers « caudillos », sorte de
figure militaire charismatique.
Quand
on tombe sur la rue O'Higgins dans une ville chilienne, on est à peu
près certain d'arriver au centre-ville, à l'instar de la rue San
Martin en Argentine.
Au
sud de la Moneda, la rue San Diego comprend plus de cinquante
magasins de vélo où Paulo trouvera de quoi renouveler sa
transmission.
une église près de la rue San Diego
Au
nord du fleuve une promenade dans le parc métropolitain permet
d'avoir une vue d'ensemble sur la métropole, et son atmosphère bien
polluée.
Mais
cette ville me plaît, avec ses joueurs d'échec qui me rappellent
Bucarest
où
son centre culturel situé sous la Moneda où la cinémathèque était
en plein festival européen
la
phrase est tirée d'une annonce publiée dans le Times en 1914 par
Sir Ernest Shackleton pour recruter des hommes afin de traverser à
pied l'Antarctique ; ça dit quelque chose comme « recherchons
hommes pour voyage risqué, solde de misère, froid extrême, longs
mois d'obscurité totale, danger permanent, retour en vie incertain,
honneur et reconnaissance en cas de réussite » … au mois il
n'y a pas tromperie sur la marchandise !
Quant
à moi, il me faut continuer vers le nord ; par les déserts
argentins ou chiliens, je ne sais pas encore, mais j'espère avoir
plus de réussite que l'expédition de Shackleton, qui même s'il
elle n'atteint pas son objectif aura eu le mérite de ramener en
Angleterre l'ensemble de l'équipage sain et sauf.
quelques autres vues de Santiago
Barrio Paris-Londres
Bibliothèque
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