En haut du musée de
Valence, la vue est imprenable sur les toits de
la ville. Les
péniches chargées de containers qui remontent le
Rhône croisent
les bateaux de croisière qui le redescendent.
C’est un samedi
désormais ordinaire dans l’hexagone.
La nuit le mistral
souffle de façon tempétueuse. Je gagne le
lendemain les villages
nichés au pied du Vercors avec difficulté ;
les bourrasques à
plus de 80km/h font tanguer l’équipage sans le
mettre à terre.
Montvendre et ses jardins : jardin zen... |
... jardin des Sables |
Chabeuil |
Beauregard-Baret |
Le surlendemain, le
temps redevient plus cyclable. Je croise
Margot qui avec le petit
Jude se promènent au pied du Vercors,
avant de rejoindre Die. Le
jeune voyageur à l’air de bien apprécier
la balade.
Après avoir rejoint
l’Isère, je grimpe dans la montagne ; la vue
depuis la Combe
Laval vaut le détour.
Au petit hameau de
Lente, un hôtel complètement fermé possède
une terrasse en
contrebas qui me sert de terrain de camping ; spot
idéal malgré
la fraîcheur de la nuit.
Je quitte le Vercors
au Col de Rousset,
et entame une belle
descente sur la vallée de la Drôme
puis passe après le
petit col de Prémol dans le Parc naturel régional
des Baronnies
La Charce |
à partir de
Rémuzat, les vautours ont élu domicile sur les éperons
dominant
les gorges de l’Eygues, et la position à semi-couchée est
idéale
pour les observer.
A Nyons, je suis
déjà en Haute Provence ;
le Ventoux est dans
ma ligne de mire
je le longe par le
nord en remontant la vallée de Toulourenc.
Petit détour par
Jouques, où j’ai la belle surprise de revoir Kévin,
qui après
son aventureuse traversée à pied de la Nouvelle-Zélande
en six
mois, a toujours plein de projets en tête !
Sous l’œil rieur
de Laurence, Jean-Marie, fin connaisseur du vélo,
me montre fort
obligeamment tous les écueils à éviter quand on
voyage en vélo
couché ; je saurai ne pas les oublier.
C'est toujours un grand plaisir de les retrouver.
C'est toujours un grand plaisir de les retrouver.
Entre la Sainte-Victoire, le bas Lubéron et la vallée de la Bléone, il
m’est toujours agréable de cycloter dans cette région bien
ensoleillée.
col des Portes |
Sainte-Victoire... |
Grambois |
les Mées |
Bléone |
A Digne, je
temporise une journée. Mais le mauvais temps
m’accompagne tout le
long de la route Napoléon, où je croise le
Verdon au lac de
Castillon, avant d’accompagner le Var jusqu’à sa
confluence avec
la Vésubie.
lac de Castillon |
Entrevaux |
gorges du Var |
Le lendemain, c’est
à sous nouveau sous la pluie que je remonte la
vallée jusqu’à
Saint-Martin.
La transmission est
lavée ; le cycliste est rincé.
Lantosque... |
St-Martin de Vésubie |
Je pose le vélo une
journée. Dans le vallon qu’emprunte le GR52,
les bouquetins mâles
ne se préoccupent pas un instant du
randonneur. Ils cherchent leur
pitance sans aucune crainte.
A 2000 mètres
d’altitude au refuge de Cougourde, la rando
s’arrête ; la
pluie de ces deux derniers jours s’est ici transformée en
neige.
refuge de Cougourde |
Un bouquetin femelle
accompagne ses petits qui lèchent les parois
du refuge en quête de
sel. Les animaux du Mercantour ne semblent
pas bien farouches.
Le soleil revenu, je
pars à l’assaut de la Bonette. La route la plus
haute d’Europe,
qui a nécessité plusieurs années de travail, a été
ouverte il y
a quelques jours seulement, mais peut se refermer à
tout moment en
cas d’intempérie.
St-Etienne de Tinée |
J’arrive à
Saint-Etienne de Tinée en milieu d’après-midi. Comme
j’ai envie
de commencer l’ascension du col, un homme me dit que
je peux
bivouaquer au village de Bousiéyas. Il y a un pré à l’entrée
du
hameau, et depuis plusieurs jours une horde de cerfs passe ses
soirées dans les pâtures, juste en face des maisons.
Arrivé là-haut, à
1800 mètres d’altitude, les cerf sont effectivement
présents, et
le pré m’attend pour la nuit, juste à côté d’un village en
mode hiver encore vide de ses habitants.
Bousiéyas |
Au soir tombant,
alors que je sors de la tente pour un ultime
besoin, les cerfs sont à
deux pas de mon campement. Ils restent
très méfiants, mais je peux
les observer à loisir.
Une fois rentré
dans mon logement spartiate, je m’endors
rapidement d’un sommeil
récupérateur. Les cerfs envoûtent mes
rêves. Je revois les jeux
des plus jeunes se faisant rabrouer par les
plus vieux ; à
l’écart, un cerf majestueux aux bois plus mâtures
hume l’air à
la recherche d’un prédateur. Puis la horde disparaît de
l’autre
côté de la rivière.
Soudain, au dessus
de mon campement, des jappements étouffés
suivis d’aboiements
glaçants déchirent la continuité de mon
assoupissement. Je tâte
d’une main gauche le téléphone. Deux
heures du matin. Dans la
nuit devenue oppressante, le bruissement
lointain du torrent et le
souffle léger du vent sur les parois de la
tente ne semblent plus
tout à fait naturels.
Mais tout cela était-il vraiment un
rêve ?
Dans ce concentré
de nature sauvage, l’homme réduit au rôle de
simple spectateur se
trouve parfois d’une ridicule petitesse.
Le lendemain matin,
les 900 mètres de dénivelé jusqu’au col de la
Bonette se font
sous les cris espiègles des marmottes.
Les dix derniers
kilomètres à 7 % de moyenne se grimpent plutôt
bien, même si
le manque d’oxygène se fait ressentir un peu au-delà
des 2500
mètres d’altitude.
Bonette en vue : impression agréable de pédaler dans le ciel |
En descendant vers
Barcelonnette, je jette un dernier regard sur la
Cime de la Bonette ;
mais je ne suis pas prêt d’oublier cette
merveilleuse ascension.