La
traversée des Vosges est entamée sous un beau soleil ; c’est tout de même
plus agréable ainsi.
Mais
Paulo ne l’entend pas de cette oreille. Dans le dernier virage qui mène au col
de la Charbonnière, sur une rampe un peu plus pentue, la transmission ne répond
plus ; pédaler en avant est aussi efficace que pédaler en arrière :
le corps de cassette est hors service. Ce qui rend le vélo aussi peu utilisable
qu’une trottinette.
Je
pousse donc mon chargement jusqu’au col. Et là, mauvaise surprise ; il me
reste encore 160 mètre de dénivelé pour arriver au sommet de la montagne.
C’est
donc bien éreinté que j’arrive au Champ du Feu, à 1100 mètres d’altitude, où un
petit peu de neige permet de faire un petit peu de luge.
Moi
aussi, je passe en mode luge jusqu’à la vallée ; tout schuss vers la gare
d’Obernai, qui est symbolisée sur ma carte par un petit rectangle. Un ter me
conduit en soirée à Strasbourg.
Le
camping situé pas très loin de la gare ne prend pas de campeurs l’hiver par
arrêté préfectoral ; ce qui fait bien sourire le cyclo-voyageur qui a
bivouaqué tout l’hiver( !). J’y récupère un plan de la ville, où l’auberge
de jeunesse matérialisée près du Rhin, à l’opposé de la gare donc, me laisse
pantois quant aux sept kilomètres de marche qui me restent encore à accomplir.
Mais le tram peu bondé à cette heure tardive acceptera Paulo.
Le
lendemain, je pars avec ma roue démontée arpenter les rues de la capitale
alsacienne en vue de dégotter un vélociste apte à la réparer.
L’entreprise
tourne vite à la déroute. Remplacer cette petite pièce de la transmission me
coûterait aussi cher que d’acheter une nouvelle roue. Je revis les mêmes scènes
qu’à Oslo, où on m’indique un nouvel endroit où on pourra assurément me changer
la pièce … peine perdue.
Je
finis par acheter une roue premier prix qui supportera j’espère mon chargement
jusqu’au bout.
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corps de cassette HS |
Passé
le centre médiéval, Strasbourg dégage le long des quais de grands espaces
commerciaux ou d’habitations réservés aux piétons que n’auraient peut être pas
renié Le Corbusier.
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une cathédrale incontournable |
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Petite France... |
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autour des quais, les grands espaces |
La neige revient pour le week-end ; je prolonge mon séjour, tout en sachant que je n’aurai pas de mal à trouver de quoi m’occuper dans cette agréable cité.
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Kehl, en Allemagne, de l'autre côté du Rhin |
Je
reprends à Obernai le trajet là où je l’avais quitté.
A
partir de Sarreguemines, j’arpente un paysage industriel inédit. Avant de
plonger vers Forbach, je devine côté allemand les rives de la Sarre.
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Sarreguemines |
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Forbach ; mairie |
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Freyming |
Je
longe la frontière le long des cités minières, puis m’élève sur le plateau
mosellan sous un 21 mars printanier.
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plateau mosellan |
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bivouac printanier en amont de Metz |
Mais
ce n’était qu’un leurre ; l’hiver m’accueille dès le lendemain matin, avec
vent glacial de face et neige fondue jusqu’à Metz.
La préfecture de la Moselle est un véritable musée à ciel ouvert qui m’occupe tout l’après-midi ; il y
en a pour tous les styles.
A
l’originale cathédrale Saint-Etienne répond de l’autre côté de la rivière la
place classique de la Comédie.
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cathédrale |
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place de la Comédie |
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temple protestant |
En
descendant la colline de Sainte-Croix vers la Seille, les vestiges des remparts
médiévaux mènent à l’emblématique Porte des Allemands.
Plus
au sud, le quartier impérial a été totalement reconstruit par les Allemands
entre 1871 et 1918 autour de l’imposante Gare Centrale et de l’avenue Foch.
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gare centrale et luminaires Stark |
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avenue Foch... |
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encore un autre style ; quartier de l'Arsenal |
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Lafayette et palais de Justice |
Je
remonte à nouveau plein nord, en empruntant quelques voies vertes, qui relient parfois entre elles villes ou cités minières.
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Joeuf, ville minière |
Je
tombe pendant six kilomètres sur la route du Luxembourg au trafic plutôt
intense ; c’est vendredi soir, et ça sent le travail transfrontalier.
Longwy
est marquée du sceau de Vauban. Au milieu de la place d’armes, un puits très
profond a été creusé pour permettre à la citadelle de tenir de très longs
sièges.
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hôtel de ville |
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place d'armes |
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cité Vauban ; porte de France |
Mais
face à l’invasion allemande de 1914, Longwy n’était depuis longtemps déjà plus
à la page pour repousser l’envahisseur.
Après
avoir descendu la vallée de la Chiers, je suis avec Paulo ce que fut la poussée
allemande jusqu’aux abords de Verdun.
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Cons-la-Grandville |
Les
premiers cimetières allemands me donnent un avant-goût du carnage.
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cimetière d'Azannes |
La
ligne de front m’apparaît soudain avec les villages d’Ornes ou Bezonvaux,
complètement anéantis sous la mitraille.
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Bezonvaux |
En
contournant le fort de Douaumont par le sud, j’entre dans les lignes
françaises. La résistance des Bleus pendant la terrible bataille de Verdun de
1916 se fit au prix d’abominables massacres, dont l’Ossuaire, nécropole
nationale, donne un macabre aperçu.
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fort de Douaumont |
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ossuaire... |
Plus
au sud, la tranchée des baïonnettes fut le témoin de l’anéantissement quasi
complet du 137ème RI de Fontenay-le-Comte.
Cent
ans plus tard, il ne reste en apparence plus rien du champ de bataille apocalyptique.
Une immense forêt replantée depuis a englouti toutes traces du sanglant
affrontement. Mares ou lacs ont remplis les trous creusés par les obus, et des
populations animales moins tapageuses ont envahi les lieux.
Reste
la mémoire. Et la conviction parfois frivole que promis, juré, on ne
recommencera plus.
Verdun,
bien que restée à trois kilomètres du front, ne fut pas épargnée par les
bombes. De nombreuses souscriptions, à l’étranger notamment, permirent sa
reconstruction.
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Verdun ; quai de Londres |
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cathédrale |
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Monts de Meuse depuis Verdun |
Je
quitte la Lorraine par l’Argonne, et remonte à nouveau le temps jusqu’en 1792,
quand Louis XVI cherchant à s’enfuir vers l’Autriche fut stoppé à Varennes.
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Argonne... |
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Varennes |
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beffroi Louis XVI |
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mémorial américain |
Je
ne fuis pas quant à moi les sans culottes, mais l’hiver que j’aimerais bien
semer définitivement. C’est le printemps, que diable !