Quand
je m’extraie de mon sac de couchage ce matin, le village d’Apremont, auprès
duquel j’avais posé la tente la veille sous une pluie continue, se dévoile
derrière une brume annonciatrice de beau temps.
Le
soleil prend peu à peu le pas sur la grisaille, et la lumière qui irradie soudain
l’Allier devient en quelques minutes d’une pureté inégalée.
|
Apremont |
|
Grossouvre : immeuble ouvrier du 19ème siècle |
Au
centre de Bourges, la cathédrale Saint-Etienne est un monumental édifice privé
de transept et large de cinq nefs.
Les
vitraux du 13ème siècle qui encerclent le chevet en sont un des
joyaux.
La
cité médiévale ne manque pas de charmes
|
place Gordaine |
César
en faisait déjà l’éloge : « une ville qui est la plus belle de toute
la Gaule et l’ornement de leur pays » ; cela ne l’empêchera pas de l’incendier.
Mais
le monument emblématique est le Palais Jacques Cœur, témoin de l’ascension
phénoménale de celui qu’on surnomma « l’argentier du roi ».
|
Jacques Coeur |
« De
tout ce que j’ai construit ou acquis, c’est le seul bâtiment avec lequel je me
sente en plein accord, comme s’il était une sorte de matérialisation de ma
personnalité et de ma vie.
Sa
division entre deux mondes, d’un côté l’ancien qui l’apparente à une demeure
seigneuriale,
de
l’autre un air d’Italie et déjà des raffinements orientaux
(…)
ceux qui continueront à le voir quand j’aurai disparu sauront quelle peut être
la force de l’esprit et prendront, je l’espère, leurs chimères au sérieux. »
Les
richesses qu’il accumula grâce à ses entreprises orientales lui valurent de
nombreuses inimitiés, la disgrâce de Charles VII, puis finalement la chute.
|
carte de l'empire commercial |
|
la galée, petit navire marchand en quête d'épices et produits exotiques |
Dans
« Le grand Cœur », Jean-Christophe Rufin revisite dans une envolée
romanesque le parcours de Jacques Cœur, en le faisant parler à la première
personne.
Le
portrait de Charles VII y est savoureux.
A
l’écart de l’enceinte médiévale, une zone marécageuse asséchée au fil du temps
est devenue aujourd’hui un lieu de promenade pour les Berruyers ; une
façon d’observer la cathédrale sous un autre angle.
|
marais de l'Yèvre et de la Voiselle |
Je
quitte le Berry par l’ouest,
|
château Charles VII de Mehun/Yèvre |
|
Vierzon, l'industrieuse ; beffroi gothique |
|
château de Valençay |
et
entre en Indre et Loire par le bien nommé village de Montrésor, avec son
château donné par Napoléon 3 à Xavier Branicki, un ami polonais.
Plus
loin, le donjon de Loches domine l’Indre.
La
collégiale Saint Ours, au curieux toit à quatre cônes, renferme le gisant d’Agnès
Sorel, un autre grand personnage qui gravita autour de Charles VII.
|
Loches |
|
collégiale St-Ours |
|
gisant Agnès Sorel |
La
relation que cette maîtresse du Roi entretient avec Jacques Cœur reste
mystérieuse ; Jean-Christophe Rufin l’explore avec beaucoup d’ingéniosité
dans son roman.
Je
poursuis sous la pluie la traversée de Tours, en sautant une à une les rivières
du bassin de la Loire : Indre, Cher, puis Loir.
|
Tours, jardin botanique |
|
centre historique |
|
Saint-Martin partageant son manteau |
Froid
et soleil m’accompagnent désormais le long de la véloroute du Loir jusqu’à La
Flèche.
|
Bueil-en-Touraine |
|
véloroute du Loir |
|
La Flèche, hôpital militaire |
|
La Flèche |
Après
Durtal, la forêt de Boudré m’offre un dernier bivouac, avant de glisser plein
sud vers Angers, dont l’imposant château domine la Maine, ce court cours qui
est en fait le débouché de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir.
Cette
confluence de trois rivières constitue en hiver l’une des plus grandes zones
humides de France.
|
Durtal |
|
forêt de Boudré |
|
la Mayenne, zone humide |
|
Angers, la Maine |
|
musée des Beaux-Arts |