mardi 9 novembre 2021

Sicilia

 




En longeant la côte depuis Messine jusqu’à Catane pendant cent kilomètres, les signes de la tempête qui y a sévi il y a trois jours ne sont plus visibles. Il ne reste plus que le sable volcanique balayé sur le bord de la route, et sur lequel je m’enlise un peu quand j’essaye d’échapper aux bolides.


Isla Bella


Catane, au pied de l’Etna, a maintes fois été détruite par les coulées de laves. Son visage actuel date de la fin du 17ème siècle.





J’y reste un jour et demi sous la pluie, et monte l’après-midi de la Toussaint au village touristique de Nicolosi situé sur le flanc sud du plus haut volcan actif d’Europe. C’est ici que commence véritablement l’ascension que j’entame par une matinée radieuse. La pente à 6-7% de moyenne est régulière pendant 18 kilomètres. Au sommet la route serpente en lacets au milieu d’une ancienne coulée de lave. Le décor est magnifique, avec les arbres jaunis par l’automne cernés par des blocs de roches magmatiques jaillis du ventre de la Terre ; Vulcain faisant la cour à Cybèle.






A 1910 mètres d’altitude, la route cesse la crapahute au Rifugio Sapienza. Un téléphérique permet d’accéder au-dessous du cratère de l’Etna, dont l’ascension finale à 3357m se fait à pied avec l’aide obligatoire d’un guide. Je me contente des petits cratères situés de part et d’autre de la route.



Je redescends plein est vers le village de Zaffatara, et contourne par le nord le Parc Régional du Mont Etna, où je trouve à bivouaquer dans un petit bois de chênes. J’ai en guise de sol pour planter la tente un splendide tapis de cendre volcanique sur lequel a poussé une pelouse ; la sensation de dormir sur un gravier très fin est plutôt agréable.



en contournant le Parc Naturel Régional de l'Etna... 

Linguaglossa






Au village de Troina, qui possède un magnifique patrimoine datant de l’occupation normande, je jette un dernier coup d’œil sur la silhouette massive de l’Etna, et pénètre vers le centre de l’île.

rivière Troina, avant la longue montée vers le village

Troina...


dernière vue de l'Etna


Les routes sinuent sans arrêt autour de hautes collines ratiboisées où les moutons s’en donnent à cœur joie. Je passe d’un village pittoresque à un autre au prix de nombreuses montées, mais sans que les pentes ne soient inabordables. Cette succession de gros faux plats montants et descendants est plutôt agréable.

Sicilia...





Trouver à camper dans un paysage aussi ouvert relève souvent de la gageure. Parti un matin du pied d’Enna, surnommée le « nombril de la Sicile », une longue étape me conduit en fin d’après-midi dans le vallon du Tumarrano sans que je puisse planter la tente. J’effectue la dure montée vers le village de San Giovanni que je traverse à la nuit tombée, et repère sur la carte électronique un parking situé hors la ville au départ de chemin de randonnées. Arrivé sur place à la lueur de mon faible éclairage, je me rends compte qu’il s’agit d’un belvédère où les habitants de San Giovanni se rendent pour se parler ou boire un verre. Comme l’orage gronde au loin, je plante malgré tout la tente sur le parvis du parking. C’est vendredi soir ; j’ai droit jusqu’à une heure du matin au concert depuis les autoradios de la jeunesse à tous les tubes italiens de l’été. Que la nuit fut courte !

parking du belvédère


Je poursuis ma route vers la côte ouest, avec en bande sonore les éternels aboiements des chiens de fermes ou des patous. Ils me voient arriver de loin, alors quand ça monte, la musique dure longtemps. Je prends ça pour des encouragements.


Sicilia...

Prizzi

Palazzo Adriano


Lago Garcia

dernière descente vers la mer


Le matin de la dernière étape vers la mer tyrrhénienne, il fait déjà 21° à 7h ; le temps est à l’orage, mais un sursis avant le déluge me permet de visiter Trapani sous un soleil radieux. Les petites maisons blanches de la zone portuaire sont magnifiques, ainsi que les ruelles du centre historique.









Je poursuis en soirée le long du Golfe de Bonagia, et trouve un superbe petit coin de verdure avec vue sur la mer pour passer la nuit ; de quoi me réconforter avec tous les bivouacs un peu hasardeux trouvés dans le centre de la Sicile.

Erice

Golfe de Bonagia...




Comme prévu, la dernière journée vers Palerme se fait sous la pluie. La route surplombe la mer en contournant les rivières sous forme de rias. Mais la météo est plus à l’orage méditerranéen qu’au crachin breton.

Castellamare del Golfo


Isola dela Femmine


J’croise à l’auberge Alain, un autre voyageur à vélo, avec qui je patiente une autre journée pluvieuse avant de prendre en soirée un ferry pour Naples. J’espère  échapper quelque temps au déluge…

Palerme, en filant vers le port


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