En longeant la côte depuis
Messine jusqu’à Catane pendant cent kilomètres, les signes de la tempête qui y
a sévi il y a trois jours ne sont plus visibles. Il ne reste plus que le sable
volcanique balayé sur le bord de la route, et sur lequel je m’enlise un peu
quand j’essaye d’échapper aux bolides.
|
Isla Bella |
Catane, au pied de l’Etna, a
maintes fois été détruite par les coulées de laves. Son visage actuel date de
la fin du 17ème siècle.
J’y reste un jour et demi sous la
pluie, et monte l’après-midi de la Toussaint au village touristique de Nicolosi
situé sur le flanc sud du plus haut volcan actif d’Europe. C’est ici que
commence véritablement l’ascension que j’entame par une matinée radieuse. La
pente à 6-7% de moyenne est régulière pendant 18 kilomètres. Au sommet la route
serpente en lacets au milieu d’une ancienne coulée de lave. Le décor est
magnifique, avec les arbres jaunis par l’automne cernés par des blocs de roches
magmatiques jaillis du ventre de la Terre ; Vulcain faisant la cour à
Cybèle.
A 1910 mètres d’altitude, la
route cesse la crapahute au Rifugio Sapienza. Un téléphérique permet d’accéder
au-dessous du cratère de l’Etna, dont l’ascension finale à 3357m se fait à pied
avec l’aide obligatoire d’un guide. Je me contente des petits cratères situés
de part et d’autre de la route.
Je redescends plein est vers le
village de Zaffatara, et contourne par le nord le Parc Régional du Mont Etna,
où je trouve à bivouaquer dans un petit bois de chênes. J’ai en guise de sol
pour planter la tente un splendide tapis de cendre volcanique sur lequel a
poussé une pelouse ; la sensation de dormir sur un gravier très fin est
plutôt agréable.
en contournant le Parc Naturel Régional de l'Etna...
|
Linguaglossa |
Au village de Troina, qui possède
un magnifique patrimoine datant de l’occupation normande, je jette un dernier
coup d’œil sur la silhouette massive de l’Etna, et pénètre vers le centre de
l’île.
|
rivière Troina, avant la longue montée vers le village |
|
Troina... |
|
dernière vue de l'Etna |
Les routes sinuent sans arrêt
autour de hautes collines ratiboisées où les moutons s’en donnent à cœur joie.
Je passe d’un village pittoresque à un autre au prix de nombreuses montées,
mais sans que les pentes ne soient inabordables. Cette succession de gros faux
plats montants et descendants est plutôt agréable.
|
Sicilia... |
Trouver à camper dans un paysage
aussi ouvert relève souvent de la gageure. Parti un matin du pied d’Enna,
surnommée le « nombril de la Sicile », une longue étape me conduit en
fin d’après-midi dans le vallon du Tumarrano sans que je puisse planter la
tente. J’effectue la dure montée vers le village de San Giovanni que je
traverse à la nuit tombée, et repère sur la carte électronique un parking situé
hors la ville au départ de chemin de randonnées. Arrivé sur place à la lueur de
mon faible éclairage, je me rends compte qu’il s’agit d’un belvédère où les
habitants de San Giovanni se rendent pour se parler ou boire un verre. Comme
l’orage gronde au loin, je plante malgré tout la tente sur le parvis du
parking. C’est vendredi soir ; j’ai droit jusqu’à une heure du matin au
concert depuis les autoradios de la jeunesse à tous les tubes italiens de
l’été. Que la nuit fut courte !
|
parking du belvédère |
Je poursuis ma route vers la côte
ouest, avec en bande sonore les éternels aboiements des chiens de fermes ou des
patous. Ils me voient arriver de loin, alors quand ça monte, la musique dure
longtemps. Je prends ça pour des encouragements.
|
Sicilia... |
|
Prizzi |
|
Palazzo Adriano |
|
Lago Garcia |
|
dernière descente vers la mer |
Le matin de la dernière étape vers la mer tyrrhénienne, il fait déjà 21° à 7h ; le temps est à l’orage, mais un sursis avant le déluge me permet de visiter Trapani sous un soleil radieux. Les petites maisons blanches de la zone portuaire sont magnifiques, ainsi que les ruelles du centre historique.
Je poursuis en soirée le long du
Golfe de Bonagia, et trouve un superbe petit coin de verdure avec vue sur la
mer pour passer la nuit ; de quoi me réconforter avec tous les bivouacs un
peu hasardeux trouvés dans le centre de la Sicile.
|
Erice |
|
Golfe de Bonagia... |
Comme prévu, la dernière journée
vers Palerme se fait sous la pluie. La route surplombe la mer en contournant
les rivières sous forme de rias. Mais la météo est plus à l’orage méditerranéen
qu’au crachin breton.
|
Castellamare del Golfo |
|
Isola dela Femmine |
J’croise à l’auberge Alain, un
autre voyageur à vélo, avec qui je patiente une autre journée pluvieuse avant
de prendre en soirée un ferry pour Naples. J’espère échapper quelque temps au déluge…
|
Palerme, en filant vers le port |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.