lundi 5 octobre 2020

des charolaises aux montbéliardes

 

Je quitte le Puy de Dôme en suivant les gorges de la Sioule à partir de Châteauneuf-les-Bains, et suis le cours de la rivière très prisée par les pêcheurs jusqu’à Saint-Pourçain. Le beffroi juxtaposé au clocher de l’église est la carte postale de la ville.

bivouac au bord de la Sioule

village pittoresque de Charroux...


Saint-Pourçain-sur-Sioule


Le paysage évolue en même temps que la teinte des vaches. Les basses collines de Saône-et-Loire aux côtes arrondies succèdent aux montées plus sèches du Massif Central, et la couleur brune de la Salers se dilue peu à peu vers la blancheur de la Charolaise.


église romane de Neuilly-en-Donjon : tympan remarquable

canal Digoin-Roanne


Je voulais de la fraîcheur, je suis servi. Un automne presque hivernal s’installe sans prévenir. A la chute soudaine des températures succède un épisode pluvieux glaçant. Je temporise deux jours à Mâcon, et visite le musée des Ursulines, dont une salle entière est consacrée au poète et homme politique de la IIème République, Alphonse de Lamartine.

Solutré

Mâcon ... musée des Ursulines

cathédrale Vieux-Saint-Vincent

cathédrale "napoléonienne"

Lamartine, l'enfant du pays



La voie verte qui longe la Saône s’appelle voie bleue, ce qui est de circonstance avec le retour du soleil.



Je tourne bientôt plein est, en traversant le nord de l’Ain par la haute Bresse, puis dès que j’entre dans le Jura, la route s’élève.

St-Trivier de Courtes, en Bresse

ancienne carronnière, fabrique de tuiles et de briques

un Paulo vaut bien une Smart


Ça ne monte jamais très haut, mais la D3 qui sinue dans cette « petite montagne » est une bonne entrée en matière. La journée s’arrête en contrehaut du lac de Vouglans, avec le lendemain matin un lever de soleil dans le brouillard.

à Saint-Amour, la D3 prend vite de la hauteur

lac de Vouglans (rivière de l'Ain) au soir...


et au matin


La brume me poursuit tout le long de ma remontée de l’Ain, puis se disperse franchement après Champagnole.

Je crapahute dans la forêt de la Joux, en suivant l’itinéraire balisé de la « route des sapins », dont on comprend très vite la raison de son surnom.




Les descentes succèdent aux montées, toujours très sèches, et les quelques belvédères qui se dégagent de façon sporadique laissent des vues splendides sur les lointaines montagnes.


un massif forestier de plus de 10 000 ha


Je respire sur ces demi-routes jurassiennes un air pur et sauvage enivrant. Ce massif forestier, étendu comme la ville de Paris, m’occupe tout l’après-midi pendant plus de 35 kilomètres. Si les parents terribles de Cocteau avaient un jour quitter la roulotte, ils auraient certainement dit de cette forêt : 

-          « elle est in – croy – able »


Les prés bocagers remplacent peu à peu les bois. La Montbéliarde, productrice du comté, est omniprésente. Sa robe blanche tâchée de brun est un mix entre la Salers et la Charolaise.



Je passe en soirée les villages franc-comtois de Gevresin et Déservillers. Je suis déjà dans le Doubs, et n’ai plus qu’à descendre jusqu’à Cléron pour trouver à dormir au bord d’une voie verte.

Gevresin

Déservillers

Cléron


Besançon n’est plus qu’à trente kilomètres. Depuis le camping, le tramway me dépose au parc Micaud, à partir duquel je visite l’hyper-centre sous la pluie, autour du musée des Beaux-Arts et du Pont Battant.

parc Micaud ; séquoia géant


musée des Beaux-Arts

Pont Battant


Le quartier autour de la synagogue qui monte vers la gare est animé.

synagogue


En revenant dans la Boucle du Doubs, la rue piétonne qui mène à la Citadelle passe devant la maison natale de Victor Hugo. Le musée qui s’y est installé depuis peu retrace l’engagement politique et humain du grand écrivain.

palais Granvelle ; musée du Temps

Conservatoire


Doubs ; Conservatoire ; citadelle


maison Victor Hugo




Son combat pour l’abolition de la peine de la mort ne fut mené à terme en France qu’un siècle et demi plus tard. Au magistrat (et plus généralement à la société) qui envoyait un homme à l’échafaud, il disait : « que voulez-vous enseigner avec votre exemple ? Qu’il ne faut pas tuer. Et comment enseignez-vous qu’il ne faut pas tuer ? En tuant. »

Il n’est pas sûr, si l’on refaisait en France un débat sur ce sujet sanctionné par un référendum, que la peine de mort ne soit pas rétablie. Il y a des textes comme le « Dernier jour d’un condamné » (1832) de Victor Hugo qu’on devrait lire et ne plus oublier.

 

Le temps, très pluvieux, ne favorise pas le cyclotourisme. Il permet par contre que les restrictions d’eau qui sévissaient dans le Doubs soient levées.

Les forêts de l’Est ne sont pas sauvées pour autant. Le stress hydrique qu’elles subissent depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, est pour certaines essences irrémédiable. Nombre de hêtres, frênes, pins noirs, séquoias, pins sylvestres, sont touchés par la maladie, et devront être abattus.

En milieu urbain aussi, et à Besançon notamment, les parcs et jardins ont souffert. Des essences mexicaines et nord-américaines sont sérieusement envisagées pour remplacer érables, résineux et bouleaux.

Un long travail se prépare, dans le pays entier, pour accompagner les arbres dans la lutte contre le changement climatique.

 

Pour ma part, il n’est plus temps de temporiser. Je me plais bien dans le Doubs, mais il me faut retourner affronter les éléments…


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