Je
quitte Paris par le Val-de-Marne puis les Hauts-de-Seine.
avec Anne-Laure et Yohann à Paris |
Le
domaine de Sceaux est un lieu idéal de promenade, tout comme la vallée des
loups, où Chateaubriand y fit édifier une belle demeure.
Chevilly-Larue (Val-de-Marne) |
domaine de Sceaux... |
vallée des loups : maison de Chateaubriand |
Je
cherche un lieu où bivouaquer autour de la base de loisirs de
Saint-Quentin-en-Yvelines, ville départ du Paris-Brest-Paris.
Mais
il y a foule en ce dimanche. En regardant la carte, je m’aperçois que le lieu
où j’ai bivouaqué en entrant en Île-de-France n’est pas très loin. Je me rends
donc en soirée à Septeuil où mon campement d’il y a une semaine m’attend de
nouveau.
Yvelines |
Lundi,
7h.
La
première matinée de ce Paris-Brest est plutôt tranquille. Les longues lignes
droites de l’Eure au sud d’Evreux me mènent à midi à l’Aigle, dans l’Orne.
La
route prend du relief. Je gagne Sées, au pied de la forêt d’Ecouves, dans
l’après-midi.
forêt d'Ecouves |
Je
poursuis en Mayenne en soirée dans ce massif armoricain jamais plat.
La
nuit tombe sans que la fatigue ne se fasse sentir. Les lapins qui bondissent
sur les routes de cette campagne crépusculaire ont peine à réaliser l’intrusion
de ce cycliste clignotant dans leur univers ; ils s’échappent parfois au
dernier moment, encore incrédules.
La
lune est dans l’ombre de la terre. Nuit d’encre. Mon éclairage imparfait est
comme une bougie dans les abysses.
Devant
moi des griffes courent sur l’asphalte. Je les rattrape. C’est un blaireau, qui
voyant que je vais le dépasser, oblique à droite dans les champs.
C’est
la première fois que j’en vois un vivant. Ils gisent d’habitude dans le fossé,
victimes de la vitesse. Celui-ci a gagné une vie.
Lundi,
23h.
Pause
dîner dans un village sombre. Seule la terrasse d’un restaurant est éclairée.
Pas de cuistots ni serveurs. Je suis le maître des casseroles. Et le client
n’est pas difficile.
Je
reprends la course dans les ténèbres. Rouler dans l’obscurité totale est au
début plutôt amusant, mais les côtes finissent par être plus longues quand on
en voit pas le bout. A 2h je m’arrête, vaincu par la nuit et le sommeil.
J’ai
traîné ma machine plombée sur près de 240 kilomètres ; un record à ce
jour.
Mardi,
réveil à 8h.
J’entre
en Bretagne à Fougères. Il ne me reste plus qu’à la traverser d’est en ouest.
Une
paille.
Je
passe à Combourg devant le manoir où vécut enfant Chateaubriand.
J’y
récupère un vent de face ; un vent d’ouest ; un vent de pays.
Journée
estivale. Chaque ruisseau, chaque bois, chaque vallée, qui apparaît au détour
de ce bocage accidenté, invite à la pause.
Mais
je suis maintenu par le raid sur le vélo, obnubilé par l’idée saugrenue de rejoindre
Brest le plus vite possible.
Je
m’endors à la nuit tombée un peu avant Moncontour.
Mercredi,
départ à l’aube.
Dernière
journée. Brest n’est plus qu’à 190 kilomètres. Je continue ma chevauchée sans
pauses superflues. Pas de visites. Pas de photos. Pas de détours.
Ce
voyage de Paris à Brest est une épure.
Bretagne |
Je
vais à l’essentiel. La route et seulement la route.
Les
cuisses sont en surchauffe. Les premiers coups de pédales en bas de chaque
montée tétanisent les muscles.
Les
Monts d’Arrée sont l’ultime épreuve.
Descente
sur Landivisiau, puis longer l’Elorn.
Mais
après Landerneau, ça remonte encore.
Les
boulevards de Brest à 21h, et des côtes qui n’en finissent pas.
L’avenue
de Siam.
Recouvrance.
Délivrance.
pont de Recouvrance |
Alors
que je quitte Brest en quête d’un hypothétique bivouac, un homme m’invite à
camper dans son jardin. L’offre est bienvenue ; je suis cuit.
Après
une douche bien chaude, j’entre dans la cuisine, où toute la longueur de la
pièce est occupée par un rameur en contreplaqué ; destiné au cabotage, mon
hôte y installe un mât pour progresser plus facilement en cas de vent.
Ce
marin accompli, ancien officier de sous-marin, m’a préparé un plat de
pâtes ; il connaît les besoins du voyageur harassé.
bivouac au jardin |
Le
lendemain, après une vraie nuit de sommeil, je longe la rade de Brest,
le téléphérique enjambant la Penfeld était en maintenance |
tour Tanguy |
plage du Moulin blanc |
rade de Brest |
et
repasse par Landerneau, en mode visite cette fois-ci. Avant la construction de
l’Arsenal entreprise sous Louis XIII, les bateaux remontaient le cours de
l’Elorn jusqu’à Landerneau, où le moulin
occupé par des moines hollandais servait de dépôt des marchandises moyennant un
droit de douane.
moulin sur l'Elorn, toujours habité |
église de Landerneau |
Je
poursuis mon chemin de retour dans cette Bretagne intérieure que je prends
plaisir à découvrir.
Sizun ; un enclos paroissial remarquable |
un arrêt pour la nuit au lac du Drennec |
Roc Trévezel, et montagne St-Michel dans le lointain |
Huelgoat |
rivière Argent ; mare aux sangliers |
vallée du Scorff... |
Puis
je plonge plein sud vers la côte. Un ferry me conduit à Groix, que j’arpente
par de belles petites routes à vélo.
Port Tudy |
Quelhuit |
Pen-Men |
Trou de Tonnerre |
Port-Nicholas |
Au
nord-est de l’île, la plage de sable blanc des Grands-Sables, de forme concave,
est unique en Europe.
Je
franchis le Blavet à Lorient, et arrive à Etel.
ria de Lorient |
le Blavet |
J’y retrouve Marion, après
l’avoir quitté en mars 2015 au sémaphore de Quiberon.
Le
Cross d’Etel gère la surveillance de tout le littoral, depuis la Bretagne du
sud, jusqu’à la côte basque.
Depuis
le naufrage du Titanic il y a un siècle, les mers et océans du globe ont été
progressivement découpés en zones, au centre desquelles un Cross est chargé de
mettre en place tous les moyens de secours pour aider les navires en perdition.
Le
centre opérationnel d’Etel devient très actif à l’arrivée des beaux jours. Aux
tracas mécaniques ou aux blessures physiques subis par les marins-pêcheurs,
viennent s’ajouter tous les déboires que peuvent subir les plaisanciers,
expérimentés ou non.
Peu
d’interventions à se mettre sous la dent lors de mon passage, si ce n’est une
panne moteur au large des Charentes.
Mais
l’été arrive, où parfois plusieurs opérations de sauvetage devront être prises
en charge en même temps par une seule personne…
La Roche-Bernard |
Brière |
la dernière "bosse" ; pont de Saint-Nazaire |
En rejoignant la Vendée par la Brière, j’achève un tour de France d’hiver commencé à l’automne 2017.
En
calquant ce trajet sur celui effectué entre 2015 et 2016, soit un tour de
France « à l’endroit », je
termine une double boucle autour de l’Hexagone qui m’a fait passé par tous les
départements de France métropolitaine, Corse comprise. Soit un périple de plus de 20 000 kilomètres.
Ce
voyage de trois ans, entrecoupé de pauses travail, m’a permis d’appréhender les
facettes d’un pays que je connaissais finalement assez mal.
Le
choix très nombreux des petites routes où faire évoluer ma monture me
convainc d’une chose : je pourrais facilement refaire deux tours de
France sans emprunter les mêmes itinéraires !
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