Entre
La Quiaca et Villazon, l’ancienne voie ferrée est le théâtre d’une procession
permanente de transporteurs pédestres de marchandises. Ce sont des Boliviens
qui importent des produits bon marché argentins pour qu’ils soient revendus
dans leur pays. Chaque cargaison leur rapporte environ 10 bolivianos (1 euro).
Et comme pour eux la frontière ferme à midi, ils courrent charriot vide dans
les rues de La Quiaca en quête de marchandise afin de faire le maximum de
passage ; les zones frontières occasionnent souvent quelques trafics
avantageux.
Villazon
est plus grande que sa voisine argentine. J’y échange mes derniers pesos
argentins contre des bolivianos. Le cours des deux monnaies est quasiment
identique. La conversion n’en sera que plus facile à faire.
En
longeant quelque temps un canyon, je retrouve un paysage un peu similaire à la
Quebrada de Humahuaca, avec de petits villages aux maisons d’adobe sur les
flancs des montagnes.
Tupiza
est ma première ville bolivienne.
Agréable bien que venteuse, j’y prends mon
premier repas auprès des vendeuses de rue qui proposent empanadas ou autres
galettes de maïs pour quelques centimes d’euros. Un régal.
Pas
de grande distribution ici, mais des marchés couverts où les pneus de vélo font
face aux pâtes ou épices et les vendeurs de chaussures aux marchands de fruits
… bien loin des malls des grandes villes.
Tupiza,
c’est aussi une base de départ de plus en plus courue pour aller explorer le
désert du Lipez et le salar d’Uyuni en 4/4. C’est pourquoi j’y croise Flavien,
quasi Vendéen, accompagné de Cécilia, son hôte couchsurfeuse, qui partent le
lendemain faire l’excursion de 3-4 jours.
Je
reprends quant à moi la route vers le nord, en montant toute la matinée pour
m’extraire de la cuvette où s’est nichée Tupiza, et en descendant l’après-midi
jusqu’à Cotagaita où je fais étape. Je suis cette fois-ci le seul occidental à
déambuler dans les rues de ce grand village où je m’approvisionne en
victuailles à la feria du dimanche matin avant de reprendre la route vers
Potosi.
descente vers Cotagaita
j'ai l'impression de me voir laver mon linge
Cotagaita
La
circulation est peu importante, et le cadre est plutôt bien agréable. L’étape
est cependant casse-pattes, à l’image de cette côte de 7 kilomètres après le
village de Tumusla.
Vitichi
Ma
carte indiquait un chemin de terre. Mais comme en Argentine ou au Chili, les
ouvriers sont à l’oeuvre pour bitumer les pistes.
Je
gagne le lundi midi un petit village après une longue montée le long d’une
vallée. Au premier petit restaurant, je demande si je peux voir la retransmission du match de l’équipe de France. Impossible. Pas d’antenne. Qu’à cela ne tienne. On m’envoie dans la maison d’à
côté, où sont assis devant un écran plat quatre ouvriers en train de manger.
-
¿ Ola, estoy francés, yo puedo ver al
partido ?
Bon,
mon entrée ne fait pas un tabac. Je m’installe tranquillement dans un coin.
Les
Boliviens réagissent plus vivement aux occasions des Nigérians qu’à celle des
Français. Mais l’ambiance reste très feutrée.
A
la mi-temps, je retourne manger au restaurant. Pour 1,5 euros, j’ai droit à une
soupe bien garnie et un plat de poulet au riz tout aussi copieux, le tout servi
en 20 minutes. Ce qui me permet de ne rien perdre du match, et de savourer en
silence la victoire des Bleus. Seul le Grand Schtroumph jubile dans la sacoche.
J’attaque
à 14 heures la fin de l’étape. Une montée plutôt raide de 14 kilomètres me mène
au sommet du plateau.
Un
routier semble y observer une scène de loin. C’est en descendant que je tombe
sur ce qui semble être une grève de mineurs, qui bloque le trafic, mais qui
heureusement se termine. Je me faufile entre les cars et les voitures pour m’extraire
au plus vite de ce plateau devenu glacial une fois le soleil caché.
Mais
j’ai bien du mal à en voir le bout. On est ici à bien plus de 4000 mètres d’altitude,
et les efforts consentis sur ces dernières montées en faux-plats interminables
me coupent littéralement le souffle. J’atteints le bord du plateau à la nuit
tombée et plonge vers Potosi où je m’arrête au premier petit hostel transi et
complètememt exténué.
La
première nuit ne fut pas réparatrice. Au coup de froid et aux difficultés à
respirer s’ajoutent une sorte d’indigestion. Je reste donc quasiment deux jours
tel un zombie à tenter de récupérer de cette arrivée nocturne fracassante.
Potosi
est une grande ville agréable autour de ses ruelles bordées de nombreux
édifices coloniaux.
J'y reste quatre jours, et en profite pour faire quelques visites, dont celle de la cathédrale, avec un
guide bolivien plutôt amusant, qui me tape dans la main chaque fois que je lui
donne une bonne réponse.
Au
sommet de la tour la vue sur le Cerro Rico est imprenable. Cette montagne
rendit fous les Espagnols devant les richesses qu’elle contenait. Elle est
aujourd’hui le lieu de travail de nombreux mineurs aux conditions de vie
difficiles.
C’est
par cette montagne que je suis arrivé ; j’espère que le retour
sur le vélo ne
sera pas trop douloureux…
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