Trouver
la route d’Uyuni dans les rues pentues de Potosi n’est pas simple. J’ai beau
avoir cherché l’itinéraire sur le web, la réalité sur le terrain est bien
différente, surtout quand l’avenue qui doit m’y mener est en travaux: Après
plusieurs demandes, où chacun n’est pas forcément du même avis, je finis par
trouver un panneau directionnel alors que je suis quasiment sorti de la ville.
Depuis
mon arrivée nocturne à Potosi, j’ai changé mon plan de route. Je ne descends
plus vers Santa Cruz et le Chaco à l’est du pays. Je préfère rester en hauteur,
et prends la route du salar, que je comptais visiter en dernier.
C’est
la route 5 qui m’y emmène, récemment bitumée.
L’itinéraire
qui reste autour des 4000 mètres n’est pas plat. C’est une succession de up and
down avec quelques passages au bord de plateaux où règne un élevage extensif de
moutons et de lamas.
Les
paysages variés surprennent cependant à ces altitudes, avec de nombreuses
vallées presque riantes qui s’insèrent entre des crêtes plus désertiques.
Je
découpe les 210 kilomètres entre Potosi et Uyuni en trois étapes, et m’arrête
la nuit dans les villages où les logements à deux euros me dissuadent de monter
la tente dans le froid.
Une
pièce sert de dortoir ; pas d’eau ni toilettes : le confort n’y est pas
toujours de mise dans ces endroits reculés.
Mais
de nombreux travaux sont en cours, avec l’aide parfois de l’Union européenne,
pour y faire venir par exemple l’eau de façon permanente ; la Bolivie est un
pays en pleine construction.
A
Tica Tica, les habitants principalement éleveurs sont descendants de peuples
indiens d’avant la conquête. Je loge dans une pièce en adobe avec toit isolé
grâce à de la paille qui me préserve bien des températures négatives.
La
dernière étape est on ne peut plus froide. L’eau du bidon gelée de la nuit sera
encore glacée à midi malgré le soleil.
Les
premiers kilomètres sont en faux-plats mais le vent de nord-ouest me fait face
toute la journée et se renforce lors de la montée interminable sur le bord du
plateau vers Pulacayo.
Je
n’avais pas prévu d’y faire étape, mais lorsque le sympathique retraité qui
garde l’entrée du musée me propose de m’installer pour la nuit dans le petit
bureau de l’accueil, je ne me fais pas prier.
Pulacayo
est une ancienne ville minière qui connut son apogée au milieu du 20ème siècle.
5000 mineurs y travaillaient, ce qui avec femmes et enfants formait une ville
de 20 000 habitants. Les 300 habitants actuels et les nombreuses maisons
abandonnées ne sont plus que les fantômes d’une époque révolue, où la ligne de
chemin de fer permettait le transport de toutes ces richesses vers le port
chilien d’Antofagasta.
Octavio me montre un cahier où sont inscrits les noms des ingénieurs des annés
1900, que l’on recrutait d’Italie, de Yougoslavie ou des Etats-Unis, avec un
salaire conséquent.
Des
ateliers de transformation du fer où il travaillait existaient aussi, et
je sens dans la façon dont il me raconte sa vie passée la nostalgie d’un temps
oublié.
l'atelier de métallurgie |
Le
lendemain matin, je débute la visite du village à ses côtés.
Les
trains d’origine nord-américaine laissés en l’état…
…
celui-ci fut attaqué par Butch Cassidy, qui après s’être rangé du banditisme à
Cholilla, en Argentine, est venu reprendre du service en Bolivie … pour y
trouver la mort.
L’entrée
de la mine, qui n’est aujourd’hui gérée que sous forme de coopérative, accueille
chaque jour à peine 10 ouvriers.
Je
poursuis seul dans les rues quasi désertes du pueblo, véritable musée à ciel
ouvert, où on à peine à imaginer la vie trépidente qu’il y régnait il y a
seulememt quelques années.
cette maison fut aménagée en bowling pour les ingénieurs étrangers |
un cinéma, qui connut des heures glorieuses |
une rue abandonnée |
Le
tourisme risque de redonner vie à Pulacayo, situé à seulement 20 kilomètres d’Uyuni,
que je gagne rapidememt à midi après une petite descente avec vue sur l’immense
désert de sel, objet d'une prochaine étape…
Uyuni, au pied du salar... |
... où le Dakar fit étape en début d'année |
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