La
route n°9 de Salta à San Salvador de Jujuy longue d'à peine 100
kilomètres est un régal de cyclotouriste : route étroite et
sinueuse quasiment sans circulation serpentant dans un décor très
vert et surplombant un lac de barrage, je me serais cru sur les
petites routes du Livradois.
dernière image de Salta : el Cabildo
paysages de la ruta 9
J'arrive
à Jujuy à temps pour voir le premier match de l'équipe de France :
j'en aurai toujours vu au moins un.
Le
soir, c'est place à l'Argentine. Jujuy n'est malheureusement pas la
ville la plus fêtarde du pays. Pas d'effervescence le soir dans la
rue.
cathédrale de Jujuy
Sur
la route le lendemain j'arrête ce couple qui descend de la
montagne ; ça faisait un bail que je n'avais pas croisé de
cyclistes !
Ils
me disent bonjour en français, car eux des cyclistes ils en ont
croisé un paquet en Bolivie, et en majorité des Français, alors
ils ne sont pas étonnés de ma présence.
Deux
jeunes Lyonnais partis depuis Rio et qui terminent leur périple à
Mendoza. L'occasion de glaner quelques infos sur la Bolivie, qu'ils
ont arpentée pendant un mois, avant d'entamer l'ascension vers la
Quiaca.
A une dizaine de kilomètres de Humahuanca, les quelques maisons du village de Coctaca sont entourées au milieu des cactus des plus grandes ruines précolombiennes de la région. Pas de reconstitution cependant ; il ne reste plus qu’au promeneur solitaire de laisser parler son imagination…
Je reprends le cours de la Quebrada avec un paysage plus sauvage, et bascule à plus de 3700 mètres d’altitude sur les hauts plateaux recouverts d’une pampa.
Après
les lamas,
je croise la troisième des quatres espèces de camélidés du continent, la vigogne, plus gracieuse et menue que le guanaco, et qui comme lui n’est pas domestiquée.
J’entre bientôt en
Bolivie, où il me faudra trouver bien vite de nouveaux repères. Les conditions
d’accès au net risquent aussi de changer, rendant la publication peut-être plus difficile...
Je
trimbale depuis Salta un rhume qui n'est pas l'idéal pour aller
affronter l'altitude, le vent et le froid.
Je
temporise donc un peu, ce qui n'est pas plus mal, vu que j'entre
rapidement dans la Quebrada de Humahuaca, classée au patrimoine de
l'Humanité.
A
2000 mètres d'altitude, les premiers villages aux maisons en pierre
ou en pisé adossées à la montagne ne manquent pas de charme, avec
leurs cimetières nichés sur les plus hautes collines pour que les
âmes des défunts gagnent plus facilement les cieux.
Je
fais un détour de 3 kilomètres vers Purmamarca, pour admirer son
église du 17ème siècle
et
sa montagne aux sept couleurs, où chaque teinte annonce un âge
différent
Un
peu plus loin, le village de Maimara est lui aussi adossé aux monts
multicolores.
Tilcara
est la prochaine étape. Le village actuel est situé en contrebas de
la Pucara, forteresse précolombienne reconstituée (Pukara signifie
forteresse en Queshua).
Les
Tilcaras étaient bergers et agriculteurs, et se sont sédentarisés
autour de l'an 1000 ; la position en hauteur du village
permettait de défendre plus facilement leurs terres, mais l'invasion
inca puis espagnole eurent raison de la forteresse.
Les
archéologues Ambrosetti et Debenedetti mirent à jour le site en
1908, et le monument construit après leur mort en 1935 au sommet de
la colline leur est dédié. Il ne s'agit donc pas d'un bâtiment cultuel.
Je
profite des petites boutiques d'artisanat pour acheter gants et
chaussettes de laine pour passer l'hiver.
J'ai
beau franchir le tropique du Capricorne, la haute altitude rendent
les températures nocturnes de plus en plus fraîches.
Passé
le village d'Uquia et le magnifique retable de sa petite église
j'arrive à Humahuaca, le village le plus important de la Quebrada, à
presque 3000 mètres d'altitude, où je me pose deux jours pour
m'acclimater et tenter de me débarrasser du rhume.
A une dizaine de kilomètres de Humahuanca, les quelques maisons du village de Coctaca sont entourées au milieu des cactus des plus grandes ruines précolombiennes de la région. Pas de reconstitution cependant ; il ne reste plus qu’au promeneur solitaire de laisser parler son imagination…
Je reprends le cours de la Quebrada avec un paysage plus sauvage, et bascule à plus de 3700 mètres d’altitude sur les hauts plateaux recouverts d’une pampa.
je croise la troisième des quatres espèces de camélidés du continent, la vigogne, plus gracieuse et menue que le guanaco, et qui comme lui n’est pas domestiquée.
La
frontière bolivienne n’est qu'à 75 kilomètres d'Abra Pampa. Mais je fais un
détour par la route 7 en direction de la laguna de Pozuelos.
La
piste de terre, qui propose quelques passages de tôle ondulée, monte
progressivement dans la montagne pendant 35 kilomètres, et passe à plus de 4100
mètres d’altitude au pied du Cerro Condor.
S’ensuit
une descente de 15 kilomètres jusqu a l’entrée du parc, où les gardiens
m’autorisent à planter la tente dans une petite cour intérieure à l’abri du
vent.
Je
gagne en light le bord du lac par un chemin de 7 kilomètres, et reste à
observer quelques temps vigognes et flamants roses qui ont élu domicile dans ce
lieu tranquille et encore peu visité.
La
nuit fut fraîche. L’eau des bidons est congelée. Le gardien m’annonce -10
degrés. Et des températures qui peuvent descendre jusqu’à -30. Mon duvet
annonce -5 en température de confort, et -29 en température extrême : ça devrait
le faire…
J’effectue
dans cette Puna (plaine d’altitude) mes derniers kilomètres en Argentine. Le
village de Yoscaba, avec ses maisons en adobe quasi désertes, ressemble à un
pueblo mexicain que je dérange à l’heure de la sieste. Un chien aboie ; une
porte s’ouvre puis se referme aussitôt ; une autre claque sans arrêt sous l’action
du vent … intemporalité.
Je
rejoins pour le final la route 40 qui après un dernier passage en cuesta termine
sa course folle à La Quiaca.
Une
page se tourne. Adios Argentina. Je ne suis pas près d’oublier ses paysages
grandioses, et l’accueil de ses habitants, à l’image de Juan Carlos qui ici à
La Quiaca donnera quelques coups de neuf à Paulo à moindre coût.
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