mercredi 25 juin 2014

Hasta Luego, Argentina !

La route n°9 de Salta à San Salvador de Jujuy longue d'à peine 100 kilomètres est un régal de cyclotouriste : route étroite et sinueuse quasiment sans circulation serpentant dans un décor très vert et surplombant un lac de barrage, je me serais cru sur les petites routes du Livradois. 

dernière image de Salta : el Cabildo

 paysages de la ruta 9

J'arrive à Jujuy à temps pour voir le premier match de l'équipe de France : j'en aurai toujours vu au moins un.
Le soir, c'est place à l'Argentine. Jujuy n'est malheureusement pas la ville la plus fêtarde du pays. Pas d'effervescence le soir dans la rue.


 cathédrale de Jujuy

Sur la route le lendemain j'arrête ce couple qui descend de la montagne ; ça faisait un bail que je n'avais pas croisé de cyclistes !
Ils me disent bonjour en français, car eux des cyclistes ils en ont croisé un paquet en Bolivie, et en majorité des Français, alors ils ne sont pas étonnés de ma présence.


Deux jeunes Lyonnais partis depuis Rio et qui terminent leur périple à Mendoza. L'occasion de glaner quelques infos sur la Bolivie, qu'ils ont arpentée pendant un mois, avant d'entamer l'ascension vers la Quiaca.

Je trimbale depuis Salta un rhume qui n'est pas l'idéal pour aller affronter l'altitude, le vent et le froid.
Je temporise donc un peu, ce qui n'est pas plus mal, vu que j'entre rapidement dans la Quebrada de Humahuaca, classée au patrimoine de l'Humanité.
A 2000 mètres d'altitude, les premiers villages aux maisons en pierre ou en pisé adossées à la montagne ne manquent pas de charme, avec leurs cimetières nichés sur les plus hautes collines pour que les âmes des défunts gagnent plus facilement les cieux.



Je fais un détour de 3 kilomètres vers Purmamarca, pour admirer son église du 17ème siècle




et sa montagne aux sept couleurs, où chaque teinte annonce un âge différent




Un peu plus loin, le village de Maimara est lui aussi adossé aux monts multicolores.


Tilcara est la prochaine étape. Le village actuel est situé en contrebas de la Pucara, forteresse précolombienne reconstituée (Pukara signifie forteresse en Queshua).




Les Tilcaras étaient bergers et agriculteurs, et se sont sédentarisés autour de l'an 1000 ; la position en hauteur du village permettait de défendre plus facilement leurs terres, mais l'invasion inca puis espagnole eurent raison de la forteresse.

Les archéologues Ambrosetti et Debenedetti mirent à jour le site en 1908, et le monument construit après leur mort en 1935 au sommet de la colline leur est dédié. Il ne s'agit donc pas d'un bâtiment cultuel.



Je profite des petites boutiques d'artisanat pour acheter gants et chaussettes de laine pour passer l'hiver.


J'ai beau franchir le tropique du Capricorne, la haute altitude rendent les températures nocturnes de plus en plus fraîches.


Passé le village d'Uquia et le magnifique retable de sa petite église 


j'arrive à Humahuaca, le village le plus important de la Quebrada, à presque 3000 mètres d'altitude, où je me pose deux jours pour m'acclimater et tenter de me débarrasser du rhume. 

 



A une dizaine de kilomètres de Humahuanca, les quelques maisons du village de Coctaca sont entourées au milieu des cactus des plus grandes ruines précolombiennes de la région. Pas de reconstitution cependant ; il ne reste plus qu’au promeneur solitaire de laisser parler son imagination…











Je reprends le cours de la Quebrada avec un paysage plus sauvage, et bascule à plus de 3700 mètres d’altitude  sur les hauts plateaux recouverts d’une pampa.






 Après les lamas, 




je croise la troisième des quatres espèces de camélidés du continent,  la vigogne, plus gracieuse et menue que le guanaco, et qui comme lui n’est pas domestiquée.

Il semble que ce groupe d’individus ait lui aussi un comportement grégaire.




La frontière bolivienne n’est qu'à 75 kilomètres d'Abra Pampa. Mais je fais un détour par la route 7 en direction de la laguna de Pozuelos.

La piste de terre, qui propose quelques passages de tôle ondulée, monte progressivement dans la montagne pendant 35 kilomètres, et passe à plus de 4100 mètres d’altitude au pied du Cerro Condor.




S’ensuit une descente de 15 kilomètres jusqu a l’entrée du parc, où les gardiens m’autorisent à planter la tente dans une petite cour intérieure à l’abri du vent.




Je gagne en light le bord du lac par un chemin de 7 kilomètres, et reste à observer quelques temps vigognes et flamants roses qui ont élu domicile dans ce lieu tranquille et encore peu visité.









La nuit fut fraîche. L’eau des bidons est congelée. Le gardien m’annonce -10 degrés. Et des températures qui peuvent descendre jusqu’à -30. Mon duvet annonce -5 en température de confort, et -29 en température extrême : ça devrait le faire…



J’effectue dans cette Puna (plaine d’altitude) mes derniers kilomètres en Argentine. Le village de Yoscaba, avec ses maisons en adobe quasi désertes, ressemble à un pueblo mexicain que je dérange à l’heure de la sieste. Un chien aboie ; une porte s’ouvre puis se referme aussitôt ; une autre claque sans arrêt sous l’action du vent … intemporalité.






Je rejoins pour le final la route 40 qui après un dernier passage en cuesta termine sa course folle à La Quiaca.




J’entre bientôt en Bolivie, où il me faudra trouver bien vite de nouveaux repères. Les conditions d’accès au net risquent aussi de changer, rendant la publication peut-être plus difficile...



Une page se tourne. Adios Argentina. Je ne suis pas près d’oublier ses paysages grandioses, et l’accueil de ses habitants, à l’image de Juan Carlos qui ici à La Quiaca donnera quelques coups de neuf à Paulo à moindre coût. 


 



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