Quitter
Buenos Aires est facile ; l'avantage des plans en damier.
L'avenue de l'Indépendance est bientôt prolongée par la route 3,
qui est la route atlantique pour la Patagonie.
Il
me faut faire plus de cinquante kilomètres pour quitter la zone
périurbaine de la capitale argentine et retrouver la campagne.
A
Canuelas je quitte provisoirement la route 3 qui se transforme en
autoroute et prend les chemins de traverse par la route 205 qui passe
par Lobos, ville de naissance du général Péron, époux de
l'inévitable Evita dont le musée de Buenos Aires en fait un
portrait élégiaque.
Un
petit crochet par le reposant lac de Lobos pour passer une première
nuit reposante.
La
Pampa humide que je traverse par ces routes plates et rectilignes
devient vite ennuyeuse avec ses paysages monocordes de prairies et de
pâturages.
Les
Argentins m'encouragent souvent d'un coup de klaxon, et s'arrêtent
parfois pour me donner des fruits, un bout de salami ou de fromage du
pays. Ça motive.
Mais
quand le vent décide de changer de sens et de souffler du sud, alors
tout devient plus difficile. Aujourd'hui 40 kilomètres, demain, si
le vent tourne, 150.
Le
soir, quand j'arrive à trouver un coin de bivouac, je peux enfin
profiter de cette pampa brûlée par le soleil qui peu à peu se
teinte de couleurs moins vives sous la lueur de la lune.
Dans
la pampa, il faut savoir se contenter de peu.
A
partir de Guamini, la route connaît quelques ondulations et la
Sierra de Cura Malal se profile à l'horizon. Il était temps. Après
plus de 500 kilomètres de plat intégral je commençais à me
languir du relief.
Pigüe
s'étend au pied de la montagne. Un couple d'Argentins croisés à
Daireaux deux jours plus tôt m'avaient conseillé de m'y arrêter.
A
la fin du dix-neuvième siècle des Aveyronnais en manque de travail
avaient décidé de s'y installer. La colonie fut donc développée
par ces Français du sud dont il reste encore quelques descendants
parlant la langue du pays. J'ai eu beau demander aux commerçants
aucun ne parle la langue de Molière.
Restent
quelques noms de rue au nom évocateur...
C'est
finalement au parc des sports faisant aussi office de petit camping
que je croise ces Français tant recherchés.
Aurélie,
Gildas et Antoine se sont faits déposer à Pigüe pour la même
raison que moi. Partis pour dix mois de voyage sur le continent
sud-américain, ils ont démarré à Buenos Aires. En stop, en bus et
peut-être plus tard à vélo, un beau voyage se profile à l'horizon
avec un bon état d'esprit tourné vers les rencontres.
Le
matin de notre départ, Aurélie est déjà partie à l'heure de la
photo. Mais je la recroiserai au supermarché.
Cette
fois-ci je quitte la route à camions et m'évade dans les Sierras de
Cura Malal et de la Ventana par les pistes et les demi-routes.
vaches troglodytes ?
cerro de los 3 Picos (1239m)
Les
bivouacs au bord des ruisseaux y sont réparateurs et les paysages
pourraient effectivement faire penser à ces départements arides et
magnifiques du sud de la France.
La
traversée de la Pampa humide prend fin avec mon arrivée à Bahia
Blanca, villa animée et industrielle de plus de 300 000 habitants
qui possède la plus grande base navale d'Amérique du sud.
Pas
la meilleure étape du parcours. A plusieurs reprises, les
commerçants chez qui je m'arrête me conseillent de garder l’œil
sur le vélo, car en moins d'une minute il pourrait disparaître.
Je
ne sens pas non plus un climat d'insécurité, mais je reste prudent
quant à mes affaires.
Un
jour de repos ici avant d'affronter à nouveau les routes plates et
venteuses...
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