Avec
mon arrivée sur les rives du Rio de la Plata commence une virée très
urbaine.
Montevideo
d'abord est l'occasion d'un premier épisode de repos après des
journées de vélo quasiment ininterrompues depuis Porto Alegre.
Mes
excursions se limitent autour du Centro et de ses petits musées :
celui des Gauchos que je côtoie depuis plusieurs jours ; musée
des arts précolombiens qui laissent peu de place aux premiers
habitants du Continent.
Le
musée de l'automobile est bien situé : l'accès se fait par un
garage bien fréquenté par les voitures contemporaines.
Celles
plus antiques m'attendent au sixième étage. L'occasion de leur
donner une place sur ce blog. Elles me stressent souvent pendant mon
voyage, mais celles ci sont devenues inoffensives.
Ce
sont de belles pièces de collection qui montrent l'intérêt du pays
pour l'industrie auto depuis sa création à la fin du 19ème
siècle.
La
Delin, produite en Belgique en 1900, est la plus ancienne du pays. Il
en existe que deux autres au monde.
Cette
Rago de 1967 est issue de la production nationale.
Renault
est à l'honneur, avec la Frégate de 1955 ou la Floride de 1961.
La
Grègoire de 1906 fut fabriquée à Poissy par la compagnie éponyme
qui périclita en 1924.
Et
pour finir, deux voitures de prestige : cette Rolls Royce de
1969...
… et
cette Ford Torino de 1970 chère à Clint Eastwood
Je
termine cette première journée par le quartier du port, où je
retrouve mes porte-containers
Le
théâtre de l'Odéon a dû connaître des heures plus glorieuses
Le
mercado central commence à fermer ses portes en ce début de soirée
Le
lendemain je cours à la gare routière pour acheter mon billet de
bateau pour l'Argentine. Deux agences principales assurent la liaison
entre Colonia del Sacramento et Buenos Aires : « Buque
Bus » dont m'a parlé l'office de tourisme, et « Colonia
Express » que j'ai trouvée sur le net et qui pratique des
tarifs moitié moins chère que la première. J'y achète donc mon
sésame pour le grand Sud.
Le
stade olympique, estampillé monument du football par la FIFA n'est
pas très loin, je fais donc la visite du musée.
Les
Uruguayens ne sont pas rancuniers
Mais
ils ont gagné la Coupe bien avant nous, en 1930, après deux titres
olympiques
La
culture foot est en tout cas bien présente de ce côté du globe
Retour
en ville par le Parque Rodo
200
kilomètres me séparent de ma dernière ville uruguayenne. La route
1, plutôt plate et ennuyeuse, m'y conduit en deux jours. Vaine
tentative de longer la mer car la route côtière n'offre aucune
continuité.
J'avance
donc sans entrain entre les palmiers.
J'arrive
le soir à temps à Colonia del Sacramento pour assister avec les
autres spectateurs au coucher de soleil sur Buenos Aires.
Plata
signifie argent en espagnol, mais ce soir le ciel du Rio se teinte
d'or...
Le
quartier historique de Colonia est inscrit au patrimoine de l'Unesco
depuis 1995.
Fondée
par les Portugais, la ville témoigne encore de ses origines
lusophones.
La
rue des soupirs a gardé son pavé originel et les maisons qui la
bordent datent de la première période coloniale.
La
casa de Nacarello date de la même époque.
En
arpentant les ruelles et les places j'entre dans l'histoire de
l'Uruguay, à l'époque où la région fut le centre de la lutte
entre les deux empires ibériques et qui a conduit à la naissance de
la nation uruguayenne en 1828.
Le
centre culturel présente de façon amusante sous forme de frise
dessinée l'histoire du pays depuis les Amérindiens Charruas jusqu'à
l'époque contemporaine.
découverte
du Rio de la Plata par Juan Diaz de Solis en 1516
fondation
de Colonia en 1680 par le Portugal sous le commandement de Manuel
Lobo
début
du commerce triangulaire
exploration
des côtes par Darwin en 1833 et colonisation agricole par des
Italiens, Allemands et Français
naissance
du tourisme
La
gare maritime pour Buenos Aires est un vrai capharnaüm. Les bateaux
des trois compagnies (il faut rajouter Seacat aux deux autres)
partent quasiment à la même heure et le double contrôle des
passeports (Uruguay et Argentine) est commun à tous les passagers.
Une
histoire de gestion de files qui me rappelle vaguement quelque chose.
La
première image de Buenos Aires est bien floue à travers les vitres
du ferry ; je ne regrette pas mon coucher de soleil
d'avant-hier.
La
deuxième impression est la meilleure ; je débarque ce dimanche
en plein marché aux antiquités dans le quartier de San Telmo qui
jouxte le port et où je réside.
Des
ustensiles de tous genres côtoient des fruits ou des affiches de
Belmondo, le tout accompagné de musiciens et artistes de rue. Un bon
bain de foule qui se prolonge jusqu'au soir.
Le
jour suivant est consacré à Paulo. La transmission a déjà bien
souffert. Je change tout.
Via
les forums je récupère l'adresse d'un magasin de vélo qui doit
faire l'affaire. Situé près du périph c'est parti pour une ballade
de 15 kilomètres à travers les boulevards de Buenos Aires.
Doubler
les taxis qui roulent au pas pour ne pas rater un client ;
éviter les bus qui roulent à tombeau ouvert et déboîtent à tout
va entre deux arrêts ; anticiper les feux en évitant les
piétons. Je me mets dans la peau d'un coursier, un peu border line
comme à Porto Alegre mais je m'amuse bien ; pas si tripant
qu'une descente de col mais c'est le pied quand même.
Le
magasin ne répare pas les vélos, mais il m'en indique un autre
situé treize blocs plus loin. Après trois blocs je trouve un
vélociste où je m'arrête. Lui il répare mais ne possède pas de
cassette à 9 vitesses. Bizarre. Les vélos qu'il vend ont des
pignons à 9 vitesses.
Je
reviens au premier magasin, qui après recherche me trouve une
cassette à neuf pignons et un jeu de trois plateaux, que j'achète à
un prix raisonnable.
Je
retourne au deuxième magasin avec mon matériel neuf, mais le
vendeur me propose une somme astronomique pour le montage.
Retour
à la case départ, chez le premier vélociste, qui me dit que ce
réparateur est un c... et qui me donne l'adresse de celui qui me
fera la réparation à moitié prix, et en plus je récupère Paulo
quasiment flambant neuf en début de soirée. Nouveau pneu arrière,
nouveaux câbles de frein, l'aventure peut continuer.
Il
ne me reste plus qu'à rentrer au Centro à la nuit tombante par les
mêmes boulevards grisants qu'à l'aller.
Buenos
Aires reste pour moi une ville insaisissable ; les quelques
monuments éparpillés au milieu de ses boulevards tous
perpendiculaires et ses quartiers imbriqués les uns dans les autres
sans discontinuité me donnent l'impression d'une ville sans limites,
et ça me plaît.
Un
endroit plus à vivre peut-être qu'à visiter.
Je
parcours donc la ville à pied ou à vélo sans itinéraire précis
et découvre ses quartiers et ses musées un peu par hasard au fil de
mes pérégrinations.
casa Rosa
avenue du 9 juillet
plaza San Martin
Buenos
Aires devait être ma ville de départ pour ce périple américain.
Mais le cargo depuis le Havre faisait escale en Afrique et le coût
de la traversée doublait.
J'ai
donc opté pour une arrivée au Brésil. Trois mois sont passés
depuis mon départ de France : déjà un voyage en soi.
Mais
la route est encore longue et cette première étape fait figure de
préambule au regard de ce que j'espère accomplir comme chemin.
Demain
je file vers le sud vers des espaces plus déserts. Je vais rentrer
dans une phase où les connexions risquent d'être plus rares. Je
consacre encore beaucoup de temps à la mise à jour du site. Il va
falloir que je me réadapte.
Le
blog va devenir plus silencieux. Merci en tout cas à ceux qui y ont
laissé des commentaires, ainsi qu'à ceux qui m'envoient des
messages privés, auxquels j'essaie d'y répondre au mieux.
Une
dernière pensée à l'équipage philippin du Sambhar qui doit vivre
des moments pénibles.
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