A bord du CC Sambhar, à
l'approche des côtes, l'antenne du navire réussit à capter les
ondes des télévisions brésiliennes.
Quand j'entre dans le carré des
officiers, la première image que renvoie le poste est un homme
allongé par terre, abattu par une arme à feu. Puis la caméra opte
le point de vue d'un hélicoptère pour une chasse à l'homme de nuit
à travers les quartiers déshérités de Sao Paulo. Grand show
télévisuel digne des émissions américaines.
Mais en débarquant à Santos,
la réalité fut bien différente.
Après avoir quitté Lise, je
quitte la ville en longeant la mer jusqu'à Sao Vicente.
J'ai laissé l'Europe à la fin
de l'été ; passage de l'équateur oblige je démarre mon
périple sud-américain au début du printemps. Deux saisons
d'effacées en seulement onze jours de mer.
Les plages sont loin d'être
bondées, ce qui rend la balade agréable.
Pour gagner Itanhaém avant le
soir je prends la voie rapide avant d'entrer à Praia Grande.
La bande d'arrêt d'urgence est
large et la circulation est d'une densité moyenne. Des habitations
sommaires bordent la route pendant quasiment soixante kilomètres, et
je suis souvent accompagné sur ma « piste cyclable » de
cyclistes, piétons ou autres charrettes tirées à main d'hommes.
Itanhaém respire la
tranquillité autour de sa place centrale, ainsi que Peruibe que je
gagne le lendemain en longeant la plage sur du sable mouillé
facilement praticable.
Itanhaém
Praia do Sonho (Itanahém)
Peruibe
De belles propriétés avec
miradors ou gardiens sont encadrées par les nombreux petits bars de
plage aux chaises rouges tournées vers l'horizon.
Sur la plage les charognards se
disputent quelques carcasses tandis que quelques pêcheurs essaient
de ramener du poisson frais dans leur filet qu'ils vont poser jusqu'à
mi-hauteur au milieu des vagues.
Manquent au tableau les belles
naïades brésiliennes qui se jouent seins nus des vagues océanes,
mais il est un peu tôt dans la saison ; je suis bien seul sur
le sable.
J'aimerais poursuivre le long du
cordon littoral, mais les pistes pédestres de la réserve écologique
de Jurreia Itatins autour de la Serra tropicale me sont déconseillées
pour cause de non praticabilité par les gardiens qui en barrent
l'accès.
Je me contenterai de dormir au
camping Da Vovo situé dans la réserve pour moins de 3€.
Le long détour par la route
n'offre rien d'extra-ordinaire, si ce n'est la vue sur les
plantations de bananiers au pieds des montagnes luxuriantes.
Il me faudra en plus emprunter
la quatre voies sur plus de quinze kilomètres avec une circulation
cette fois-ci très rapide. Mais comme dans les grandes villes turques,
je ne fais pas figure d'intrus sur cette autoroute utilisée
également par les piétons, car seule moyen d'accès entre les
villages qui la bordent.
Je ne suis pas fâché de
tourner à gauche vers la mer, mais il me reste encore 55 kilomètres
avant de rejoindre la côte, et l'après-midi est déjà bien avancé.
Il me faut en plus franchir une petite montagne.
Je commence à chercher un coin
de bivouac, mais je me rends bien vite à l'évidence, il n'existe
aucun espace qui ne soit déjà occupé par une habitation. De petits
chemins qui semblent mener nulle part sortent des motos ou des
cyclistes ; chaque petite plantation de bananes est cernée par
une maison de brique ou de bois.
Je me fais vite à l'idée de
gagner Iguape sur le tard, et effectivement à 18h30 il fait déjà
nuit noire.
J'évolue pendant ¾ d'heure
hors du temps à la lumière de mon vélo qui m'indique au dernier
moment les quelques ornières à éviter. Les phares des voitures
complètent de façon sporadique mon éclairage nocturne.
Enfin Iguape. Sur les routes
pavées du centre historique la fixation de la plateforme avant rend
l'âme. Rien de dramatique. Le duvet et les petites sacoches plus
encombrants que lourds trouveront leur place à l'arrière le temps
d'une réparation prochaine.
L'accueil à la pousada y est
extraordinaire, et comme l'orage se met à tonner je ne suis pas
finalement malheureux d'avoir évité le bivouac dans les champs de
bananes !
Les chants de gospel qui sortent
de l'église de la petite ville coloniale en ce dimanche matin
résonnent sur toute la place.
Je franchis rapidement le pont
qui me mène à l'île de Comprida. Ma carte peu détaillée ne
m'indique pas s'il existe un débouché au bout des 45 kilomètres de
l'île. Mais un panneau touristique indique qu'une balsa (un bac)
traverse le bras de mer pour gagner Cananéia.
La route bordée de bars et
pousadas perd son asphalte au bout de quelques kilomètres.
Puis la piste s'arrête. Le
panneau indique la direction de la mer et la route empruntée par les
voitures et les bus ... continue sur la plage !
Un bac m'attend effectivement au
bout de l'île et me mène à Cananéia où je reste deux jours.
Ainsi s'achèvent mon périple
dans l'Etat de Sao Paulo et mes premiers pas sur le sol américain.
Mon vélo y a gagné son surnom,
« Paulo », car c'est sur les plages du rivage de Sao Paulo
qu'il s'est fait baptisé.
Quant à moi, en débarquant il
y a quatre jours, je me suis mis dans la peau d'un explorateur :
une sorte de Christophe Colomb avec l'esprit d'escalier. Plus de 500
ans après j'ai encore l'impression que je vais découvrir
l'Amérique. Bah, mieux vaut parfois se bercer d'illusions ; ça
rend les rêves moins amers !
Yey! J'ai du mal à croire qu'avec tout ton barda tu puisses faire du vélo dans le sable sans que tes roues ne s'enfoncent de moitié ! Heureusement qu'il y a de belles photos pour preuve.
RépondreSupprimerTon récit me fait un peu regretter d'avoir parcouru Santos-Floripa aussi vite. J'ai raté de belles choses on dirait. Mais bon, on voyage comme on peut.
Allez, bonne route M. Colomb et bien le bonjour à Paulo !
:-)
Le sable humide et compact est parfois plus roulant que certaines mauvaises pistes ; je m'étais un peu entraîné sur les plages vendéennes mais n'avais jamais réussi à faire plus de 500 mètres !
RépondreSupprimerL'avantage d'arriver à suivre plus ou moins la côte pour l'instant me fait passer par de jolies petites villes.
Paulo a dormi toute la journée mais il te passe le bonjour ;-)
(je viens de découvrir ce que signifie CC devant le Sambhar : Chistophe Colomb !!)
alors ça y est mr Colomb est en pleine decouverte et nous fait partager l'aventure .rouler sur la plage.....dans l'ile de ré j'ai parfois essayé ........il est vrai que je n'avais pas Paulo .qu'est ce qu'on se regale de ses photos et ces recits .ici l'automne est bien arrivé avec son lot de grisaille et de pluie .donc bcp de cinema pour s'occuper .A tres vite .des bises
RépondreSupprimerle printemps brésilien est doux et un peu humide, mais ça reste un temps agréable à vélo
SupprimerBonjour à notre" petit " CC et à son " fidèle PAULO" adoré ( que tu as réussi à dompter ) ,il se réservait donc pour les plages d'Amérique !... J'espère qu'il te garde encore de bonnes surprises (sous le guidon) il est parfaitement à ton image: combien de fois as-tu du affronter des difficultés pendant tes différents périples ?(avec quelques boulons en moins) !
RépondreSupprimerContinue tes rêves ,en même temps que tu découvres les douceurs du printemps américain ce sera pour nous un rayon de soleil pour éclairer notre automne bien présent .
Je t'embrasse
oups, ben j'espère que je vais garder tous mes boulons :-) Paulo n'est pas toujours un exemple à suivre !
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