Avant de filer vers le sud, je
m’engage dans une dernière boucle au centre de l’Ecosse. Je ne me lasse pas de
ces petites routes à une seule voie qui pénètrent au cœur des hills et des glens.
petit détour urbain par Stirling et son célèbre château
Je fais l’ascension d’un des plus
célèbres munros, le Ben Lomond, puis traverse le Trossachs National Park par la
véloroute 7, qui ne cesse de longer à mon grand plaisir de nombreux lochs.
au loch Menteith, le Ben Lomond apparaît dans les nuages
après un détour de 30 km, je pars faire l'ascension du Munro...
puis reprends le vélo par la véloroute 7
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loch Venachar |
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Callander |
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loch Earn |
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voie verte |
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loch Tay et Ben Lawers |
A Pitlochry, les campings
débordent de camping-cars : le domaine du Blair Castle accueille pendant
quatre jours une importante compétition de chevaux. Je remonte la rivière du
Garry et y trouve un beau coin pour dormir au pied du Drumochter Pass avec un
petit feu pour éloigner les moustiques.
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Blair Castle
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Glen Garry
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Drumochter Pass |
Après le col je descends tout
schuss sur Fort William, où j’arrive à avoir une vue dégagée de la chaîne du
Ben Nevis. Je quitte la ville cette fois-ci par le sud et gagne le défilé
grandiose de Glen Coe.
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barrage de Laggan
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chaîne du Ben Nevis
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Glen Coe... |
Une fois sur le plateau, les gens
arrêtés au bord de la route pour prendre des photos de paysage ne s’éternisent
pas ; ils regagnent rapidement leur habitacle en se collant des baffes.
Les midges attaquent en nuées, et
même quand je roule, ils arrivent à me pourchasser, pour m’embrasser depuis les
mollets jusqu’au visage. Cette lande est infestée de petits vampires. Je
descends sans tarder vers le Glen Orchy pour y trouver un havre pour la nuit.
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plateau de Glen Coe
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A la sortie d’Oban un autre petit
spot m’attend pour une nuit avec vue sur les îles. L’envie est trop forte de m’embarquer une dernière fois à bord d’un ferry.
Le bateau de 16h30 arrive à 20h30
à Port Askaig, sur l’île d’Islay, après avoir longé Mull et la façade
occidentale de Jura.
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maisons victoriennes d'Oban |
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Jura |
Je pars chercher sur les hauteurs du hameau un spot pour
dormir à la lumière de la frontale, et redescends le lendemain prendre le bac
qui en moins de dix minutes accoste à Feolin.
40 kilomètres d’une petite route
asphaltée longe la côte est de l’île de Jura, avec petites plages et falaises à
main droite, et les trois emblématiques sommets des Paps of Jura à main gauche.
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Craighouse |
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Paps of Jura |
Chaque année, une course – une des
plus exigeantes du Royaume-Uni – accueille 200 participants triés sur le volet.
Depuis le village/capitale de Craighouse, elle fait une boucle passant par sept
sommets de l’île, dont les fameux trois Paps. Johnny Muir en fut une année un
des valeureux participants :
« Le sommet du 1er
Pap – le Beinn a’Chaolais – était perdu dans la grisaille. L’ascension était
féroce, aucune faute n’étant permise : un mur vertical de 600 mètres,
gravi d’abord par une ravine, puis au travers d’un champ de roches rompu par
une végétation occasionnelle (…) C’était sans fin, pentu à l’extrême. Plus
personne ne courait. On rampait avec les mains ou les cuisses, hissant nos
corps endoloris jusqu’au sommet, sans la moindre pause. »
Au bout de la route, au nord de l’île,
une piste de 9 kilomètres prend le relais du bitume. Après le parking pour les
voitures, les ultimes kilomètres, caillouteux à l’extrême, sont un éloge à la
lenteur. Je plante la tente avant la dernière descente vers la grande bâtisse
blanche qui pendant deux ans fut la retraite de Georges Orwell. C’est là qu’il
conçut son roman d’anticipation « 1984 ». J’imagine l’écrivain penché
sur sa table de travail, isolé du monde, inspiré par la faible lumière filtrant
depuis le carreau d’une des baies, inventant un futur dominé par « Big Brother »,
dans lequel, à l’heure des satellites, nous sommes devenus les débiteurs. Je m’attends
presque à le voir sortir de la ferme, agitant la main depuis le pas de la
porte, me signifiant « alors, je n’avais pas raison ? ».
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maison d'Orwell |
La retraite d’Orwell est une
impasse. Je reprends les 50 kilomètres vers le sud, franchit à nouveau le
détroit d’Islay grâce au bac, et continue cette fois-ci jusqu’au camping de
Port Charlotte, où je passe une journée entière de pluie diluvienne entre le
bar et la toile de tente.
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Islay |
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Bowmore ; distillerie |
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Bowmore |
A Bowmore, le soleil apparait
soudain au sortir du ravitaillement. La plage de Port Ellen, au sud de l’île,
est un ravissement.
Une succession de trois ferrys me
ramènent sur le continent via le Kintyre et Arran.
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Arran |
Glasgow est une ville
tentaculaire, ayant absorbé dans son développement au 19ème siècle
les bourgs voisins, comme Paisley.
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Paisley |
Fleuron de la construction navale
pendant la période victorienne, elle a connu un déclin jusque dans les années
1970, avant de redevenir aujourd’hui une ville attractive, foyer culturel,
touristique et sportif d’importance.
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Glasgow... City Chambers |
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St Mungo's Cathedral |
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Clyde River |
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Doulton Fountain (terracotta) |
A moins de 80 kilomètres,
Edinburgh, la capitale, présente un visage plus policé. J’entre tranquillement
dans le centre en longeant un canal. Deux jours après le décès de la reine la
ville est en ébullition, dans l’attente prochaine de la réception du corps
d’Elizabeth II. La Royal Mile, l’avenue la plus célèbre d’Ecosse, qui relie le
Château au Palais d’Holyrood, est fermée à la circulation. Les trottoirs sont
encombrés de piétons, et j’ai bien du mal à me faufiler avec le vélo.
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promenade autour du Scott Monument |
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la Royal Mile autour de la cathédrale |
Je file assez rapidement vers la
côte. La pointe autour du village de pêcheurs de St Abb’s, avec son phare
Stevenson et ses falaises mouchetées de moutons, offre un résumé parfait de ce
pays que j’arpente depuis trois mois.
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St Abb's Head... |
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petit port de pêche de St Abb's |
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chalutiers à Eyemouth |
Entre îles et montagnes, vents
patagons et pluies diluviennes, plages paradisiaques sous le soleil et côtes
nappées de brouillard, où partout grouille une faune sauvage qui aime à se
laisser observer … l’Ecosse est un paradis pour cyclo-voyageurs, à condition
d’être prêt à affronter ses franges infernales.
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