dimanche 11 septembre 2022

dernier round écossais

 

Avant de filer vers le sud, je m’engage dans une dernière boucle au centre de l’Ecosse. Je ne me lasse pas de ces petites routes à une seule voie qui pénètrent au cœur des hills et des glens.





petit détour urbain par Stirling et son célèbre château




Je fais l’ascension d’un des plus célèbres munros, le Ben Lomond, puis traverse le Trossachs National Park par la véloroute 7, qui ne cesse de longer à mon grand plaisir de nombreux lochs.


au loch Menteith, le Ben Lomond apparaît dans les nuages


après un détour de 30 km, je pars faire l'ascension du Munro...





puis reprends le vélo par la véloroute 7 


loch Venachar


Callander


loch Earn



voie verte



loch Tay et Ben Lawers


A Pitlochry, les campings débordent de camping-cars : le domaine du Blair Castle accueille pendant quatre jours une importante compétition de chevaux. Je remonte la rivière du Garry et y trouve un beau coin pour dormir au pied du Drumochter Pass avec un petit feu pour éloigner les moustiques.

Blair Castle


Glen Garry


Drumochter Pass


Après le col je descends tout schuss sur Fort William, où j’arrive à avoir une vue dégagée de la chaîne du Ben Nevis. Je quitte la ville cette fois-ci par le sud et gagne le défilé grandiose de Glen Coe.

barrage de Laggan


chaîne du Ben Nevis


Glen Coe...



Une fois sur le plateau, les gens arrêtés au bord de la route pour prendre des photos de paysage ne s’éternisent pas ; ils regagnent rapidement leur habitacle en se collant des baffes. Les midges attaquent en nuées, et même quand je roule, ils arrivent à me pourchasser, pour m’embrasser depuis les mollets jusqu’au visage. Cette lande est infestée de petits vampires. Je descends sans tarder vers le Glen Orchy pour y trouver un havre pour la nuit.

plateau de Glen Coe

A la sortie d’Oban un autre petit spot m’attend pour une nuit avec vue sur les îles. L’envie est trop forte de m’embarquer une dernière fois à bord d’un ferry.





Le bateau de 16h30 arrive à 20h30 à Port Askaig, sur l’île d’Islay, après avoir longé Mull et la façade occidentale de Jura.

maisons victoriennes d'Oban


Jura



Je pars chercher sur les hauteurs du hameau un spot pour dormir à la lumière de la frontale, et redescends le lendemain prendre le bac qui en moins de dix minutes accoste à Feolin.

40 kilomètres d’une petite route asphaltée longe la côte est de l’île de Jura, avec petites plages et falaises à main droite, et les trois emblématiques sommets des Paps of Jura à main gauche.

Craighouse

Paps of Jura


Chaque année, une course – une des plus exigeantes du Royaume-Uni – accueille 200 participants triés sur le volet. Depuis le village/capitale de Craighouse, elle fait une boucle passant par sept sommets de l’île, dont les fameux trois Paps. Johnny Muir en fut une année un des valeureux participants : 

« Le sommet du 1er Pap – le Beinn a’Chaolais – était perdu dans la grisaille. L’ascension était féroce, aucune faute n’étant permise : un mur vertical de 600 mètres, gravi d’abord par une ravine, puis au travers d’un champ de roches rompu par une végétation occasionnelle (…) C’était sans fin, pentu à l’extrême. Plus personne ne courait. On rampait avec les mains ou les cuisses, hissant nos corps endoloris jusqu’au sommet, sans la moindre pause. »

Au bout de la route, au nord de l’île, une piste de 9 kilomètres prend le relais du bitume. Après le parking pour les voitures, les ultimes kilomètres, caillouteux à l’extrême, sont un éloge à la lenteur. Je plante la tente avant la dernière descente vers la grande bâtisse blanche qui pendant deux ans fut la retraite de Georges Orwell. C’est là qu’il conçut son roman d’anticipation « 1984 ». J’imagine l’écrivain penché sur sa table de travail, isolé du monde, inspiré par la faible lumière filtrant depuis le carreau d’une des baies, inventant un futur dominé par « Big Brother », dans lequel, à l’heure des satellites, nous sommes devenus les débiteurs. Je m’attends presque à le voir sortir de la ferme, agitant la main depuis le pas de la porte, me signifiant « alors, je n’avais pas raison ? ».


maison d'Orwell


La retraite d’Orwell est une impasse. Je reprends les 50 kilomètres vers le sud, franchit à nouveau le détroit d’Islay grâce au bac, et continue cette fois-ci jusqu’au camping de Port Charlotte, où je passe une journée entière de pluie diluvienne entre le bar et la toile de tente.

Islay

Bowmore ; distillerie

Bowmore


A Bowmore, le soleil apparait soudain au sortir du ravitaillement. La plage de Port Ellen, au sud de l’île, est un ravissement.




Une succession de trois ferrys me ramènent sur le continent via le Kintyre et Arran.

Arran



Glasgow est une ville tentaculaire, ayant absorbé dans son développement au 19ème siècle les bourgs voisins, comme Paisley.

Paisley


Fleuron de la construction navale pendant la période victorienne, elle a connu un déclin jusque dans les années 1970, avant de redevenir aujourd’hui une ville attractive, foyer culturel, touristique et sportif d’importance.

Glasgow... City Chambers

St Mungo's Cathedral

Clyde River

Doulton Fountain (terracotta) 


A moins de 80 kilomètres, Edinburgh, la capitale, présente un visage plus policé. J’entre tranquillement dans le centre en longeant un canal. Deux jours après le décès de la reine la ville est en ébullition, dans l’attente prochaine de la réception du corps d’Elizabeth II. La Royal Mile, l’avenue la plus célèbre d’Ecosse, qui relie le Château au Palais d’Holyrood, est fermée à la circulation. Les trottoirs sont encombrés de piétons, et j’ai bien du mal à me faufiler avec le vélo.


promenade autour du Scott Monument

la Royal Mile autour de la cathédrale


Je file assez rapidement vers la côte. La pointe autour du village de pêcheurs de St Abb’s, avec son phare Stevenson et ses falaises mouchetées de moutons, offre un résumé parfait de ce pays que j’arpente depuis trois mois.

St Abb's Head...



petit port de pêche de St Abb's

chalutiers à Eyemouth


Entre îles et montagnes, vents patagons et pluies diluviennes, plages paradisiaques sous le soleil et côtes nappées de brouillard, où partout grouille une faune sauvage qui aime à se laisser observer … l’Ecosse est un paradis pour cyclo-voyageurs, à condition d’être prêt à affronter ses franges infernales.


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