lundi 8 août 2022

Bog and Rhum ... Ben et Ness

 

La route côtière à bagnoles qui descend sur Inverness ne m’échaude guère.

A Wick je vire à droite vers l’arrière-pays de Thurso dédié à l’agriculture, puis remonte plein sud la vallée de l’Halladale. Je suis à nouveau dans les tourbières.

château de Bucholly

Wick

région de Thurso


A Forsinard, le Visitor Center permet d’appréhender les enjeux qui pèsent sur ce milieu étonnant. Le bog (ou peatland), comme disent les Anglais, est un véritable piège à carbone. Mais pour que le piège fonctionne, il faut que la tourbière soit sans cesse alimentée en eau. Et les forêts de sapins qui ont été plantées dans les années 1970 creusent des sillons qui laissent s’échapper l’eau. La tourbière s’assèche, s’effrite, et le carbone se libère. La déforestation est donc ici une solution pour éviter le réchauffement climatique !

Forsinard

déboisement des forêts d'exploitation (pins importés)


D’apparence monocorde la tourbière abrite une surprenante biodiversité, de la loutre à la « libellule colporteuse », du chevalier aboyeur au cerf. La drosora est une petite plante insectivore ; quand on la retourne son dernier repas apparaît.

drosora

les mousses, piège à carbone


Je retrouve au soir au campement les midges. Beaucoup plus actifs qu’au mois de juin, ces petits moustiques de la taille d’un moucheron attaquent en nuées. Et ils sont voraces. L’odeur sucré de la feuille du myrte des marais est sensée les repousser. Mais rien ne vaut la moustiquaire de tête ; pas très esthétique, mais plutôt efficace.

myrte des marais


Les route qui traversent le Bog sont des lignes ouvertes sur l’horizon encadré par des hautes collines ; les parcourir procurent un incroyable sentiment de liberté.

Helmsdale River


Après Lairg cependant je ne suis pas mécontent de retrouver de vraies forêts ; des sentiers aménagés depuis la route permettent de s’y promener sans modération.



A partir d’Oykel Bridge la carte électronique m’indique un passage par la colline pour rejoindre Ullapool. Un peu sceptique sur l’état de la piste j’ai finalement bien fait de m’y engager, malgré quelques passages un peu roots. J’y découvre en plus un bothy où passer la nuit. Il s’agit d’un petit refuge aménagé pour les randonneurs, que l’on trouve un peu partout en Ecosse dans des lieux en principe reculés. Celui-ci était une ancienne école.

shool house bothy


Retour à Ullapool que je quitte cette fois-ci par le sud. Je longe les côtes déchiquetées du Wester Ross, les Highlands du nord-ouest.


Gruinard Bay

Poolwee

Gairloch


Le sud du loch Maree est une réserve naturelle d’importance, comprenant une forêt humide en milieu tempéré en cours de reboisement.

loch Maree

Beinn Eighe national natural reserve


Je poursuis autour de la péninsule d’Applecross où les single track roads proposent des pourcentages sévères. Mais c’est en quittant le village d’Applecross que la route s’élève franchement pour aller chercher à 630m d’altitude le plus haut col britannique. Je bivouaque à mi-chemin de la descente après avoir croisé une petite famille de biches ayant quitté les hauteurs pour la nuit.

départ d'Applecross


bivouac dans la descente, avec vue sur le col à l'ouest ...

... et sur le loch Carron à l'est


                                       

Je croise de plus en plus de cyclistes pendant les grandes vacances ; anglais, of course, mais aussi néerlandais et allemands, venus facilement depuis Amsterdam grâce à la liaison ferry avec Newcastle. Francis est le premier français que je rencontre. Il utilise contre les midges le baume insecticide que j’achète aussitôt. Ça me permet de manger dehors le soir ; quel luxe !

On fait un petit bout de route jusqu’à Plockton, puis je retrouve le sud de Skye pour prendre à Mallaig le ferry pour l’île de Rhum.

Plockton...


Durinish

Sound of Sleat...


feryy pour Rhum


L’anse de Kinloch est mon camp de base pendant ces trois jours. L’unique piste dessert au nord la baie de Kilmory où vivent de nombreuses biches et leurs petits. Les red deers de Rhum sont depuis les années 1950 l’objet d’une étude scientifique internationalement reconnue.

anse de Kinloch

Kinloch Castle

piste pour Kilmory...


vue sur Skye


Au sud-ouest la baie de Harris est dominée par un imposant mausolée bâti dans ce lieu désert, visité uniquement par les chèvres sauvages.





Au sud un sentier pédestre bien humide longe la côte pendant 8 kilomètres jusqu’au bothy de Dibidil.

Dibidil trail




le bothy est ici une ancienne bergerie réhabilitée


 J’y déjeune en compagnie de mes voisins de camping partis bien après moi ; ils sont en mode trail, et je les regarde continuer le retour par la route des crêtes, le Cuillin Ridge Walk. Quand je suis enfin prêt ils sont déjà hors de vue. Dommage. La route des crêtes, qui passe par six pics autour de 800 mètres d’altitude, n’a pas de trace : il faut s’inventer le chemin.

Au sommet du premier pic, gravi au hasard avec l’inspiration du GPS, une vue incroyable surgit sur le reste du parcours, avec la montage de Skye en arrière-plan.






Après la descente du troisième sommet, je me fais de belles frayeurs. Les nombreux à-pics à négocier relèvent autant de la petite escalade que de la randonnée. Je reviens donc à Kinloch par la tourbière et le magnifique Long Loch, en m’inventant un nouveau tracé par les sentes animales. Je me retrouve nez à nez avec un magnifique cerf, aussi surpris que moi de voir un humain déambuler sur ses lieux reculés de pâturage. Splendide rencontre !

Long Loch


De retour à Mallaig je mets le cap vers l’est. A Glenfinnan des voitures de toutes nationalités sont garées en pagaille le long de la route. Un chemin mène à un belvédère avec vue sur le viaduc emprunté par le vapeur saisonnier Fort William – Mallaig ; et c’est ce même train qui est utilisé par le Poudlard Express dans la Saga Harry Potter. Le sorcier à lunettes fait toujours recette.

Les jambes étant encore un peu lourdes, le mieux pour admirer le viaduc, c'est de regarder les films !

A 4 kilomètres de Fort William je me pose au camping immense situé au pied du Ben Nevis, le plus haut sommet britannique. Le Ben, comme l’appellent les Ecossais, est six jours sur sept pris dans le fog. Ça n’empêche pas des centaines de randonneurs – dont je fais partie – de se ruer chaque jour à l’assaut de ses pentes. Au moins on ne risque pas de se perdre sur cette autoroute à piétons. Sans réelle difficulté technique, l’ascension qui démarre depuis le niveau de la mer n’en reste pas moins éprouvante.

vallée de Glen Nevis...



dans les dernières rampes, le fog est déjà là

Ben Nevis (1344m)


Pour rejoindre Inverness la véloroute 78 longe le canal calédonien, ouvrage remarquable du 19ème siècle reliant la mer du Nord à l’Atlantique grâce à 29 écluses. Le canal relie entre eux le loch Lochy, le loch Oich, et le plus célèbre des lochs écossais, le loch Ness. Long de 37 kilomètres et d’une profondeur moyenne de 230 mètres, il contient plus d’eau douce que tous les lacs anglais et gallois réunis … un vrai monstre !

Ben Nevis depuis la véloroute ; toujours dans le brouillard

canal calédonien ; une belle série d'écluses pour prendre de la hauteur

de larges écluses

loch Lochy ; petit bain de pied à midi

loch Ness...


Au nord d'Inverness, la péninsule de Black Isle offre un paysage de pâturages et de forêts. Une boucle autour de l'Easter Ross se termine par un joli bivouac à l'abri d'un chêne le long de la baie de Beauly.

Black Isle

Cromarty Bay


Black Isle depuis l'Easter Ross

Hilton

Tain

Beauly Firth

Après avoir de nouveau franchi le pont bien venteux du Moray Firth, je plonge cette fois-ci vers le centre-ville animé d'Inverness. Bâtie autour de son château de grès rouge, la petite cité dynamique est une agréable halte d'une journée.



















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