La riviera italienne est presque
aussi urbanisée que la côte d’Azur. La route départementale 1 qui la longe est
doublée à partir de San Remo par une piste cyclable dont la construction n’est
pas achevée, mais qui a déjà nécessité quelques prouesses technologiques, comme
un tunnel long de plus d’un kilomètre percé uniquement pour les vélos. Les
nombreux cyclistes qui l’empruntent se régalent.
côte ligure... |
A Savone, les stations balnéaires
laissent la place à une ville plus industrieuse. En la quittant je croise Jaime
Andrès, espagnol d’origine colombienne, dont le vélo est aussi chargé que le
mien. Sauf qu’il transporte en plus deux charmantes petites chiennes, Tressie
et Lola, âgées de 5 et 10 ans.
On prend un verre, et comme il se
fait tard, il me propose de bivouaquer avec lui sur une plage qu’il avait
découvert il y a un an. Invisible depuis la route, un chemin plonge vers une
crique connue seulement du voisinage.
C’est là que vit depuis plus d’un
an Omar. Son campement occupe toute une partie de la baie, avec tente décath’
éclairée au panneau solaire, barque et nasse pour la pêche, trottinette
électrique pour aller travailler en ville.
Comme le propriétaire du lieu me
le propose, je reste une journée à profiter de la « crique Omar »,
sans autre activité que de lire ou entretenir le vélo. Du repos à pas cher.
depuis Omar Beach... |
Entre Gênes et la Spézia, le
massif forestier des Cinq Terres est une cassure dans la continuité urbaine de
la côte ligure ; pour moi, malgré les côtes, c’est un bonheur.
Gênes |
"Cinq Terres" |
La Spezia |
Pas pour longtemps. La côte
toscane jusqu’à Pise est une longue piste cyclable droite et plate longeant des
plages de sable et égrenant les différentes marinas. Hôtels, campings et
restaurants aux odeurs de poissons grillés se succèdent au pied des « Alpi
Apuane ». Beaucoup de monde encore en ce début d’automne, et même un
carnaval à Viareggio. Ça fait du bien de voir des ambiances de fête après tant
de confinements.
En traversant la forêt côtière,
de nombreux cervidés coupent la piste. Autant d’animaux au même endroit ;
la saison du rut a commencé.
A Pise, la tour penche toujours.
Elle fait l’affaire des nombreux restaurants dont les terrasses envahissent la
rue piétonne.
En remontant l’Arno, je bifurque
vers l’Italie du centre. Les belles collines toscanes entrent dans mon viseur.
Une piste blanche semblable à celles de la course printanière de la
« Strade Bianche » conduit sur la grande place de Sienne. Deux fois
l’an s’y tient une course de chevaux datant du Moyen-Âge.
Je quitte la Toscane pour
l’Ombrie. Une voie verte fait le tour du lac Trasimène que je contourne par le
sud. Le vent fort fait mourir des vagues sur la grève, et les nuages
assombrissant les monts qui l’enserrent donnent à cette grande nappe d’eau un
air de petite mer ombrageuse.
Toscane |
lac Trasimène |
La montée sur Pérouse est assurée
par une avenue toute en virages à la circulation toute italienne. Un autobus
qui voulut me doubler dans une courbe se rendit compte au dernier moment que ça
ne passait pas et dut s’arrêter net. Il eut droit de ma part à un petit
moulinet de la main autour de la tête lui signifiant son inconséquence, et dut
patienter que je me rangeasse sur un trottoir libre pour passer. Non
mais !
Le centro storico propose de
belles vues sur les monts environnants, et les palais qui veillent sur les
ruelles tortueuses et pentues sont sublimes.
En filant vers le sud en soirée,
je plonge après Fratte Todina vers le Tevere. Un sentier de randonnée qui le
file rive droite me dévoile un superbe coin de bivouac. Je ne sais pas si tous
les chemins mènent à Rome, mais le mien mène au Tibre ; c’est déjà
ça.
Terni est située dans une
cuvette. C’est le début de mon ascension dans la montagne. A 1000 mètres d’altitude
Leonessa célèbre pendant le week-end la pomme de terre. La fête était annoncée
bien avant mon arrivée dans le village par les agriculteurs qui vendaient au
bord de la route des sacs de patates d’au moins dix kilos.
Je me demandais pourquoi le
centre-ville de Terni paraissait si désert, et pourquoi la montée vers le col
était si encombrée par les voitures et les camping-cars. J’ai compris en déambulant
dans la rue principale de Leonessa noire de monde ; les stands proposant
des produits régionaux étaient pris d’assaut.
Terni |
Leonessa |
Je rejoints L’Aquila par la
vallée de Borbona, puis remonte dans la montagne. Le Gran Sasso, qui culmine à
2910 mètres, reste invisible, caché dans les cumulus. Sur le plateau de Rocca
di Mezzo, à 1300m d’altitude, la nuit est bien fraîche, le thermomètre tutoyant
les températures négatives. Mais au réveil, la surprise est de taille : la
vue splendide de la chaîne toute blanche du Gran Sasso dominant en majesté les
Abruzzes.
Gran Sasso |
plateau 1300m |
Le spectacle continue, en sillonnant
les vallées de Giovenco, puis de Sagittario, avec lacs d’altitudes et villages
incroyablement pittoresques.
vallée du Giovenco |
Cocullo |
Anversa |
Villalago |
lac de Scanno |
Scanno |
lago di Barrea |
Dans ces Appenins vivent quelques
spécimens de l’ours brun marsicain, à priori très timide ; ça m’arrange.
La région de Molise est une
succession de petits monts où je peine à avancer.
Frosolone |
Castropignano |
Après le passage d’une dernière colline,
à 800 mètres de haut tout de même, je plonge vers les Pouilles.
dernière crapahute, et vue sur les Pouilles |
Le contraste est saisissant :
170 km de plaines pour rejoindre Bari, avec champs à perte de vue d’oliviers,
de vignes et de cultures céréalières.
En rejoignant la côte adriatique
à Barletta, je clos une traversée de l’Italie par le centre du pays. Je
bivouaque un peu avant la station balnéaire de Trani dans une zone maraîchère
juste au-dessus de la mer … de Omar Beach à Bari plages !
Trani |
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