Mes connaissances en la matière étant quasiment nulles,
le terme apprenti n’a me concernant rien d’une litote.
La journée de travail commence tous les matins à 8h par
la traite des vaches. Ces dames prennent souvent bien leur temps pour quitter
leur pâture mais une fois attachées, la ration de foin sec leur fera patienter
le temps que la trayeuse leur soulage les pis.
prêt... |
... partez ! |
Céline traie la plus âgée à la main |
On élève ici la race bretonne Pie-Noir, qui après avoir
été sauvée de l’extinction, à cause notamment de son petit gabarit peu propice
à la production en masse de lait, est devenue un gage de qualité pour ceux qui
consomment les produits issus de son exploitation, le « Gwell »
notamment.
Tous les habitants de la ferme ont droit à leur
petit-déjeuner : veaux, brebis non sevrées, poules ou cochons …
Pour les chèvres des fossés, race bretonne et normande elle
aussi sauvée de l’extinction, c’est à Logodec Xavier qui en est le maître
absolu.
Après avoir travaillé dans la fonction publique, puis en
tant que manager chez IBM en Europe de l’Est, ce Maître en Histoire a plaqué
une vie convenue pour se lancer dans sa Bretagne natale dans l’élevage caprin.
La salle de traite de sa future exploitation nécessite
une bonne rénovation ; en attendant Céline et Christophe lui cèdent une
partie de leur ferme.
du pain sur la planche... |
La traite se fait donc à la main. Le temps que j’en
finisse avec Diwell, Xavier s’occupe des sept autres.
Mais à ma décharge Diwell est de loin la plus productrice
… on se console comme on peut !
concentration maximale pour traire Diwell ... |
mais Xavier en termine déjà avec la septième :-( |
Le lait tout juste tiré des vaches et des chèvres s’en va
directement en fromagerie, attenante à l’étable.
En fonction des besoins, il est transformé en fromage (tommes,
cœurs, pavés…), « Gwell », crème aux œufs, riz au lait ou fromage
blanc.
Le lait caillé, séparé de sa crème (qui servira à faire
le beurre), et du sérum (réutilisé pour la fermentation), est le produit de
base de la fabrication des fromages, qui seront par la suite affinés chacun de
façon différente.
Après la production et la fabrication, il ne reste plus
que la vente : entre les marchés d’Auray le jeudi ou de Pluvigner le
samedi, les Amaps constituent un autre débouché pour vendre des produits qui de
A à Z sont contrôlés par une même et seule personne. Plus qu’un gage de qualité
c’est un bonheur de vivre et d’assister au quotidien à l’élaboration d’une
agriculture écologique.
La Bretagne est parfois montrée du doigt pour ses
élevages de porcs polluants (et qui est une réalité) mais on sait heureusement
produire autrement.
en mode wwoof également, Louise ... |
... et Marianne |
Je m’échappe un temps sur la côte.
Auray |
Etel |
Port-Louis |
Lorient |
Erdeven fut en 1974 le théâtre d’une lutte acharnée pour
empêcher la construction d’une centrale nucléaire en plein milieu du cordon
dunaire. Les habitants obtinrent finalement gain de cause et une main verte
surmontant une souche d’if fut plantée en 1975 à la place de l’usine en signe
de victoire.
Ce week-end pascal est l’occasion de fêter les 40 ans de
cet évènement ; je me joints à la « vélorution » en compagnie de
nombreux autres cyclistes jusqu’au site de la main verte.
Je reprends les tâches
quotidiennes à la ferme.
mouton de Ouessant, toujours aussi impassible |
Selon l’adage bien connu de
tout chimiste en herbe, rien ne se perd rien ne se crée à Logodec. Les surplus
alimentaires sont délivrés aux cochons qui grognent de plaisir en se
précipitant vers la mangeoire dès qu’ils me voient déambuler avec le seau
rempli de pains trempés au sérum.
Même les humains contribuent au
recyclage de la matière. De sèches toilettes récupèrent nos fèces ; fesses
délicates s’abstenir.
Une naissance discrète a eu
lieu pendant la nuit ; Holen a mis bas seule et le nouveau veau est
adorable.
Beau cadeau d’anniversaire pour
Christophe qui peut approcher et caresser ce petit être sans que sa mère s’en offusque.
Ainsi coule paisiblement la vie
à la ferme.
Moi qui voyageant à vélo tente
de me déplacer autrement, cette expérience à Logodec m’a fait rappeler que l’on
pouvait consommer autrement.
Pourquoi faire voyager un pot
de yaourt aux quatre coins du monde quand on peut manger une crème aux œufs au
goût divin (et mes papilles en salivent encore !) produite à côté de chez
nous.
Merci à Céline et Christophe et
à toute la petite famille d’ouvrir les portes de la production raisonnée ;
il ne tient qu’aux visiteurs de la relayer…
En jetant un dernier œil aux
veaux dont le box jouxte la cabane des wwoofers, je garde en mémoire l’autre
grand avantage de l’élevage à petite échelle : le bonheur des animaux.
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