La côte bretonne, escarpée, propose parfois de jolies
grimpettes, mais l’intérieur n’est pas en reste.
Les collines usées du massif armoricain, que l’on
appelle ici pompeusement montagnes, et qui culminent à moins de 400 mètres
d’altitude, possèdent une jolie collection de montées-descentes qui on su
forger, sinon le mental, au moins les mollets, de bien des champions cyclistes,
Hinault en tête.
Le domaine de Trevarez, blotti au pied d’un des sommets
des montagnes noires, a peine à se faire distinguer dans cette monotonie de fin
d’hiver.
Je hale Paulo le long du « canal de Nantes à
Brest » jusqu’à Carhaix, puis me hisse à nouveau sur les plateaux
bocagers, où les talus parfois hauts de deux mètres offrent une protection
sommaire face au vent de nord-est glacial.
Châteauneuf-du-Faou dominant le canal |
routes de l'Argoat |
Les arbres, hibernant encore, aux bois tellement secs
qu’ils semblent morts, sont comme des rangées de candélabres dont je m’imagine
qu’on y a bouté le feu pour me réchauffer et me frayer un passage au milieu de
torches brûlantes.
Chimères. Chaque sommet de côte me rappelle Eole et ses
bises calment mes oniriques ardeurs.
Puis, passé Trébrivan, le paysage grisonnant devient
presque grisant ; les villages avec leurs enclos paroissiaux Renaissance
surplombent des ruisseaux clairs, des bois de résineux ont survécu à
l’essartage, et les landes de Locarn, réhabilitées pour préserver l’habitat des
balbuzards, offrent des points de vue sur les hauteurs d’Argoat.
landes de Locarn : vue sur les montagnes noires |
La cathédrale de Guingamp, étouffée dans le mini-centre
historique, passe presque inaperçue.
Celle de Tréguier, trente kilomètres plus au nord, dévore
la place de Martray. On ne voit qu’elle. Et encore, le cloître, un des plus
remarquables de Bretagne paraît-il, garde portes closes en ce lundi.
cathédrale de Tréguier |
Ce Christ en Croix, tout aussi original que le Christ
jaune de Pont-Aven, a été sculpté aux dimensions de l’édifice.
Sur cette même place, en face de la cathédrale donc, une
statue a été édifiée en l’honneur d’Ernest Renan, le célèbre philosophe né à
Tréguier le 28 février 1823.
C’est Emile Combes, alors Président du Conseil, qui vint
en personne dévoiler l’œuvre de Jean Boucher en 1903. Quand on connaît
l’anticléricalisme primaire du « Père Combes » (comme l’aimaient à le
surnommer ses adversaires), et que Renan fut l’auteur de « La vie de
Jésus », on peut imaginer que l’inauguration fut ressentie comme une
provocation par les gardiens bretons du dogme catholique.
Deux ans plus tard, la séparation de l’église et de
l’état était proclamée par la troisième République jeune de 35 ans, mais ça,
c’est une autre Histoire.
En gagnant la côte Nord, je ne perds pas au change niveau
paysages. Le vert bocage qui vient mourir de façon abrupte dans la mer aux
couleurs adriatiques est un enchantement que j’ai toujours plaisir à voir
renouvelé.
Petits ports et petites plages s’alignent comme les
perles d’un collier en montagnes russes que j’essaie de suivre au mieux.
Séquence sudations !
Perros-Guirec se donne des airs de villégiature très
cossue.
tout juste visible depuis la route le sémaphore |
Lannion est plus sobre, même si on s’y permet parfois
quelques fantaisies.
Morlaix, au fond de sa baie, est toujours aussi
charmante. L’immense viaduc en granit est venu enjamber le vieux centre
médiéval en 1864 sans demander l’avis aux nombreuses maisons à pans de bois de
la Grand’Rue qui étaient tout de même là bien avant lui.
Le buste de Charles Cornic fait lui face à l’océan pour
se rappeler son avatar morlaisien du dix-huitième siècle qui en tant que
corsaire dépouilla de nombreux navires anglais.
Je repars vers le sud en empruntant cette fois-ci la
vélodyssée qui suit le cours de l’ancienne voie ferrée entre Morlaix et
Carhaix.
J’y croise Jacqueline accompagnée de son perroquet Hito.
Ce Gris du Gabon, communément appelé
« Jacquot », est un animal très intelligent qui non content
d’enregistrer les paroles des gens qui l’entourent les restituent toujours à
propos.
Aucune parole n’est gratuite ; il appelle même le
chien pour qu’il vienne manger.
Il est également très joueur, et parfois très destructeur
avec son bec.
Hito est âgé de 47 ans, et peut vivre au-delà … de 100
ans ; un compagnon à vie !
Retour sur le canal jusqu’à l’abbaye de Bon-Repos avant de
grimper au dessous de la nationale pour avoir une brève vision du
lac artificiel de Guerlédan qui semble être à son étiage.
Mais la Place Napoléon le Grand de Pontivy, qui sert aujourd’hui de gigantesque parking, qui n’a pas de statue de l’Empereur, et qui de surcroit a été rebaptisée place Aristide Briand, fait bien pâle figure par rapport au new look de sa pendante vendéenne !
Carhaix, bien que paraissant peu médiévale, possède aussi
ses maisons à pans de bois, dont celle dite du Sénéchal en ardoise.
Retour sur le canal jusqu’à l’abbaye de Bon-Repos avant de
grimper au dessous de la nationale pour avoir une brève vision du
lac artificiel de Guerlédan qui semble être à son étiage.
La construction du barrage au début du siècle passé mit
un terme définitif à la liaison directe entre Nantes et Brest, et le trafic
commercial des péniches, déjà mis à rude épreuve par l’arrivée du chemin de
fer, périclita peu à peu.
Le Yonnais que je suis ne pouvait pas faire une nouvelle
pause à Pontivy. La petite cité de 3 300 habitants fut en effet transformée en
1802 en une ville moderne portant le nom de son créateur :
Napoléonville ; tout comme le petit bourg de la Roche/Yon devint à la même
époque Napoléon-Vendée.
Place d’armes, caserne, palais de justice, hôtels de
ville, lycée … les deux villes nouvelles sont construites selon le même plan en
damier autour d’une grande place centrale pouvant accueillir 10 000 soldats
Mais la Place Napoléon le Grand de Pontivy, qui sert aujourd’hui de gigantesque parking, qui n’a pas de statue de l’Empereur, et qui de surcroit a été rebaptisée place Aristide Briand, fait bien pâle figure par rapport au new look de sa pendante vendéenne !
Mais à sa décharge, la vieille ville médiévale bretonne
autour de son château quasi intact des Rohan et de ses maisons particulières de
la Place du Martray a une autre allure que la petite place de la Vieille
Horloge et du mur d’enceinte esseulé surplombant le Yon.
C’est en longeant le Blavet, canalisé jusqu’à Hennebont,
que je rejoins Lorient sous un crachin local que je désespérais presque de ne
pas avoir encore bu depuis mon départ.
Le chemin de halage est heureusement bitumé m’évitant
d’éventuels engluements sur des pistes de terre.
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