Au rond-point de sortie d’Arica, le panneau indique
les deux pays frontaliers qui ont encore des vues sur cet extrême nord chilien
: le Pérou par orgueil patriotique et la Bolivie pour récupérer son accès à la
mer.
C’est qu’en 1879 la guerre du Pacifique qui oppose le
Chili d’un côté, et l’alliance bolivo-péruvienne de l’autre, a permis aux
Chiliens d’étendre leur territoire jusqu’aux frontières actuelles tout en ayant
la main mise sur les ressources de salpêtre.
Je rentre à nouveau au Pérou, par la grande porte
cette fois-ci. On me déroule le tapis. Pas le rouge. Mais le gris roulant où je
dois déposer tous mes bagages pour les passer au scanner. Peu agréable surtout
quand le chargement du vélo s’est fait il y a à peine 15 kilomètres. Mais bon
les douaniers sont ici sympas.
Je roule sur la panaméricaine qui s’écarte
progressivement de la mer pour rejoindre Tacna. Longs faux-plats dans le désert
… étape sans charme.
Passé les faubourgs Tacna dévoile un petit centre agréable
autour de la cathédrale et d’une fontaine attribuée à Eiffel.
Un petit musée d’histoire qui met en scène les héros
malheureux de la guerre du Pacifique, et un autre sur les trains avec de belles
photos noir et blanc sur les plus hauts ponts du monde ainsi que d’antiques
chignoles sur rails.
Je quitte la ville après midi. La panaméricaine
m’ayant peu convaincu je repars à l’assaut de l’altiplano.
L’ascencion commence dès les faubourgs. Un premier bivouac trouvé à l’abri
de la route. Puis la montée reprend dès 6h30 avec un soleil déjà haut et déjà
fort. Car en changeant deux fois de pays mon horloge a failli s’affoler. Une
heure de perdue au Chili, et deux de regagnées au Pérou ; le jour est devenu
hyper matinal.
La route au pourcentage régulier longe une vallée
sèche encadrée de montagnes arides.
Au kilomètre 50 me voici déjà à hauteur du Galibier.
Les provisions en eau fondent à vue d’oeil, et quand un chauffeur de camion me
tend un litre je prends sans hésiter.
Je m’arrête assez tôt le deuxième jour, à l’abri du
vent dans une maison abandonnée sans toit, afin d’éviter de trop boire sous le
soleil déjà bien présent.
Il ne me restait plus que 3 kilomètres avant de passer
le col et d’avoir une vue panoramique sur la cordillère.
J’arrive rapidement à Tarata, petit bourg au pied de
la montagne. Je remplis les sacoches d’eau et de provisions, puis me rends à
l’hôpital pour changer le pansement.
Et là, mauvaise surprise. L’infirmière découvre un
tout petit bout d’os à la surface de la plaie. Je comprends mieux pourquoi elle
avait du mal à cicatriser, la blessure.
Comme je ne sais pas quelles autres surprises réserve
l’(inutile) opération du bon docteur Lascano, dont l’intervention au chevet de
mon auriculaire ne restera tout de même pas dans les annales de la chirurgie
moderne, je ne mets pas très longtemps à décider d’arrêter le voyage et de
rentrer en France.
dernière rencontre du bord de route |
une belle vallée plus verte |
descente vers Tarara ... le voyage s'arrête là où se perd la route |
Un collectivo me ramène à Tacna, puis un bus de nuit à
Lima. De la capitale péruvienne je réserve un billet d’avion pour Nantes où la
clinique de la main saura j’espère défaire tout ce qui a été mal fait.
Dernières images, en mode touriste, à Lima...
Paulo fin prêt à prendre l'avion |
De ce voyage je ne retiens que le verre à moitié
plein. C’est vrai que j’avais prévu d’aller un peu plus loin, mais je ne
m’étais pas non plus fixé d’objectif à atteindre absolument, sachant à l’avance
toutes les surprises, bonnes ou mauvaises, que tendent à réserver ce genre
d’aventures.
Inutile de tergiverser : la Patagonie a été pour moi
le point d’orgue de ce périple sud-américain. Bien qu’y ayant souffert du vent
et du froid, les paysages andins grandioses ainsi que les déserts de la côte
atlantique ont fait de la bicyclette le meilleur moyen de déplacement pour
visiter ces espaces sauvages.
Je garde en mémoire les nombreux bivouacs dans des
endroits inouïs avec couchers et levers de soleil en bonus.
Préparé depuis quelques temps déjà à l’éventualité
d’un retour, j’ai eu le temps de penser à la continuité de ce projet.
Les nombreuses rencontres avec d’autres voyageurs
venant de continents divers me laissent que l’embarras du choix pour poursuivre
l’errance cyclopédique sur les routes ou pistes du monde.
Mais l’Amérique, c’est certain, j’y reviendrai un jour
!
Merci à tous d’avoir suivi ce blog … et au suivant
!
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