Quitter
l'agitation de Puerto Montt pour la tranquillité de Chaiten en 9
heures de trajet en ferry me donne l'impression de remonter dans le
temps : je retrouve la carretera austral, cette fois-ci pour en
découdre.
Puerto Montt
Cette
route qui fut initiée par le dictateur Pinochet pour désenclaver la
région de l'Aysen fut un réel travail de titan qui par ses
opérations de dynamitage coûta la vie à quelques uns des ouvriers
qui la réalisèrent.
Aujourd'hui
l'itinéraire relie Puerto Montt à Villa O'Higgins, mais le chantier
n'est pas terminé, car si l'Argentine venait à fermer ses
frontières alors le sud du Chili ne serait plus relié au nord par
voie terrestre : une vraie épine dans le pied de la
souveraineté nationale.
L'emprunter
à vélo est devenu un classique, même si son revêtement en terre
demande un effort permanent ; mais il faut en profiter vite, car
le bitume arrive à grands pas.
Petit
retour en images :
Villa O'Higgins : en route vers le nord
premier lac, qui se traverse par un ferry public
la route semble vouloir monter direct vers la langue du glacier
premier col, long de 5 km
pour longer le Baker, il faut parfois prendre de l'altitude
et puis ça redescend
des paysages toujours splendides
des eaux turquoise
plongée vers le lago Bertrand
en route vers le lac General Carrera
la route disparaît : le pourcentage fut démentiel
sous le soleil, c'est toujours mieux
du bitume à partir de Cerro Castillo
itinéraire plus champêtre autour de Coyaique
que de distances
Chaiten
est devenue célèbre à cause du volcan (considéré jusqu'alors comme éteint) qui la détruisit
en 2008 ; le gouvernement planifia la reconstruction de la ville à
plusieurs kilomètres du sinistre.
Il pleut à verse quand j'y débarque ce vendredi matin. Un temps à se réfugier dans la bibliothèque, mais les gens que je croise me disent qu'elle n'existe plus (ou pas?). Tant pis.
Il pleut à verse quand j'y débarque ce vendredi matin. Un temps à se réfugier dans la bibliothèque, mais les gens que je croise me disent qu'elle n'existe plus (ou pas?). Tant pis.
Les
cinquante premiers kilomètres se font sur de l'asphalte plutôt
plat. Ensuite je retrouve la route en terre qui part bien vite à
l'assaut d'un petit col.
Premier
bivouac dans un camping sans résident, mais le propriétaire qui
attend le bus pour passer le week-end à Chaiten m'autorise à
planter la tente sous cet abri, ce qui n'est pas du luxe.
Ah si seulement le campement pouvait se monter aussi vite qu'un clic de la souris !
Le
deuxième jour est également pluvieux, et le bivouac se fait cette
fois-ci au bord du rio Futaleufu, dont les rapides en font un des
trois lieux le plus prisé au monde pour la pratique du rafting et du
kayaking (dixit la brochure).
J'ai
bien du mal à quitter la tente le matin car la pluie n'a pas cessé
depuis la veille au soir. A midi je prends mon courage à deux mains
et m'en vais affronter les éléments.
La
pluie devient verglacée au bout d'une heure de route et les arbres
situés plus en altitude ont été blanchis par la neige matinale.
Bigre, l'hiver se réveille de bonne heure dans ces contrées !
Je remonte le cours du rio et aperçois dans un coude des courageux venus se frotter aux rapides en ce dimanche très glacial ; mais pour m'y être lavé ce matin c'est de loin dans l'eau de la rivière qu'il fait le moins froid.
Je rejoins le village de Futaleufeu en soirée qui sous la grisaille apparaît mois paradisiaque que ne le laissent supposer la brochure.
Les
backpackers échoués là se demandent bien ce qu'ils y font en ces
températures hivernales, comme cet Israélien qui s'est réveillé
ce matin sous la neige transformée en glace avec le froid ;
finalement j'étais plutôt bien plus bas dans la vallée.
En
gagnant la frontière le lendemain je quitte le sud du Chili qui
m'aura permis de découvrir de superbes paysages sauvages.
Je
retrouve l'Argentine avec ses longues lignes droites souvent
difficiles par vent contraire. Mais le temps est aujourd'hui
printanier et c'est un régal de rejoindre Trevelin par ces pistes
ensoleillées.
les dameuses ont repris du service
La
petite ville d'origine galloise est un long village-rue que je
traverse à midi pour rejoindre ensuite sa voisine Esquel distante de
20 kilomètres.
moulin gallois
Le train pour El Maiten, qui possède une des voies les plus étroites au monde, n'est plus guère utilisé que pour le tourisme.
Esquel est aussi la ville du chocolat : je me devais d'y passer
Esquel est aussi la ville du chocolat : je me devais d'y passer
« nous
ouvrons quand nous arrivons
nous
fermons quand nous partons
si
vous venez quand nous ne sommes pas là
c'est
que nous ne nous rencontrerons pas »
Surplombant
la ville, le lac de Zeta est d'un calme absolu, avec vue sur la
station de ski La Hoya aujourd'hui sous les nuages.
Visiter une ville argentine, c'est également faire une remontée dans l'histoire de l'automobile française :
Indémodable la dodoche.
Peugeot est présent avec la 504
Mais Renault tient la dragée haute, la 11, la 18...
Visiter une ville argentine, c'est également faire une remontée dans l'histoire de l'automobile française :
Indémodable la dodoche.
Peugeot est présent avec la 504
Mais Renault tient la dragée haute, la 11, la 18...
Mais la grande vedette, c'est la 12, celle que l'on voit le plus ; un peu démodée maintenant, mais peut-être que le design sera repris dans le futur. « Renault lance son nouveau modèle de véhicule à coussin d'air : l'aréodouze ! »
Le
2 avril est férié en Argentine, rapport avec la guerre des
Malouines : ces panneaux qu'on trouve partout dans le pays n'ont
cesse de réclamer la souveraineté sur ces îles britanniques.
Esquel se remet à vivre en soirée. J'y apprends la nouvelle du tremblement de terre qui a touché le nord du Chili. Les vidéos montrant le signal d'alarme ont permis de se rendre compte de la rapidité de l'évacuation des villes concernées.
Sur
les côtes atlantiques et pacifiques toutes les rues ont une
signalétique claire indiquant les zones de refuge en cas de tsunami,
ainsi que la ligne au delà de laquelle les vagues les plus hautes
sont sensées ne pas aller.
Difficile
de ne pas être concerné quand on bivouaque autour de ces régions
sismiques.
Aujourd'hui
c'est la floraison exceptionnelle (tous les 70 ans) d'une plante
locale (la Caña Colihue)
dans le Parc National de Los Alerces qui m'interpelle. Car elle
implique une surabondance de nourriture pour les rongeurs de la forêt
qui se multiplient de façon exponentielle. Comme certains sont
porteurs de l'Hantavirus, transmissible à l'homme par l'inhalation
de particules contenant excréments ou salive, le camping est
interdit dans toute la zone du parc par mesure de précaution. Longue
journée de vélo donc en perspective.
Je
m'astreins le lendemain à un départ très matinal auquel je n'étais
plus habitué. La route 71 qui me mène après 40 kilomètres à
l'entrée du parc est couverte de brume, signe de journée
ensoleillée.
Une
route de terre prend le relais en essayant de suivre au mieux les
rives des lacs Futaleufquen, Verde et Rivadavia, me ménageant malgré
tout de belles grimpettes dans un décor somptueux.
Quasiment personne, si ce n'est un chien errant qui m'accompagne pendant plus de 8 kilomètres, avant de jeter l'éponge en plongeant vers le lac pour se désaltérer.
Quand à
la sortie du parc la vallée s'élargit, je m'arrête pour la nuit
dans une zone aérée à l'abri des rongeurs et de l'Hantavirus,
après une superbe étape de 110 kilomètres bien casse-pattes mais
réjouissante sous ce beau soleil d'automne.
Faire étape à Cholila, c'est plonger dans l'histoire du western américain. C'est en effet à une dizaine de kilomètres de cette petite ville que le gangster Butch Cassidy décida de s'établir en 1901 pour fuir les détectives de l'agence Pinkerton.
Avec
sa compagne Etta Place et son complice Sundance Kid, ils
construisirent un ranch au pied des montagnes andines pour se faire
oublier des chasseurs de prime.
au milieu des arbres, les cabanes du ranch
Aujourd'hui les quelques cabanes du ranch ont été laissées en l'état. Mauricio qui fait brouter ses chevaux à l'entrée du site se présente comme un descendant direct de Butch Cassidy. Mouais. Je pense plutôt qu'il essaie de me soutirer quelques pesos.
Pour
y croire vraiment, voici donc cependant Mauricio et Enzo Cassidy
devant le ranch de leur célèbre ancêtre.
Mais faire étape à Cholila, c'est aussi l'éventualité de croiser une autre personnalité, celle-ci bien vivante, sur la route qui longe ce décor hollywoodien.
L'info m'avait été donnée à Chiloé par une petite famille d'origine nantaise en voyage en camping-car. Mais quand on se présente comme Français les gens du coin ne tardent pas à vous faire savoir qu'un célèbre chanteur y habite une estancia depuis une douzaine d'années. Car en plus de celle de Camarones, où il ne vit donc quasiment pas, Florent Pagny possède par le biais de sa compagne une autre estancia, ici, à Cholila.
Je
me devais donc de compléter l'information acquise sur la côte
atlantique, avec cette fois-ci une photo de l'estancia, ou du moins
de l'entrée, qui sous ses apparences d'hôtel n'est en fait qu'une
petite guérite d'accueil : le logement moins spartiate est au
bout du chemin.
En
continuant ma route vers le nord, je ne tarde pas à retrouver le
cours de la Ruta 40. Une autre époque se dessine au bord du chemin
entre Epuyen et El Bolson, celle des Hippies, avec ces nombreuses
« chacras » où l'on produit de nombreux délices tirés
de l'exploitation des arbres fruitiers.
Depuis quelques jours il pleut dans toute la Patagonie, phénomène assez peu habituel me dit-on. Et ce lundi à El Bolson il n'y a pas eu une minute de répit.
Je reprends la route demain vers le nord, en espérant sinon une accalmie, au moins seulement quelques averses.
Je suis assurément au milieu de l'automne, avec quand il fait soleil, de superbes variations de couleurs...
à Chaiten, le plafond est si bas que les rapaces chassent au niveau du sol
pistes pour Trevelin : le jaune est au premier plan
Esquel...
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