En prenant la piste vers
le nord pour le lago del Desierto, situé à 34 kilomètres d'El
Chaltén, je m'engage dans un cul de sac … pour les voitures
seulement. Voire.
Le lendemain matin je
reprend la piste qui s'est muée en sentier muletier. Le chemin
serait presque cyclable, mais son étroitesse et sa déclivité
m'obligent à pousser Paulo, avec même quelques portages de sacoches
pour alléger la charge.
Après un dernier regard
sur le lac le sentier se fait moins raide. Quatre passages de rivière
m'offrent quelques bains de pied rafraîchissants. Paulo hésite un
peu à s'engager, mais si, aujourd'hui, c'est permis.
Malgré ma progression
difficile (5h pour moins de 6 kilomètres de sentier) l'épreuve sera
moins difficile que l'enfer vert de Batuva (7h30 pour 6 kilomètres) ;
pas d'effet de surprise non plus, car cet itinéraire avant tout
pédestre qui relie le Parc des Glaciers à la carretera australe est
désormais bien connu des cyclotouristes.
Une belle descente de 6
kilomètres sur une mauvaise piste conduit au poste chilien, puis au
lac O'Higgins que je traverse en presque trois heures à bord d'un
nouveau ferry.
Le village de 500
habitants de Villa O'Higgins marque pour moi le départ de la
carretera australe, alors que pour les cyclistes que je vais croiser
durant cette première journée il en est l'aboutissement.
Deux couple de Français
d'abord (Toulouse et Lyon) qui se retrouvent sur la route par
intermittence. Leurs itinéraires respectifs sont un peu différents,
et il m'est toujours intéressant de collecter des avis différents
sur les pays que je vais traverser plus tard.
Une constante cependant :
le Vénézuela semble être le pays d'Amérique du sud où il faut
vraiment éviter de mettre les pieds … et les pneus.
Suivent ensuite
respectivement un Espagnol (dont les Français m'avaient parlé) et
un Chilien, que je croise au sommet d'un petit col qui nous a laissé
l'un et l'autre sur les rotules. Dur dur après des kilomètres de
plat de reprendre la montagne. Mais je m'y fais vite.
Au bout de l'étape, un
autre ferry que je prends in extrémis rejoint en 40 minutes la
petite localité de Puerto Yungay.
Passer Tortel et son
alignement de maisons sur pilotis accessibles seulement par un réseau
de passerelles longues de plusieurs kilomètres est un détour
aller-retour de 45 kilomètres qui vaut la peine, même si le site
pittoresque serait plus alléchant sous le soleil.
Les cyclistes croisés
chaque jour se font de plus en plus nombreux. Petite pause-café à
l'abri d'un petit refuge avec Fred et Ophélie qui voyagent en vélos
couchés … et il est bien difficile de repartir à l'assaut d'une
côte à 12%.
Très sympas aussi ce
couple de Suisses, Stefan et Magali, accompagnés pour plusieurs étapes par le père
de Stefan qui s'essaie au cyclotourisme sur la carretera
australe : le ripio, il s'en souviendra !
Le soleil finit par
m'accompagner jusqu'à Cochrane, et mes premiers tours de roue sur
cette piste parfois peu avenante au trafic routier peu important sont
un véritable enchantement.
pêcheurs à la mouche sur le Rio Mayer
lago Cisnes
rioBravo
Laguna Larga
Rio Baker
Des cols longs parfois de
5-6 kilomètres me font prendre un peu de hauteur et me donnent
l'impression d'avoir juste à lever les bras pour toucher le condor.
Magnifique.
A Cochrane se déroule un
festival de deux jours autour de la culture gaucho :
démonstration de tonte de moutons, dégustation, concerts … et
rodéos ; je suis complètement raccord avec ces cavaliers qui
essaient de rester accrochés à leur selle : le ripio de tôle
ondulée constitue mon cheval récalcitrant.
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