mardi 8 juillet 2014

mines d'hier et d'aujourd'hui



Trouver la route d’Uyuni dans les rues pentues de Potosi n’est pas simple. J’ai beau avoir cherché l’itinéraire sur le web, la réalité sur le terrain est bien différente, surtout quand l’avenue qui doit m’y mener est en travaux: Après plusieurs demandes, où chacun n’est pas forcément du même avis, je finis par trouver un panneau directionnel alors que je suis quasiment sorti de la ville. 

 



Depuis mon arrivée nocturne à Potosi, j’ai changé mon plan de route. Je ne descends plus vers Santa Cruz et le Chaco à l’est du pays. Je préfère rester en hauteur, et prends la route du salar, que je comptais visiter en dernier.

C’est la route 5 qui m’y emmène, récemment bitumée.



L’itinéraire qui reste autour des 4000 mètres n’est pas plat. C’est une succession de up and down avec quelques passages au bord de plateaux où règne un élevage extensif de moutons et de lamas.










Les paysages variés surprennent cependant à ces altitudes, avec de nombreuses vallées presque riantes qui s’insèrent entre des crêtes plus désertiques.







 
Je découpe les 210 kilomètres entre Potosi et Uyuni en trois étapes, et m’arrête la nuit dans les villages où les logements à deux euros me dissuadent de monter la tente dans le froid.


 
Une pièce sert de dortoir ; pas d’eau ni toilettes : le confort n’y est pas toujours de mise dans ces endroits reculés.

Mais de nombreux travaux sont en cours, avec l’aide parfois de l’Union européenne, pour y faire venir par exemple l’eau de façon permanente ; la Bolivie est un pays en pleine construction. 



A Tica Tica, les habitants principalement éleveurs sont descendants de peuples indiens d’avant la conquête. Je loge dans une pièce en adobe avec toit isolé grâce à de la paille qui me préserve bien des températures négatives.



La dernière étape est on ne peut plus froide. L’eau du bidon gelée de la nuit sera encore glacée à midi malgré le soleil.



Les premiers kilomètres sont en faux-plats mais le vent de nord-ouest me fait face toute la journée et se renforce lors de la montée interminable sur le bord du plateau vers Pulacayo.

 
Je n’avais pas prévu d’y faire étape, mais lorsque le sympathique retraité qui garde l’entrée du musée me propose de m’installer pour la nuit dans le petit bureau de l’accueil, je ne me fais pas prier.




Pulacayo est une ancienne ville minière qui connut son apogée au milieu du 20ème siècle. 5000 mineurs y travaillaient, ce qui avec femmes et enfants formait une ville de 20 000 habitants. Les 300 habitants actuels et les nombreuses maisons abandonnées ne sont plus que les fantômes d’une époque révolue, où la ligne de chemin de fer permettait le transport de toutes ces richesses vers le port chilien d’Antofagasta.


Octavio me montre un cahier où sont inscrits les noms des ingénieurs des annés 1900, que l’on recrutait d’Italie, de Yougoslavie ou des Etats-Unis, avec un salaire conséquent.

Des ateliers de transformation du fer où il travaillait existaient aussi, et je sens dans la façon dont il me raconte sa vie passée la nostalgie d’un temps oublié.

l'atelier de métallurgie



Le lendemain matin, je débute la visite du village à ses côtés.

 
 Les trains d’origine nord-américaine laissés en l’état…

 

 … celui-ci fut attaqué par Butch Cassidy, qui après s’être rangé du banditisme à Cholilla, en Argentine, est venu reprendre du service en Bolivie … pour y trouver la mort.

 
 L’entrée de la mine, qui n’est aujourd’hui gérée que sous forme de coopérative, accueille chaque jour à peine 10 ouvriers.

 
 Je poursuis seul dans les rues quasi désertes du pueblo, véritable musée à ciel ouvert, où on à peine à imaginer la vie trépidente qu’il y régnait il y a seulememt quelques années.  

cette maison fut aménagée en bowling pour les ingénieurs étrangers

un cinéma, qui connut des heures glorieuses

une rue abandonnée






Le tourisme risque de redonner vie à Pulacayo, situé à seulement 20 kilomètres d’Uyuni, que je gagne rapidememt à midi après une petite descente avec vue sur l’immense désert de sel, objet d'une prochaine étape…



Uyuni, au pied du salar...

... où le Dakar fit étape en début d'année


vendredi 4 juillet 2014

(pas) au top à Potosi



Entre La Quiaca et Villazon, l’ancienne voie ferrée est le théâtre d’une procession permanente de transporteurs pédestres de marchandises. Ce sont des Boliviens qui importent des produits bon marché argentins pour qu’ils soient revendus dans leur pays. Chaque cargaison leur rapporte environ 10 bolivianos (1 euro). Et comme pour eux la frontière ferme à midi, ils courrent charriot vide dans les rues de La Quiaca en quête de marchandise afin de faire le maximum de passage ; les zones frontières occasionnent souvent quelques trafics avantageux.



Villazon est plus grande que sa voisine argentine. J’y échange mes derniers pesos argentins contre des bolivianos. Le cours des deux monnaies est quasiment identique. La conversion n’en sera que plus facile à faire.


 

La première (mauvaise) surprise sur cette route bolivienne est que le vent y a ses quartiers. Quasiment de face pour commencer. Je fais étape à l’abri d’une colline … un peu pierreux tout de même ce premier bivouac.




En longeant quelque temps un canyon, je retrouve un paysage un peu similaire à la Quebrada de Humahuaca, avec de petits villages aux maisons d’adobe sur les flancs des montagnes.




Tupiza est ma première ville bolivienne. 



 Agréable bien que venteuse, j’y prends mon premier repas auprès des vendeuses de rue qui proposent empanadas ou autres galettes de maïs pour quelques centimes d’euros. Un régal.   
Pas de grande distribution ici, mais des marchés couverts où les pneus de vélo font face aux pâtes ou épices et les vendeurs de chaussures aux marchands de fruits … bien loin des malls des grandes villes.




Tupiza, c’est aussi une base de départ de plus en plus courue pour aller explorer le désert du Lipez et le salar d’Uyuni en 4/4. C’est pourquoi j’y croise Flavien, quasi Vendéen, accompagné de Cécilia, son hôte couchsurfeuse, qui partent le lendemain faire l’excursion de 3-4 jours.
Je reprends quant à moi la route vers le nord, en montant toute la matinée pour m’extraire de la cuvette où s’est nichée Tupiza, et en descendant l’après-midi jusqu’à Cotagaita où je fais étape. Je suis cette fois-ci le seul occidental à déambuler dans les rues de ce grand village où je m’approvisionne en victuailles à la feria du dimanche matin avant de reprendre la route vers Potosi.

descente vers Cotagaita

j'ai l'impression de me voir laver mon linge 

 Cotagaita


La circulation est peu importante, et le cadre est plutôt bien agréable. L’étape est cependant casse-pattes, à l’image de cette côte de 7 kilomètres après le village de Tumusla.


Vitichi


Ma carte indiquait un chemin de terre. Mais comme en Argentine ou au Chili, les ouvriers sont à l’oeuvre pour bitumer les pistes.




Je trouve cette fois-ci à camper au bord d’un oued à sec sur un sol sableux plus agréable que la pierre.




Je gagne le lundi midi un petit village après une longue montée le long d’une vallée. Au premier petit restaurant, je demande si je peux voir la retransmission du match de l’équipe de France. Impossible. Pas d’antenne. Qu’à cela ne tienne. On m’envoie dans la maison d’à côté, où sont assis devant un écran plat quatre ouvriers en train de manger.


-          ¿ Ola, estoy francés, yo puedo ver al partido ?



Bon, mon entrée ne fait pas un tabac. Je m’installe tranquillement dans un coin.

Les Boliviens réagissent plus vivement aux occasions des Nigérians qu’à celle des Français. Mais l’ambiance reste très feutrée.



A la mi-temps, je retourne manger au restaurant. Pour 1,5 euros, j’ai droit à une soupe bien garnie et un plat de poulet au riz tout aussi copieux, le tout servi en 20 minutes. Ce qui me permet de ne rien perdre du match, et de savourer en silence la victoire des Bleus. Seul le Grand Schtroumph jubile dans la sacoche.



J’attaque à 14 heures la fin de l’étape. Une montée plutôt raide de 14 kilomètres me mène au sommet du plateau.





Un routier semble y observer une scène de loin. C’est en descendant que je tombe sur ce qui semble être une grève de mineurs, qui bloque le trafic, mais qui heureusement se termine. Je me faufile entre les cars et les voitures pour m’extraire au plus vite de ce plateau devenu glacial une fois le soleil caché.

Mais j’ai bien du mal à en voir le bout. On est ici à bien plus de 4000 mètres d’altitude, et les efforts consentis sur ces dernières montées en faux-plats interminables me coupent littéralement le souffle. J’atteints le bord du plateau à la nuit tombée et plonge vers Potosi où je m’arrête au premier petit hostel transi et complètememt exténué.



La première nuit ne fut pas réparatrice. Au coup de froid et aux difficultés à respirer s’ajoutent une sorte d’indigestion. Je reste donc quasiment deux jours tel un zombie à tenter de récupérer de cette arrivée nocturne fracassante.




Potosi est une grande ville agréable autour de ses ruelles bordées de nombreux édifices coloniaux.







J'y reste quatre jours, et en profite pour faire quelques visites, dont celle de la cathédrale, avec un guide bolivien plutôt amusant, qui me tape dans la main chaque fois que je lui donne une bonne réponse.


 



Au sommet de la tour la vue sur le Cerro Rico est imprenable. Cette montagne rendit fous les Espagnols devant les richesses qu’elle contenait. Elle est aujourd’hui le lieu de travail de nombreux mineurs aux conditions de vie difficiles.   

 




C’est par cette montagne que je suis arrivé ; j’espère que le retour

sur le vélo ne sera pas trop douloureux…