Je récupère le GR 364 après
Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, ayant déjà parcouru au printemps le trajet
entre Olonne/Mer et Chantonnay. Mais avec un Paulo chargé à son maximum, les
choses devraient se corser un peu.
GR 364...
Vouvant ; église romane
GR 364 à Vouvant
La première difficulté survient
dans la forêt de Mervent.
En longeant la Mère, juste après
cette photo, le sentier devenu très étroit fait quelques crapahutes dans les
bois, m’obligeant à plusieurs allers-retours : transport des sacoches en
deux temps, puis finalement le vélo. Séquence escargot.
Un deuxième contretemps survient
après l’Absie.
Après une descente tout schuss
sur une sente caillouteuse, le pneu arrière explose sans préavis. Le couple qui
habite la maison située de l’autre côté du ru ont cru à un coup de fusil. Mais
non, c’est juste Paulo qui s’éclate ! Pas de pneu 26 pouces disponible. Il
me reste plus qu’à effectuer une réparation de fortune (couture et chambre à
air renforcée) pour gagner après 30 km à la vitesse de la tortue Parthenay par
les petites routes.
Parthenay-le-Vieux
Le troisième embêtement se
manifeste sous la forme d’un couple de jeunes bovins qui ont quitté leur pâture
pour brouter dans le chemin. Le taureau, après hésitation, me passe devant pour
rejoindre le reste du troupeau ; mais la vache, elle, reste plantée dans
le passage.
Je laisse le vélo au bord du
sentier, contourne l’obstacle par le champ situé en contre-haut, et prends à
revers la jeune entêtée pour l’obliger à rebrousser chemin vers son compagnon. Mais
comme elle doit passer devant Paulo, et qu’elle en a une peur bleue, elle fait
demi-tour … et me fonce dessus. Il ne me reste plus qu’à l’esquiver ; je
tente une passe de torero qui ressemble plus à un lamentable plongeon dans le
fossé qu’à une quelconque figure de style.
La vache a détalé. Je la retrouve
plus haut dans le chemin, et elle finit par se carapater au travers d’un champ ouvert,
me laissant, enfin, la route libre.
Je repasse devant des villes et
villages déjà visité cet hiver, comme Jazeneuil ou Lusignan.
lac de Ménigoute
passage délicat de la Vonne
Jazeneuil
Au sud de Poitiers, l’itinéraire
emprunte des pistes cyclables très agréables, et je gagne La Roche-Posay posée
sur la Creuse après une ultime voie verte.
pampa poitevine
La Roche-Posay
A partir d’Angles/l’Anglin, je
change de direction (plein sud) en remontant le cours de la Gartempe.
Angles sur l'Anglin
C’est plus roulant que le GR !
Cette vallée est surnommée la « vallée des fresques », car les
nombreuses églises romanes qui jalonnent la rivière possèdent des peintures
remarquables, comme celle de l’abbaye de Saint-Savin.
Saint-Savin
Antigny
église d'Antigny
château de Bois-Morand
Montmorillon
A partir de Montmorillon, la
rivière devient plus impétueuse. Quelques rapides, comme au Roc d’Enfer par
exemple, en font un spot de kayak très réputé.
saut de la Brame ; un bel endroit pour le bivouac
entrée dans le Limousin
chapelle Sain-Martin
Je fais une pause à Bellac, et
découvre une charmante cité charpentée autour d’un émissaire de la Gartempe, le
Vincou.
Une courte étape vers l’est, qui
passe par Châteauponsac, se termine aux portes de la Creuse par une pluie
d’orage interminable. Je trouve à bivouaquer en urgence auprès d’un lac à côté
d’un camping fermé.
Châteauponsac
déjà l'orage menace
La dernière étape vers la source
de la Gartempe se fait sous le soleil. Autour de Fursac et du Grand Bourg, la
rivière prend l’allure d’un tranquille cours d’eau de haut bocage. Les prés
chantent les meuglements des taureaux qui se répondent d’un champ à l’autre.
avant Fursac
Saint-Silvain
Puis en grimpant encore par des
routes toujours plus petites, c’est parfois un petit torrent que je longe sans
déplaisir, et qui abrite, chose rare en France, des spécimens de saumon
atlantique.
A Maisonnisses, je gagne une
« prairie d’altitude » à 500m de hauteur. Un dernier crochet par
Lépinas, et j’oblique plein nord vers le hameau de Petillat, où la Gartempe
prend sa source.
la Gartempe, au sortir de la source
Je quitte à regret cette vallée
des fresques et plonge à Bourganeuf par la route touristique. La cité médiévale
est dominée par la tour Zizim, qui fut construite pour accueillir le prince
ottoman en exil Djem, fils de l’empereur Mehmet II.
tour Zizim au premier plan
ancienne gare
A une dizaine de kilomètres,
Soubrebost est la ville natale du maçon creusois Martin Nadaud, célèbre pour
avoir prononcé en 1850 à l’Assemblée nationale : « à Paris, quand le
bâtiment va, tout va ».
Mais avant d’être député, il
participa à la migration des maçons de la Creuse pour aller construire Paris.
Les conditions de travail éprouvantes de l’époque (logements insalubres, manque
d’hygiène, accidents fréquents…) sonnent comme à un écho à ce qui se passe
encore aujourd’hui.
(vidéo de "Marie s'infiltre" sur Dubaï)
L’histoire est un perpétuel
recommencement.
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