mardi 13 mars 2018

en louvoyant vers l'Est

En quittant Vichy, je n’en n’ai pas totalement fini avec le Massif Central. Les hauteurs du Bourbonnais se dressent à l’horizon.



A plus de mille mètres d’altitude on parle encore de montagne, dont Châtel, aujourd’hui village d’artistes, fait office de capitale. L’église romane fut construite au XIIème siècle par les moines bénédictins de Cluny.



le Bourbonnais ; en montant vers le col


Passé un col à 700 mètres d’altitude la plongée vers la Loire me laisse les membres engourdis.


la Loire


Le château de La Clayette, presque tiré d’un conte de fée, annonce déjà la Bourgogne.




En Saône-et-Loire les montagnes sont des collines verdoyantes lumineuses ; elles cachent l’abbaye de Cluny qui à partir de l’an mil fut un centre de rayonnement pour l’Europe.


Saône-et-Loire



Cluny...



Chalon, le long de la Saône, est pleine d’animations en ce jour de marché dominical.


Chalon-sur-Saône





Un peu avant Beaune, je croise la route de Léonie, allemande au français parfait, qui se dirige plein sud en longeant rivières ou canaux.
Elle est charmée par les paysages d’hiver, à la lumière incomparable, et je ne peux qu’acquiescer.




Beaune


Une pluie printanière m’accompagne le long de la vallée de la Rhoin jusqu’au sommet des Côtes d’Or.




Puis je plonge vers le canal de Bourgogne partiellement gelé, dont le halage me conduit à Dijon.


canal de Bourgogne


Dijon...

palais des ducs et des Etats de Bourgogne

couvent des Bernardines


Des collines surplombant la ville naissent le sources de la Seine. Je m’y faufile par de petites vallées propices au bivouac jusqu’au site de la bataille d’Alésia.


vallée de la Suzon 

vallée de l'Oze ; site de la bataille d'Alésia


En haut de l’oppidum trône la statue de Vercingétorix, érigée en 1865 par Napoléon III. Le visage du chef gaulois aurait les traits de l’Empereur. Ce mimétisme facial fut sans doute fatal au neveu de Bonaparte. Vercingétorix fut défait par César à Alésia en -52 ; la défaite de Sedan vingt siècles plus tard sonna le glas du second Empire.





Je quitte la Bourgogne par l’Yonne lors d’une fraîche matinée.


Ancy-le-Franc

Maulnes ; un château Renaissance en forme de pentagone ... inédit


Alors que je longe sa maison, un homme m’y invite pour m’y réchauffer d’un café autour du poêle.

Inénarrable Christian. Je sirote mon chaud breuvage tout en écoutant mon hôte me raconter ses exploits. Le dernier en date fut son choc avec un blaireau un matin encore sombre ; le scooter ne fit pas le poids, et envoya mon conteur à trois mètres dans les airs avant de le faire atterrir dans un champ. Résultat : double fracture de la jambe. Je passe les détails du séjour à l’hôpital, car il est temps de reprendre la route.
Un vrai personnage, ce Christian !




Après Chaource, dans l’Aube, je longe la route touristique de Champagne.


Chaource

paysage d'Aube

un réveil au champagne, mais sans bulles



Je continue après Bar/Aube dans cette « douce France » décrite par Balzac :
« Ces montagnes n’offrent aux yeux du voyageur ni l’élévation à pied droit des Alpes et leurs sublimes déchirures, ni les gorges chaudes et les cimes désolées de l’Apennin, ni le grandiose des Pyrénées ; leurs ondulations, dues au mouvement des eaux, accusent l’apaisement de la grande catastrophe et le calme avec lequel les masses fluides se sont retirées. Cette physionomie commune à la plupart des mouvements de terrain en France, a peut être contribué autant que le climat à lui mériter le nom de douce que l’Europe lui a confirmé. »

Balzac décrivait ici le Limousin, mais un autre grand écrivain, qui habitait dans ces collines frontalières de la Bourgogne et de la Lorraine, en fit une poignante description.

« Cette partie de la Champagne est toute imprégnée de calme : vastes, frustes et tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches mélancoliques ; reliefs d’anciennes montagnes très usées et résignées ; villages tranquilles et peu fortunés, dont rien, depuis des millénaires, n’a changé l’âme, ni la place. Ainsi, du mien. »


Rouvres, au pied de la Croix de Lorraine


C’est là qu’il repose, à quelques pas de la Boisserie, dans le cimetière de Colombey ; l’étonnante simplicité de la tombe blanche fait écho à la Grandeur de l’homme qu’elle renferme.




« A mesure que l’âge m’envahit, la nature me devient plus proche. Chaque année, en quatre saisons qui sont autant de leçons, sa sagesse vient me consoler. Elle chante, au printemps : Quoi qu’il ait pu, jadis arriver, je suis au commencement ! (…) Elle proclame en été : Quelle gloire est ma fécondité ! (…) Chaque vie dépend de ma chaleur (…) Désormais, l’avenir m’appartient. (…) En automne, elle soupire : Ma tâche est près de son terme. J’ai donné mes fleurs, mes moissons, mes fruits (…) Mais un jour, sur mon corps dépouillé, refleurira ma jeunesse ! (…) En hiver elle gémit : Me voici, stérile et glacée (…) Est-ce, pour toujours, la victoire de la mort ? Non ! (…) Immobile au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour de la lumière et de la vie. »
(Charles De Gaulle, Mémoires de Guerre – Le Salut)




Je suis accueilli royalement à Chaumont, par Fabienne d’abord, qui depuis le viaduc du XIXème siècle en réfection, me conduit vers mon gîte d'une nuit.





Je retrouve Stéphane en soirée. Il y avait un paquet d’années que l’on ne s’était vus.
De son travail de consultant sur les enjeux agricoles de la région, je perçois de façon plus concrète les facettes d’un département rural que je ne fais que traverser.

Chaumont avec quelques 25 000 habitants est une préfecture tranquille. Les vieilles maisons autour de l’hôtel de ville et de la basilique possèdent pour certaines des tourelles sur leur devanture qui ne passent pas inaperçues.





Le quartier de la gare est entièrement rénové. De multiples plateaux cyclables ont fait la joie de Paulo lors de son entrée dans la ville.




« Les Silos »est un ancien bâtiment agricole reconverti en médiathèque, et en maison de l’affiche : Chaumont est internationalement reconnue pour cela.




Côté sport, l’équipe de volley-ball brille sur le plan national et européen. La salle un peu désuète est un véritable chaudron populaire les soirs de matchs ; les deux basketteurs que sont Fabienne et Stéphane s’y sont laissés prendre.

Merci en tout cas à toute la famille pour cette étape haut-marnaise, que je poursuis le lendemain après une bonne nuit de repos vers Langres puis la Haute-Saône.

Une pluie continue m’accompagne vers Vesoul.


Charmes Saint-Valbert


Sur la véloroute qui longe la Saône, mon pneu avant éclate sans préavis.


haute-Saône


J’arrive en ville sur le pneu de secours ; le temps d’y trouver un vélociste, le soir finit par tomber prématurément.

J’ai voulu voir Vesoul, et j’ai vu Vesoul ; mais vite !


Vesoul




L’humidité semble vouloir s’installer durablement lors de mon entrée dans les Vosges. Mes départs de bivouac sont souvent tardifs.

La Saône a déjà provoqué quelques inondations dans certaines villes.
A mon arrivée à Saint-Dié la pluie s’invite pour la journée. J’y reste donc pour dormir, en espérant un retour du soleil, même timide, pour continuer ma route.

Luxueil-les-Bains...



Corravillers ; en montant dans les Vosges...

... passé le col du Mont de Fourche, vue sur la vallée de le Moselle

Rupt/Moselle


A la fin de la seconde guerre mondiale, la bataille des Vosges fut fatale à Saint-Dié. Les Allemands incendièrent de façon méthodique des quartiers entiers de la rive droite de la Meurthe avant de laisser la ville aux alliés.

Le Corbusier fut pressenti pour reconstruire la ville. Mais son projet avant-gardiste déplut à une grande partie de la population.



Un plan urbain plus traditionnel fut alors adopté, qui a donné à la ville sa physionomie actuelle.


Le Corbusier, affecté par la fin de non-recevoir apportée à un projet sur lequel il s’était longuement investi, reconstruisit malgré tout l’usine textile de son ami ingénieur Duval, qui tourne encore aujourd’hui.

"usine verte"


d'autres aspects de la ville...

tour de la Liberté, présentée à Paris lors du bicentenaire de la Révolution

cathédrale

Jules Ferry, enfant du pays





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