En
quittant Vichy, je n’en n’ai pas totalement fini avec le Massif Central. Les
hauteurs du Bourbonnais se dressent à l’horizon.
A
plus de mille mètres d’altitude on parle encore de montagne, dont Châtel,
aujourd’hui village d’artistes, fait office de capitale. L’église romane fut
construite au XIIème siècle par les moines bénédictins de Cluny.
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le Bourbonnais ; en montant vers le col |
Passé
un col à 700 mètres d’altitude la plongée vers la Loire me laisse les membres
engourdis.
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la Loire |
Le
château de La Clayette, presque tiré d’un conte de fée, annonce déjà la
Bourgogne.
En
Saône-et-Loire les montagnes sont des collines verdoyantes lumineuses ;
elles cachent l’abbaye de Cluny qui à partir de l’an mil fut un centre de
rayonnement pour l’Europe.
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Saône-et-Loire |
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Cluny... |
Chalon,
le long de la Saône, est pleine d’animations en ce jour de marché dominical.
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Chalon-sur-Saône |
Un
peu avant Beaune, je croise la route de Léonie, allemande au français parfait,
qui se dirige plein sud en longeant rivières ou canaux.
Elle
est charmée par les paysages d’hiver, à la lumière incomparable, et je ne peux
qu’acquiescer.
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Beaune |
Une
pluie printanière m’accompagne le long de la vallée de la Rhoin jusqu’au sommet
des Côtes d’Or.
Puis
je plonge vers le canal de Bourgogne partiellement gelé, dont le halage me
conduit à Dijon.
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canal de Bourgogne |
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Dijon... |
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palais des ducs et des Etats de Bourgogne |
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couvent des Bernardines |
Des
collines surplombant la ville naissent le sources de la Seine. Je m’y faufile
par de petites vallées propices au bivouac jusqu’au site de la bataille
d’Alésia.
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vallée de la Suzon |
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vallée de l'Oze ; site de la bataille d'Alésia |
En
haut de l’oppidum trône la statue de Vercingétorix, érigée en 1865 par Napoléon
III. Le visage du chef gaulois aurait les traits de l’Empereur. Ce mimétisme
facial fut sans doute fatal au neveu de Bonaparte. Vercingétorix fut défait par
César à Alésia en -52 ; la défaite de Sedan vingt siècles plus tard sonna
le glas du second Empire.
Je
quitte la Bourgogne par l’Yonne lors d’une fraîche matinée.
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Ancy-le-Franc |
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Maulnes ; un château Renaissance en forme de pentagone ... inédit |
Alors
que je longe sa maison, un homme m’y invite pour m’y réchauffer d’un café
autour du poêle.
Inénarrable
Christian. Je sirote mon chaud breuvage tout en écoutant mon hôte me raconter
ses exploits. Le dernier en date fut son choc avec un blaireau un matin encore
sombre ; le scooter ne fit pas le poids, et envoya mon conteur à trois
mètres dans les airs avant de le faire atterrir dans un champ. Résultat :
double fracture de la jambe. Je passe les détails du séjour à l’hôpital, car il
est temps de reprendre la route.
Un
vrai personnage, ce Christian !
Après
Chaource, dans l’Aube, je longe la route touristique de Champagne.
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Chaource |
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paysage d'Aube |
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un réveil au champagne, mais sans bulles |
Je
continue après Bar/Aube dans cette « douce France » décrite par
Balzac :
« Ces
montagnes n’offrent aux yeux du voyageur ni l’élévation à pied droit des Alpes
et leurs sublimes déchirures, ni les gorges chaudes et les cimes désolées de
l’Apennin, ni le grandiose des Pyrénées ; leurs ondulations, dues au
mouvement des eaux, accusent l’apaisement de la grande catastrophe et le calme
avec lequel les masses fluides se sont retirées. Cette physionomie commune à la
plupart des mouvements de terrain en France, a peut être contribué autant que
le climat à lui mériter le nom de douce que l’Europe lui a confirmé. »
Balzac
décrivait ici le Limousin, mais un autre grand écrivain, qui habitait dans ces
collines frontalières de la Bourgogne et de la Lorraine, en fit une poignante
description.
« Cette
partie de la Champagne est toute imprégnée de calme : vastes, frustes et
tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches mélancoliques ;
reliefs d’anciennes montagnes très usées et résignées ; villages
tranquilles et peu fortunés, dont rien, depuis des millénaires, n’a changé
l’âme, ni la place. Ainsi, du mien. »
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Rouvres, au pied de la Croix de Lorraine |
C’est
là qu’il repose, à quelques pas de la Boisserie, dans le cimetière de
Colombey ; l’étonnante simplicité de la tombe blanche fait écho à la
Grandeur de l’homme qu’elle renferme.
« A
mesure que l’âge m’envahit, la nature me devient plus proche. Chaque année, en
quatre saisons qui sont autant de leçons, sa sagesse vient me consoler. Elle
chante, au printemps : Quoi qu’il ait pu, jadis arriver, je suis au
commencement ! (…) Elle proclame en été : Quelle gloire est ma
fécondité ! (…) Chaque vie dépend de ma chaleur (…) Désormais, l’avenir
m’appartient. (…) En automne, elle soupire : Ma tâche est près de son
terme. J’ai donné mes fleurs, mes moissons, mes fruits (…) Mais un jour, sur
mon corps dépouillé, refleurira ma jeunesse ! (…) En hiver elle
gémit : Me voici, stérile et glacée (…) Est-ce, pour toujours, la victoire
de la mort ? Non ! (…) Immobile au fond des ténèbres, je pressens le
merveilleux retour de la lumière et de la vie. »
(Charles
De Gaulle, Mémoires de Guerre – Le Salut)
Je
suis accueilli royalement à Chaumont, par Fabienne d’abord, qui depuis le
viaduc du XIXème siècle en réfection, me conduit vers mon gîte d'une
nuit.
Je
retrouve Stéphane en soirée. Il y avait un paquet d’années que l’on ne s’était
vus.
De
son travail de consultant sur les enjeux agricoles de la région, je perçois de
façon plus concrète les facettes d’un département rural que je ne fais que
traverser.
Chaumont
avec quelques 25 000 habitants est une préfecture tranquille. Les vieilles
maisons autour de l’hôtel de ville et de la basilique possèdent pour certaines
des tourelles sur leur devanture qui ne passent pas inaperçues.
Le
quartier de la gare est entièrement rénové. De multiples plateaux cyclables ont
fait la joie de Paulo lors de son entrée dans la ville.
« Les
Silos »est un ancien bâtiment agricole reconverti en médiathèque, et en
maison de l’affiche : Chaumont est internationalement reconnue pour cela.
Côté
sport, l’équipe de volley-ball brille sur le plan national et européen. La
salle un peu désuète est un véritable chaudron populaire les soirs de
matchs ; les deux basketteurs que sont Fabienne et Stéphane s’y sont
laissés prendre.
Merci
en tout cas à toute la famille pour cette étape haut-marnaise, que je poursuis
le lendemain après une bonne nuit de repos vers Langres puis la Haute-Saône.
Une
pluie continue m’accompagne vers Vesoul.
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Charmes Saint-Valbert |
Sur
la véloroute qui longe la Saône, mon pneu avant éclate sans préavis.
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haute-Saône |
J’arrive
en ville sur le pneu de secours ; le temps d’y trouver un vélociste, le
soir finit par tomber prématurément.
J’ai voulu voir Vesoul, et j’ai vu Vesoul ; mais vite !
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Vesoul |
L’humidité
semble vouloir s’installer durablement lors de mon entrée dans les Vosges. Mes
départs de bivouac sont souvent tardifs.
La
Saône a déjà provoqué quelques inondations dans certaines villes.
A
mon arrivée à Saint-Dié la pluie s’invite pour la journée. J’y reste donc pour
dormir, en espérant un retour du soleil, même timide, pour continuer ma route.
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Luxueil-les-Bains... |
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Corravillers ; en montant dans les Vosges... |
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... passé le col du Mont de Fourche, vue sur la vallée de le Moselle |
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Rupt/Moselle |
A
la fin de la seconde guerre mondiale, la bataille des Vosges fut fatale à
Saint-Dié. Les Allemands incendièrent de façon méthodique des quartiers entiers
de la rive droite de la Meurthe avant de laisser la ville aux alliés.
Le
Corbusier fut pressenti pour reconstruire la ville. Mais son projet
avant-gardiste déplut à une grande partie de la population.
Un
plan urbain plus traditionnel fut alors adopté, qui a donné à la ville sa
physionomie actuelle.
Le
Corbusier, affecté par la fin de non-recevoir apportée à un projet sur lequel
il s’était longuement investi, reconstruisit malgré tout l’usine textile de son
ami ingénieur Duval, qui tourne encore aujourd’hui.
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"usine verte" |
d'autres aspects de la ville...
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tour de la Liberté, présentée à Paris lors du bicentenaire de la Révolution |
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cathédrale |
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Jules Ferry, enfant du pays |
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