Je quitte le Lubéron par le nord et le village perché de Simiane-la-Rotonde
cerné par les champs de lavandins qui attendent juin pour colorer le paysage.
Peu avant, à St-Michel-l’Observatoire, le petit sentier qui monte vers la
table d’orientation est jalonné de panneaux mettant en scène l’observation par
les hommes du ciel et de l’espace depuis Stonehenge jusqu’à aujourd’hui.
St-Michel-l'Observatoire |
L’Observatoire de Haute Provence apparaît en haut du chemin. C’est ici que
fut découverte en 1995 une planète gravitant autour d’une étoile très semblable
au soleil, l’étoile 51 Pégase ; une première mondiale à laquelle suivront
les découvertes d’autres planètes extra solaires.
Le Belvédère de Castellanas fait face au Rocher du Cire, ainsi nommé car
des abeilles prennent ses anfractuosités pour des ruches. Il y a peu, des
hommes descendaient en rappel depuis le sommet du caillou pour y recueillir le
miel. Aujourd’hui seuls les choucas et les grands corbeaux se disputent les
niches pour y déposer leurs œufs.
Rocher du Cire |
gorges de la Nesque |
Un Texan habite la maison en face du Belvédère. Attiré par la
« zénitude » qui se dégage des gorges de la Nesque, il n’est plus
retourné depuis douze ans au pays de l’oncle Sam. Et quand je lui demande si le
Texas lui manque, il me répond :
« Tu sais les gens là-bas … comment te dire … ils sont cons ». Ça
c’est fait !
Je file quant à moi vers le Ventoux, en passant par l’étonnante église
républicaine de Villes/Auzon.
L’ascension commence un peu après Bédoin.
Bédoin, au pied des dentelles de Montmirail |
Ça monte franchement à partir de Saint-Estève. Deux kilomètres après le
village j’engage Paulo à gauche dans une belle piste forestière serpentant au
milieu d’une forêt de cèdres.
Après avoir coupé le GR le dénivelé de la piste caillouteuse m’étrangle, et
je ne suis pas fâché de récupérer la « piste 1500 », qui fait la
liaison entre Le Chalet-Reynard au sud du massif, et Mont-Serein au nord, et
qui reste à une altitude comprise entre 1400 et 1500 mètres.
Je prends à gauche vers Mont-Serein, et bivouaque au bord de la piste sur
un des rares coins plats de la montagne.
un peu de grésille pendant la nuit |
Départ au matin le lendemain, sous la grisaille mais sans vent, en prenant
la route qui grimpe depuis Malaucène déjà arpentée en février. Mais je n’irai
pas aussi loin qu’il y a un mois et demi, car la route enneigée sur le dernier
kilomètre m’oblige à finir à pied.
Je croise Marc qui est passé au sommet sans encombre par le sud, réalisant
sa 70ème escalade du Ventoux depuis octobre. C’est la première fois
qu’il redescend par la route de Malaucène, à pied comme moi, mais lui avec sa
monture.
au sommet, je franchis à pied la barrière,
obstacle infranchissable en février à cause de la violence du vent
Paulo m'attend sagement en bas du dernier kilomètre
Je récupère Paulo et reviens sur mes pas. Le temps de contourner le massif
par la « piste 1500 » le soleil apparaît.
"piste 1500" |
Au Chalet-Reynard Paulo est maintenant dans le bon sens pour gravir enfin
jusqu'à son terme le Géant de Provence en compagnie cette fois-ci de nombreux
cyclistes.
jamais deux sans trois ! |
L’Observatoire météorologique fut construit en 1882, le troisième après
ceux du Puy de Dôme et du Pic du Midi.
l'Observatoire, et la route nord enneigée désormais sous le soleil |
En passant le col de l’Homme mort je pensais descendre tranquillement
jusqu’à la Durance. Mais au col de Macuègne un grand panneau représentant le
soleil s’affiche au départ d’une petite route qui grimpe sur la gauche. Elle
mène après 300 mètres de dénivelé au « CosmoDrôme », un autre
Observatoire, mais tout récent, inauguré en l’honneur de Claude Tavenier,
astronome amateur curieux de tout.
CosmoDrôme et Mont Ventoux |
La longueur de la route, soit 4,5km, représente la distance entre le Soleil
et Neptune, la planète la plus éloignée du système solaire. Des panneaux des
sept autres planètes sont échelonnés tout au long de l’itinéraire, en
respectant l’éloignement de chaque astre par rapport à son étoile.
ici à mi-chemin devant le panneau de Saturne |
L’occasion de remonter à vélo tout le système solaire ; et avec Paulo,
il y a du chemin jusqu'à Neptune !
Au centre, le Soleil donc ; 109 fois le diamètre de la Terre et ses
taches sombres (taches solaires) à sa surface.
Mercure, astre mort, où 88 jours terrestres se passent entre le lever et le
coucher du soleil.
Vénus, ou l’étoile du Berger, la plus chaude, avec une température moyenne
en surface de 465 degrés.
La Terre, la planète bleue, que j’atteints après seulement 150 mètres.
Mars la rouge, dernière planète tellurique, entourée de deux petits
satellites, Phobos et Delmos.
Jupiter, géante gazeuse, qui pourrait contenir 1300 fois la Terre, et
autour de laquelle gravitent plus de 67 satellites, dont les 4 plus gros
découverts par Galilée en 1610 : Io, Europe, Ganymède et Callisto.
Saturne, la planète aux anneaux, et la moins dense du système
solaire : en imaginant un océan assez vaste pour la contenir, elle
flotterait à sa surface.
Uranus, la plus insolite, qui doit sa couleur verdâtre à la probable
présence de méthane dans son atmosphère.
Neptune enfin, la géante bleue, qui comme Saturne et Uranus possède des
anneaux ; elle fait sa révolution autour du soleil en 164 années
terrestres.
Après ces envolées spatiales, la vallée de la Méouge me conduit enfin
jusqu'à la Buëch, puis à la Durance.
gorges de la Méouge |
Buëch |
lac de Mison |
canal de Ventavon |
Je retrouve pour quelques kilomètres seulement la Route Napoléon, qui fut
empruntée par l’Empereur jusqu'à Grenoble lors de son retour de
captivité ; une cavale de 100 jours seulement.
route Napoléon ; vallée fruitière de la Durance |
Puis c’est par la petite route de Sigoyer que je rejoints Gap, la capitale des
Hautes-Alpes.
en quittant la Durance, village de La Saulce |
sommet d'Aujour |
Sigoyer et barre des Ecrins |
Gap |
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