De Bourg-en-Bresse je rejoints Chassieu, à vélo cette fois-ci, et y termine
ma semaine de travail.
Entre les immenses centres commerciaux et les rocades coupées par les
autoroutes, jamais je n’aurais eu l’idée d’aller cycloter dans cette vaste zone
rurbaine, où le nom donné aux avenues est très évocateur.
On s’y essaye cependant au reboisement, et l’ancienne voie napoléonienne
occupant une ligne de crête est devenue aujourd’hui un corridor biologique de
six kilomètres de long entre le Parc de Parilly et le fort de Saint Priest.
Une petite boucle dans le département de la Loire me permet de patienter
l’arrivée de mon chèque.
Je franchis une dernière fois la Dombes, dont la ville de Trévoux constitue
une des portes d’entrée, et passe de nuit (les journées étant courtes) par
Villefranche/Saône et Roanne, ce qui me permet de comparer les jeux de lumière
de chaque cité.
Trévoux |
Villefranche/Saône |
Roanne... |
Entre les deux, les collines du Beaujolais sont plutôt dans la grisaille,
et la neige au sommet des petits cols n’est qu’un faible témoin d’un hiver pour
l’instant peu virulent.
Peu de couleurs également le long des gorges de la Loire mais, et même si
ce n’est pas le plus connu, un château, of course !
Le retour à Lyon est comme un rallye qui monte par Violey et le col de la
Croix Casard, puis qui plonge vers Tarare et Chassieux, pour enfin récupérer
tous mes documents avant le week-end et continuer ma route vers le sud.
Violey |
col de la Croix Casard |
L’occasion de remercier les accueils warmshowers d’Aurélia à Roanne, et de
Josiane et Bernard à Décines, qui logent à quelques encablures du nouveau grand
stade lyonnais.
dernier passage par Lyon |
Décines ; Josianne et Bernard |
Vienne est le premier jalon de villes étapes bordant le Rhône. On y trouve
de nombreuses traces de l’Empire romain, dont le temple d’Auguste et de Livie,
qui fut successivement transformé en église, en tribunal révolutionnaire, puis
en musée, ou le théâtre antique adossé au Mont Pipet.
Et je serai finalement peu surpris de croiser Flavio, étudiant italien à
Lyon, devant le forum !
Le temps est au soleil, mais je ne serai pas fâché pour mon premier bivouac
de trouver une cabane de pêcheurs pour m’abriter du froid.
Froid relatif tout de même en cette fin janvier, car seul ce réveil au pied
du Vercors se fera par des températures tout juste négatives.
Cyclotage dans le Vercors, que du bonheur…
plaine de Bièvres... |
Vercors... |
En longeant l’Isère, dont les berges sont dédiées à la production de noix,
Romans possède quelques joyaux qui méritent une halte.
Romans/Isère... |
La digue surplombant la rivière dévoile d’autres cultures de fruitiers,
comme les cerisiers, kiwis, pommiers ou châtaigniers.
bivouac l'hiver : peu de gêneurs |
Isère |
Passé Valence,
Via Rhôna : confluence Isère/Rhône |
Valence... |
quartier St-Jean |
je quitte à nouveau le Rhône, rive droite cette fois-ci, et
remonte le cours de l’Eyrieux par la superbe « dolce via » épousant
le tracé de l’ancienne voie ferrée, et où des aires naturelles de bivouac se
trouvent à point nommé.
vallée de l'Eyrieux |
"Dolce Via" |
La ligne fonctionna de 1891 à 1968, mais dès les années 1930 la concurrence
de la route se fit sentir.
Les châtaigniers qui fournissaient le tanin permirent l’émergence des
filatures.
Après Le Cheylard et le col de Mézilhac,
col de Mézilhac : vue sur les Monts d'Ardèche |
je change de vallée : la
Volane me mène au village pittoresque d’Antraigues, patrie de Jean Ferrat, où
des journalistes de l’émission « Un jour, un destin » sont venus
récemment recueillir des témoignages sur l’engagement de l’artiste pour une
diffusion prévue à l’automne.
Moi qui chantais « que la montagne est belle » il y a cinq ans en
Bulgarie je ne pensais pas alors que les paysages de l’Ardèche étaient à ce
point similaires aux pentes du massif de Rila.
Il me faudra cependant patienter jusqu’à Aubenas avant que le soleil n’y
donne un peu plus d’éclats.
Vals-les-bains |
Aubenas |
Patrick, Ardéchois, et un projet cyclo-voyage à venir |
A nouveau le Rhône, franchi à Montélimar, dominé par la forteresse des
Adhémar, qui appartiendrait aux Grimaldi,
Je suis dans la Drôme provençale, où les lavoirs prennent des formes
romaines et où les champs de lavandes pas encore fleuries m’annoncent malgré
tout le Sud.
A Vaison-la-Romaine, j’y suis officiellement, en Provence.
Il franchit l’Ouvèze, dont les crues parfois dévastatrices ont inspiré la
création du Jardin des 9 Damoiselles après les inondations de 1992.
Le site antique de Puymin étant encore fermé aux visites je gagne le
village médiéval où la vue sur le Ventoux est imprenable depuis les remparts du
château.
Depuis deux jours déjà la silhouette caractéristique du « Géant de Provence »
m’apparaît complètement dégagée, et l’envie de voir si son ascension est
possible me conduit dans l’après-midi à Malaucène, où un garde-forestier
m’apprend que malgré sa fermeture pour les voitures la barrière peut-être
franchie à pied ou à vélo, car cela fait plus d’une semaine que la neige
accroché à ses flancs a fondu.
Le lendemain matin le sommet est recouvert d’un chapeau de brume qui j’espère
se découvrira grâce au vent.
La pente autour de 11 à 12 % à mi-parcours est régulière et offre
rapidement de beaux coups d’œil sur les vallées.
Plus je monte cependant et plus la vue se rétrécit. Le mistral est pourtant
bien présent ; protégé par le massif forestier il ne m’importune pas, mais
il n’importune pas non plus cet amas de nuages gris qui a décidément décidé de
passer la journée sur le cône.
Je passe la barrière comme prévu et entame la montée des 5 derniers
kilomètres.
Un groupe de randonneurs à pied me souhaite bon courage. Ils redescendent vers le village de Mont Serein sans avoir été jusqu’en haut.
Un groupe de randonneurs à pied me souhaite bon courage. Ils redescendent vers le village de Mont Serein sans avoir été jusqu’en haut.
Mais comme pour moi jusqu’ici tout va bien je poursuis ma route en évitant
quelques zones de verglas dont certaines sont négociées à pied.
Car ici le mistral m’a rattrapé et l’impression de froid est alors
subitement accentuée me défiant à présent d’ôter les gants. Puis vient la neige
verglacée. Encapuchonné sous la Gore-Tex la visibilité chute bientôt à quelques
mètres, et le givre qui se forme sur les verres des lunettes et que j’élimine
tant bien que mal d’un revers de gant me fait à peine deviner les langues de
neige verglacées qui par moment encombrent la moitié de la chaussée.
Bref ; c’est Guernica !
Sur une ultime rampe un virage à droite me mène à une nouvelle
barrière : le sommet ? Je serais bien incapable de le dire, n’y
voyant plus à cinq mètres. Je décide donc de rebrousser chemin avant de geler
sur place, car tenter de passer sous la barrière avec la force d’Eole
m’apparaît hasardeux. La manœuvre du demi-tour est délicate, car je dois quitter
provisoirement la protection toute relative de la barrière de sécurité pour
faire face au mistral qui ne lâche pas prise.
Retour à la première barrière et à la zone boisée où l’accalmie me permet
d’enlever les gants et de voir via le compteur jusqu’où je suis grimpé :
1928 mètres selon l’altimètre, je suis donc bien arrivé au sommet … mais que ce
fut laborieux !
Ainsi se termine l’ascension de « Mon Ventoux », où le fait de
n’avoir rien vu m’obligera peut-être à une nouvelle tentative, face sud cette
fois-ci … mais bien plus tard dans la saison !
Au village de Mont Serein où je me réchauffe un peu avant de redescendre,
on m’annonce des vents à 100 km/h au col. Ce qui est finalement peu par rapport
au maximum de 360km/h déjà enregistré : à cette vitesse au moins je
passais la barrière et le col en même temps.
Le lendemain le passage dans le petit massif forestier des dentelles de
Montmirail par des pistes caillouteuses et désertes est un régal de
cyclotouriste, et une fois dans la vallée le mistral toujours présent me pousse
sans coup férir à Orange.
dentelles de Montmirail |
Orange sous le soleil paraît déjà méditerranéenne et assurément latine avec
son théâtre remarquablement conservé et son monumental Arc de Triomphe achevé
en + 20.
Le vent me pousse toujours jusqu’à Avignon, et que ce soit depuis les
dentelles de Montmirail,
depuis la colline Saint-Eutrope d’Orange,
ou depuis le château de l’Hers, le Mont Ventoux complètement dégagé deux jours durant après mon ascension me nargue un peu de sa splendeur…
depuis la colline Saint-Eutrope d’Orange,
ou depuis le château de l’Hers, le Mont Ventoux complètement dégagé deux jours durant après mon ascension me nargue un peu de sa splendeur…
… allant quasiment jusqu’à danser sur le pont d’Avignon.
après une grosse matinée de pluie dans la cité papale, le Mont avait cependant déjà repris sa parure d'hiver.
d'autres clichés un peu plus décalés...
parc de Parilly |
vieilles rues de Villefranche |
Valence : surtout ne pas tatonner ! |
Le Cheylard : grande braderie de vélos |
Avignon |
homonyme, ou reconversion ? |
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