Coutances fait partie de ces
villes que je situe sur une carte qu’une fois y être passé. La montée vers le
centre fut sévère mais la belle galerie de colonnes de la cathédrale ainsi que
le jardin botanique fit office de récompense.
Je file désormais vers le sud.
Ce n’est pas parce que je n’ai pas trouvé de job d’été que je me sens obligé de
faire la Manche.
Du château de Gavray qui
changea souvent de main entre Français et Anglais ne reste plus que les
fondations. Reste l’imagination pour reconstruire ce que put être cette place
forte.
ruines de Gavray |
Pas plus de chance à Mortain où
le château fut démantelé en 1378 sur ordre de Charles V. Mais la petite ville a
d’autres atouts comme son Abbaye Blanche, ou sa cascade chutant de 25 mètres,
la plus grande de l’ouest.
Il me faut rentrer dans l’Orne
à Domfront pour trouver une citadelle du 11ème siècle un peu mieux
préservée. On parle certes toujours de ruine mais le donjon ainsi que son
enceinte dominant de 70 mètres la cluse de la Varenne en imposent encore.
La petite cité médiévale bordée
de ses remparts au sud est charmante et l’étonnante église St Julien bâtie en
1924 en béton armé (pour des raisons financières) surprend par sa décoration
intérieure d’inspiration byzantine.
La voie verte récupérée à
Mortain s’achève à Flers avec son château de facture plus moderne.
Je retourne sur mes pas pour
m’installer une journée au bord de la Varenne.
Le vent de nord-est que je
subis depuis Coutances me gêne plus par sa froideur sibérienne que par la force
de ses rafales. Cette petite bise a réanimé les braises d’un rhume que je
croyais réduit en cendre et m’oblige à une pause.
Le site me rappelle Piquet. La
rivière se mue en petit torrent dans un cadre idyllique où une belle tapisserie
violette de fées clochettes sert de cache mystérieuse aux Gobelins qui
paraît-il hantent les sous-bois.
Les ruines ne sont pas des
filatures comme sur les bords du Yon mais les vestiges d’une fonderie qui
produisait jadis le fer.
Du haut fourneau, des roues à
aube ou des soufflets actionnés par la force de la rivière canalisée dans les
biefs, il ne reste plus que quelques pierres. La nature a repris ses droits et
on ne soupçonne quasiment plus rien de l’étrange activité qui animaient ce
bocage, du 16ème siècle jusqu’en 1866.
Le doublement de ma ration de
pamplemousse rose n’a pas d’effet immédiat sur l’état de mes bronches.
J’annule la montée au signal d’Ecouves,
l’un des plus hauts sommets du massif armoricain qui a l’outrecuidance de ne
pas se trouver en Bretagne, et gagne directement Argentan, tranquille
sous-préfecture au bord de l’Orne.
Argentan, la ville à la campagne |
A quelques encablures, mais
dans le Calvados, la petite cité encore close de Falaise est dominée par le
château fort dans lequel naquît Guillaume le Conquérant.
Tout n’est pas d’époque dans ces murs mais l’âme du
célèbre normand du 11ème siècle y plane encore.
Guillaume le Conquérant |
Et quand on entre dans Caen on ne peut être que séduit
par l’immensité de la citadelle que ce même Guillaume fit bâtir en 1060 et qui
devint la résidence favorite des ducs de Normandie, puis des Rois d’Angleterre.
Là aussi l’architecture se mélange sur près d’un
millénaire, mais la salle de l’Echiquier où se réunissaient les seigneurs
normands a laissé de telles traces dans le souvenir des Anglais que de nos
jours le Ministre des Finances britannique porte le titre de Chancelier de l’Echiquier.
Caen : château |
salle de l'Echiquier |
Caen : Abbaye-Aux-Hommes |
Caen : Abbaye-Aux-Dames |
Difficile de trouver région française plus anglophone que
la Normandie, d’autant que le Débarquement qui y eut lieu en 1944 et qui vit
mourir nombre de soldats américains, canadiens et britanniques sur ses plages a
tissé des liens irréversibles.
Pegasus Bridge : les premiers Canadiens à Débarquer y furent parachutés |
J’achève quant à moi ma promenade à Ouistreham, où le
cordon dunaire de la Pointe su Siège marque l’entrée de l’Orne dans son
estuaire.
estuaire de l'Orne |
Des voies vertes qui empruntent le tracé des anciennes
voies ferrées, ouvrant un paysage figé dans la fin du 19ème siècle,
aux plages touristiques du Calvados, cette balade ornaise fut en tous points
raffraîchissante.
Normandie... |
Ouistreham |