La Paz me semble désormais bien familière.
Je retourne dès mercredi à la clinique située à deux
pas de la casa pour retirer les broches qui depuis six semaines me triturent le
doigt.
Après tant de temps passé dans son capuchon, l’aspect
extérieur de l’auriculaire est plutôt repoussant : l’ongle est quasiment prêt à
tomber, et les lambeaux de peaux que le médecin enlèvent sans ménagement
laissent entrevoir un morceau de doigt digne d’une opération du docteur
Franckenstein.
Deux jours après le changement du pansement, libéré
des clous (on appelle ici les broches “clavos”), je décide de reprendre la
route.
Dernier au revoir aux habitants actuels de la casa,
aux Anglais Cherry et Nathan et autres cyclistes de toutes nationalités,
Lichtenstein, Russie, Italie…
Katharina et Bram sont déjà repartis vers la Patagonie,
alors que Marion et Virgile, plein d’enthousiasme sur la façon de partager leur
voyage, arrivent juste à La Paz.
Je pars un dimanche et décide donc d’emprunter les 12
kilomètres de rocade tout en montée pour quitter la ville. La pente est plutôt
conciliante mais pour une reprise ça dégage les bronches.
l'église de El Alto tout en haut annonce la fin de la grimpette |
Au sommet, El Alto, devenue avec 1 million d’habitants
aussi populeuse que La Paz, s’étend à perte de vue sur l’altiplano : plutôt
laide avec ses maisons de briques en éternelle construction et l’absence de
tout plan urbain.
El Alto : une des rares maisons à l'architecture originale |
Je glisse pendant deux jours et demi vers Oruro sur un
bitume plutôt facile avec vent favorable, même si les quelques passages en col
au milieu de collines fatiguées obligent à s’employer un peu pour s’extraire
des faux-plats montants un peu longuets.
Je retrouve un contact plus naturel avec les
habitants, et la pause déjeûner au pied de cette superbe église coloniale à
Sica Sica me fait retrouver les petits bonheurs simple qu’occasionnent souvent
le voyage à vélo.
majesteuse église coloniale de Sica Sica |
Sica Sica : plaza de Armas |
pause-déjeûner dans la Puna en companie d'un sacré gourmand |
l'altiplano, au pied des Andes |
La 4 voies en construction me permet de trouver deux
bivouacs faciles à l’abri de petites dépressions créées par les travaux.
Puis retour à Oruro, en entrant cette fois-ci par le nord où l’avenue principale tente de soigner ses abords sous l’oeil bienveillant d’Evo.
Oruro n’est peut-être pas la plus belle ville de Bolivie, mais est de loin la plus bolivienne. On y croise quasiment pas de gringos, et le marché qui s’articule autour de la voie ferrée est toujours aussi merveilleusement bordélique.
Et quand le train de marchandises entre en gare à coup
de sirènes les étals posés sur les rails disparaissent comme par magie pour
réapparaître selon le même sortilège une fois le dernier wagon passé.
la voie ferrée ne reste pas longtemps inoccupée ! |
Les commerces identiques se trouvent dans la même rue,
défiant toute notion de concurrence, avec par exemple la rue des coiffeurs
ou celle des avocats (“abogados”)
à l’instar de la rue San Diego à Santiago du Chili où
une cinquantaine de magasins à vélos se côtoient en pratiquant quasiment tous
les mêmes prix.
On aime aussi beaucoup les défilés, sorte de grande
répétition peut-être pour le grand carnaval de Pâques.
Retour à l’hôpital, pour désinfecter la plaie encore
béante et loin d’être cicatrisée occasionnée par les deux broches du dessus
enlevées il y a maintenant une semaine.
Nouvelle radio également qui ne se montre guère plus
encourageante que celle effectuée un mois après l’opération.
Nouvel avis médical, à chaque fois différent des
précédents ; c’est vrai que ma mobilité ne simplifie pas forcément les choses,
mais il semble que chaque docteur aurait opéré d’une autre façon, sans doute
meilleure.
Je ne sais pas si mon doigt va guérir, mais je suis
quand même bien guéri des hôpitaux boliviens !
J’étais arrivé à Oruro avec un doigt cassé ; j’en
repars avec un doigt à peine réparé et une blessure qui ne demande qu’à s’infecter.
Tant pis. Je poursuis encore un mois ma route, avec
une atèle qui maintient droit le haut du doigt.
Après ce délai, j’aviserai…
préfecture |
lago Uru Uru |
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