Sucre, la ville blanche, ne démerite pas son surnom.
Eglises, opéra, maisons particulières ou édifices publics se distinguent
souvent par leurs façades d’un blanc éclatant.
La casa de la Libertad située sur un côté de la place
centrale ne déroge pas à la règle.
La visite avec un guide en français permet
d’entrer dans l’histoire de la libération du continent sud-américain de la
domination espagnole par le Général Simon Bolivar.
L’ancienne Ciudad de la Plata, créée aux alentours de
1540, y prit le nom de Sucre, du nom du plus valeureux général du grand Simon,
et le territoire de Charca le nom de Bolivie.
Les différentes salles espacées autour du patio
central permettent de se familiariser avec les nombreux acteurs de ce début de
19ème siècle qui contribuèrent à la fondation de la Bolivie le 6 août 1825.
Il est bien difficile pour un étranger de savoir
quelle est la capitale du pays, le siège du gouvernement étant à La Paz. Mais
pour les habitants d’ici, il ne fait aucun doute que la capitale est Sucre,
rendant ainsi caduc et usurpé le titre de plus haute capitale du monde attribué
à La Paz.
Sucre, moins haute et moins froide que Potosi, est une
ville agréable et tranquille. Son mercado central, même s’il est cent fois plus
animé que le carreau des Halles yonnais, n’a pas l’agitation bordélique et
trépidente qui se dégage des rues ennivrantes d’Oruro. C’est cependant une
halte obligée pour sentir le coeur de la ville, et y déguster quelque comida
tipica à l’étage.
Au nord, le belvédère de la Recoleta offre un point de
vue imprenable sur la ville basse, et la place squattée ce samedi par les
babyfoots et les manèges écolos actionnés à la main résonne des bruits
habituels d’une fête foraine.
Au sud, le parc Bolivar invite à la flânerie. La
petite structure métallique pourrait faire penser à une réplique de la tour
Eiffel. Mais il s’agissait à l’origine d’un observatoire construit pour les
étudiants des alentours.
la gare, qui n'a pas vu de train depuis longtemps |
parc Simon Bolivar |
A dix kilomètres du centre, le musée attenant à
l’usine de béton “Fancesa” est dédiée aux dinosaures.
C’est que les pelleteuses ont mis à jour une paroi quasi verticale sur lesquelles sont gravées des empreintes de dinosaures.
Et les archéologues qui sont venus attester de leur authenticité ont en eu pour leur argent ; les traces des quatre espèces de dinosaures y sont observables, et en quantité. Ce qui fait du site un des plus remarquables au monde.
La paroi jadis horizontale fut élevée dans sa position
actuelle par le jeu du glissement des plaques tectoniques.C’est que les pelleteuses ont mis à jour une paroi quasi verticale sur lesquelles sont gravées des empreintes de dinosaures.
Et les archéologues qui sont venus attester de leur authenticité ont en eu pour leur argent ; les traces des quatre espèces de dinosaures y sont observables, et en quantité. Ce qui fait du site un des plus remarquables au monde.
Le petit doigt plié lors de la chute dans le salar n’a
cessé de me faire mal au fur et à mesure que les contusions sur le visage
disparaissaient.
L’atèle provisoire qui le maintenait droit n’a pas suffi
à remettre le bout d’os fracturé à sa place. L’opération doit le permettre.
On se plaint parfois de l’administration française, mais sa pendante bolivienne n’a rien a lui envier. Pour un étranger de surcroît, se promener dans les différentes salles d’examen qui jouxtent les deux patios en vue d’une radio ou d’une analyse de sang qui a été prescrite par le docteur peut s’avérer être une course d’obstacles où il faut parfois jouer des coudes avec les autres patients pour ne pas se faire piquer sa place et pouvoir retourner à la case départ en espérant que le temps des consultations ne soit pas révolu.
le petit bout d'os qui s'est fait la malle |
l'atèle ne suffira pas... |
il faudra opérer pour reloger l'os dans son emplacement |
On se plaint parfois de l’administration française, mais sa pendante bolivienne n’a rien a lui envier. Pour un étranger de surcroît, se promener dans les différentes salles d’examen qui jouxtent les deux patios en vue d’une radio ou d’une analyse de sang qui a été prescrite par le docteur peut s’avérer être une course d’obstacles où il faut parfois jouer des coudes avec les autres patients pour ne pas se faire piquer sa place et pouvoir retourner à la case départ en espérant que le temps des consultations ne soit pas révolu.
Mais bon. Les médecins s’en accomodent. Pourquoi pas
les patients.
Le docteur Lascano m’a prévenu. Les places pour le
bloc opératoire sont chères, et il arrive qu’une opération soit déprogrammée.
J’arrive donc le mardi pour une nuit à l’hôpital en
vue de passer au bloc le lendemain. J’entre désormais dans le monde des
internes, et comme je suis sous intraveineuse, c’est Pablo, futur médecin en
chirurgie plastique qui espère exercer son métier au Brésil ou au Mexique, qui
s’occupe de me procurer mes médicaments et de faire suivre mon dossier.
J’ai pris soin d’emprunter un livre à l’Alliance
française avant de venir.
Je tue le reste du temps en regardant le canal 7,
l’unique chaîne captée par le téléviseur, dont le slogan est “là où il y a un
Bolivien, il y a Bolivian TV”, mais dont le visionnage répété amène au deuxième
tryptique d’un syllogisme inéluctable : “là où il y a Bolivian TV, il y a Evo
Morales”.
Car la chaîne bolivienne publique ne lésine pas sur la
propagande autour de l’inévitable Evo. Les responsables du CSA français
auraient de quoi s’arracher tout le pelo de la cabeza. Même si avec soixante
pour cent d’intentions de votes au premier tour l’élection semble jouée pour le
président sortant, l’opposition qui paraît déjà bien pâle dans la presse
devient invisible à la télévision.
Il reste que l’homme a du carisme, et que l’adhésion
populaire qui ne cesse de croître depuis son accession au pouvoir en 2005 est
là pour rappeler que sa politique de redistribution des richesses après les
premières nationalisations a eu un écho favorable auprès des plus défavorisés.
Le dimanche je me rends en bus au marché de Tarabuco, village de 2000 âmes situé à 50 kilomètres de Sucre.
Mercredi est jour d’attente. Je suis numéro 2 sur la
liste, et je passe après une opération compliquée.
A 17 heures pourtant le brancardier m’emmène au bloc.
L’anéstésiste a un peu chargé la dose, et l’engourdissement du bras est tel qu’il
décide de m’envoyer dans les pommes.
Le temps pour moi d’escalader le volcan Licancabur
avec le docteur Lascano qui me gueule que je ne suis pas bien raisonnable, et
me voici de retour sur la table d’opération alors que le chirurgien est en
train de ranger ses outils. Ce fut rapide.
Le lendemain un nouveau pensionnaire rejoint ma chambrée. Juan s’est cassé le tibia en jouant au foot.
La douleur est considérable, et l’opération s’annonce
longue et coûteuse.
Pour moi, la broche utilisée pour mon doigt valait 10
euros ; pour lui celle dont le chirurgien a besoin coûte 50 fois plus cher, et
l’opération doublera la facture.
Pleurs pour ce jeune homme de vint ans qui est seul à
subvenir aux besoins de sa famille et de sa fille de deux ans.
Les forces se mobilisent bientôt. Sa soeur, ses
parents, le patron de son entreprise viennent le réconforter. Au drame de cette
famille infortunée qui se déroule sous mes yeux s’ajoute bientôt l’affrontement
avec l’administration de l’hôpital. Analyse de sang, électrocardiogramme …
doivent être présentés au médecin interne avant 15 heures pour pouvoir espérer
une opération le lendemain.
Pour m’être heurté moi aussi à la bureaucratie de
l’établissement je sais que la course s’avérera inutile. Les documents
finalement présentés après 17 heures repousseront l’opération au lundi,
laissant mon camarade dans l’abattement le plus froid.
Santa Barbara. Drôle de nom pour un hôpital. Je viens
d’assister impuissant à un sitcom de mauvais goût. Plutôt l’impression d’avoir
vécu une scène de l’hôpital danois piloté par Lars Von Trier qu’un épisode de
la série Urgences.
Juan me parle des difficultés à vivre en Bolivie quand
on ne possède pas un emploi payant, comme professeur, médecin ou chef
d’entreprise, et reste dubitatif quant aux chances de la majorité actuelle à
améliorer radicalement la condition des plus défavorisés.
“Là où il y a un Bolivien, il y a Evo Morales” … le
syllogisme ne semble pas fonctionner pour tous !
Le pays a pourtant progressé depuis 10 ans, en cédant
sa place de pays le plus pauvre d’Amérique
latine au Paraguay ; un troisième mandat d’Evo poursuivra-t-il dans
cette voie ? ...
On me libère deux jours après l’opération, la radio de
l’os ainsi que le bon état de la blessure après le renouvellement du pansement
ayant penchés pour un avis favorable.
Quel pied de se déplacer librement sans cette maudite
intraveineuse. Quelle plaie pour le patient !
Je profite de ma liberté retrouvée pour continuer mon exploration de Sucre.
Les patios offrent un point de vue différent sur l'architecture de la ville...
Je profite de ma liberté retrouvée pour continuer mon exploration de Sucre.
Les patios offrent un point de vue différent sur l'architecture de la ville...
centre culturel de jour... |
dans un musée |
patio de l'hôpital Santa Barbara |
L'accès par une route asphaltée en fait un lieu assez touristique avec son petit marché central et ses étals de vêtements ou objets artisanaux.
Le mercado campesino est plus typique, avec ses produits posés à même le sol
Après avoir refait le pansement lundi, et être allé faire un dernier au revoir à Juan dont le moral s'est bien rétabli après son opération effectuée dans l'après-midi, le docteur Lascano me donne un dernier rendez-vous au jeudi avant que je puisse reprendre le large.
La Bolivie fête le 6 août l'anniversaire de son indépendance. L'occasion d'assister pendant deux jours à une succession de défilés dont seuls les sud-américains ont le secret.
Le mercado campesino est plus typique, avec ses produits posés à même le sol
... ainsi que l'ancienne gare reconvertie en marché aux bestiaux...
... où père et fils attendent le chargement de la bétaillère pour aller livrer les boeufs à Sucre.
La Bolivie fête le 6 août l'anniversaire de son indépendance. L'occasion d'assister pendant deux jours à une succession de défilés dont seuls les sud-américains ont le secret.
un côté "cercle des poètes disparus" |
Le soir, place à un peu de danse…
La journée du 5 ne fut qu’une répétition pour
le lendemain, car le Président Evo Morales en personne y vient faire un
discours dans la Maison historique de la Libertad devant l’ensemble des députés
réunis en Congrès.
un écran géant permet aux nombreux spectateurs... |
L’occasion de tirer un bilan de sa législature passée
et de proposer les grandes lignes à venir de sa politique jusqu’en 2020-2025,
avec la volonté de faire de la Bolivie un pays exportateur de richesses (gaz,
électricité, silicium, miel…).
Vient ensuite l’heure du défilé, qu’Evo Morales suit
depuis le balcon de la Casa de la Libertad en compagnie du vice-président.
On y aperçoit Miss Bolivie et ses dauphines.
Puis la parade commence, avec la particularité de voir
déambuler l’ensemble des forces vives de la nations : écoles, administrations,
mairies, mineurs, commerçants, et même la SPA bolivienne.
L’hôpital Santa Barbara aussi fait partie de la fête,
et je vois le docteur Lascano défiler au pied du balcon présidentiel.
Le jeudi, pour mon dernier rendez-vous à l’hôpital, je
remets la petite vidéo au docteur, qui s’en amusera beaucoup, n’étant pas un
fervent supporter de son Président.
J’ai fait qant à moi le tour de Sucre, ville au climat
très agréable l’hiver, où les habitants de Potosi venaient souvent faire un
séjour curatif pour échapper aux rigueurs du froid de haute altitude.
Il est temps de changer de lieu de visite : je pars
cette nuit pour La Paz, en bus, car le doigt n’est pas encore assez consolidé
pour supporter les pistes de terre.
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