lundi 22 septembre 2014

La Paz, Oruro ... deuxième !



La Paz me semble désormais bien familière.



Je retourne dès mercredi à la clinique située à deux pas de la casa pour retirer les broches qui depuis six semaines me triturent le doigt.

Après tant de temps passé dans son capuchon, l’aspect extérieur de l’auriculaire est plutôt repoussant : l’ongle est quasiment prêt à tomber, et les lambeaux de peaux que le médecin enlèvent sans ménagement laissent entrevoir un morceau de doigt digne d’une opération du docteur Franckenstein.



Deux jours après le changement du pansement, libéré des clous (on appelle ici les broches “clavos”), je décide de reprendre la route.

Dernier au revoir aux habitants actuels de la casa, aux Anglais Cherry et Nathan et autres cyclistes de toutes nationalités, Lichtenstein, Russie, Italie…

Katharina et Bram sont déjà repartis vers la Patagonie, alors que Marion et Virgile, plein d’enthousiasme sur la façon de partager leur voyage, arrivent juste à La Paz.



Je pars un dimanche et décide donc d’emprunter les 12 kilomètres de rocade tout en montée pour quitter la ville. La pente est plutôt conciliante mais pour une reprise ça dégage les bronches.

l'église de El Alto tout en haut annonce la fin de la grimpette


Au sommet, El Alto, devenue avec 1 million d’habitants aussi populeuse que La Paz, s’étend à perte de vue sur l’altiplano : plutôt laide avec ses maisons de briques en éternelle construction et l’absence de tout plan urbain.

El Alto : une des rares maisons à l'architecture originale
 
Je glisse pendant deux jours et demi vers Oruro sur un bitume plutôt facile avec vent favorable, même si les quelques passages en col au milieu de collines fatiguées obligent à s’employer un peu pour s’extraire des faux-plats montants un peu longuets. 

 
Je retrouve un contact plus naturel avec les habitants, et la pause déjeûner au pied de cette superbe église coloniale à Sica Sica me fait retrouver les petits bonheurs simple qu’occasionnent souvent le voyage à vélo.
 

majesteuse église coloniale de Sica Sica



Sica Sica : plaza de Armas

pause-déjeûner dans la Puna en companie d'un sacré gourmand

l'altiplano, au pied des Andes



La 4 voies en construction me permet de trouver deux bivouacs faciles à l’abri de petites dépressions créées par les travaux.


Puis retour à Oruro, en entrant cette fois-ci par le nord où l’avenue principale tente de soigner ses abords sous l’oeil bienveillant d’Evo.





Oruro n’est peut-être pas la plus belle ville de Bolivie, mais est de loin la plus bolivienne. On y croise quasiment pas de gringos, et le marché qui s’articule autour de la voie ferrée est toujours aussi merveilleusement bordélique.
Et quand le train de marchandises entre en gare à coup de sirènes les étals posés sur les rails disparaissent comme par magie pour réapparaître selon le même sortilège une fois le dernier wagon passé.


la voie ferrée ne reste pas longtemps inoccupée !


Les commerces identiques se trouvent dans la même rue, défiant toute notion de concurrence, avec par exemple la rue des coiffeurs



ou celle des avocats (“abogados”)




à l’instar de la rue San Diego à Santiago du Chili où une cinquantaine de magasins à vélos se côtoient en pratiquant quasiment tous les mêmes prix.



On aime aussi beaucoup les défilés, sorte de grande répétition peut-être pour le grand carnaval de Pâques.








Retour à l’hôpital, pour désinfecter la plaie encore béante et loin d’être cicatrisée occasionnée par les deux broches du dessus enlevées il y a maintenant une semaine.



Nouvelle radio également qui ne se montre guère plus encourageante que celle effectuée un mois après l’opération.

Nouvel avis médical, à chaque fois différent des précédents ; c’est vrai que ma mobilité ne simplifie pas forcément les choses, mais il semble que chaque docteur aurait opéré d’une autre façon, sans doute meilleure.

Je ne sais pas si mon doigt va guérir, mais je suis quand même bien guéri des hôpitaux boliviens !

J’étais arrivé à Oruro avec un doigt cassé ; j’en repars avec un doigt à peine réparé et une blessure qui ne demande qu’à s’infecter.



Tant pis. Je poursuis encore un mois ma route, avec une atèle qui maintient droit le haut du doigt.

Après ce délai, j’aviserai…

préfecture


lago Uru Uru







































mercredi 10 septembre 2014

vacances péruviennes



Après avoir demandé un autre avis médical, dans une clinique cette fois-ci, le docteur, à la vue de la radiographie, m’annonce l’enlèvement des trois broches six semaines après l’opération. Ça me laisse 15 jours à attendre, et comme mon visa bolivien commence à perdre de sa validité, je m’échappe une dizaine de jours au Pérou en bus.

Puno est ma première étape. Très touristique, la ville est la porte d’accès aux îles du lac Titicaca, que l’on prononce “Titirara”.





Ces deux étudiants en mécanique de Juliaca y passent le week-end en quête d’étrangers, et ils n’ont que l’embarras du choix. Petite interview filmée afin d’améliorer leur anglais ; je suis leur premier client, et bien que non-anglophone, c’est plutôt amusant.


Je n’échappe pas au tour de deux jours dans les îles. La prestation est plutôt économique et permet un apport supplémentaire aux familles qui vivent de façon traditionnelle.

Iles de los Uros d’abord, où l’on accoste sur ces énormes blocs de roseaux amarrés par des pieux plantés dans le fond du lac. Ces îles flottantes accueillent ici 3 à 4 familles, et peuvent durer de 30 à 40 ans, moyennant un entretien régulier et fastidieux des totoras.








Ile Amantani ensuite où l’accueil se fait la nuit chez une famille Quechua. Comme le couple péruvien qui m’accompagne parle également la langue des Incas, j’assiste à une conversation mi-espagnole mi-quechua où je ne saisis pas forcément tout !



Ile Taquila enfin, avec ses nombreuses cultures en terrasses, où la terre est gérée de façon collective par la communauté, empêchant toute acquisition de propriété par les étrangers.
Le lac, berceau de la civilisation inca, conserve jalousement ses accès à ses descendants directs.




Le centre d’Arequipa est un joyau de l’époque coloniale.

Arequipa, au pied du volcan Misti, encore en activité










Je m’y extraie au bout de deux jours pour faire un petit trekking dans le canyon de la Colca, un des plus profonds au monde.




 Tous les mini-bus s’arrêtent au même moment au Mirador des Condors, où seuls deux spécimens viendront égayer l’attente de la foule des touristes.




Le trek commence un peu plus loin, avec une descente de trois heures vers le fond du canyon, puis un passage dans les villages qui surplombent le rio.



  


La rencontre avec les habitants est plutôt biaisée, eux qui considèrent un peu les randonneurs comme des porte-feuilles sur pattes.
Pas vraiment mon trip finalement ce genre d’escapade : la liberté de se mouvoir à sa guise est compromise par le rythme imposé par le guide. Ça me permet cependant d’avoir un autre aperçu de la région.

Après avoir rencontré trois Angevins à la frontière il y a sept jours, je randonne dans le canyon aux côtés de Justine, Malika et Thomas, trois Bretons de Vannes en vacances au Pérou.



La deuxième nuit se passe dans cette étonnante oasis au bord de la Colca.



Le lendemain la remontée vers le haut du canyon se fait par une sente quasi verticale avec un dénivelé de plus de 1200 mètres.
La crapahute fut un peu ardue, mais j’ai pu constaté que n’ai pas trop perdu de ma condition physique.

le sentier en zigzag vers le haut du canyon

Les vacances passent vite. Pas le temps d’aller au Chili.
Dans le bus entre Arequipa et Puno un bonimenteur propose une huile magique capable de guérir gastrites et un nombre incroyable de maladies. Seul gringo à bord je montre peu d’intérêt pour la démonstration et n’ai pas droit aux petites gouttes d’essai sur le creux de la main. Dix sols seulement les deux flacons : je suis bien con de ne pas avoir montré plus d’intérêt pour l’onguent miracle.
Je quitte le bus comme on referme un album de Lucky-Luke et continue ma route vers La Paz.

Passage par Copacabana, où j'entre à nouveau en Bolivie.


Cette partie du Pérou ressemble en bien des aspects à son voisin : cireurs de chaussures, crieurs de stations depuis les mini-bus, vendeurs ambulants … la seule chose qui manque au tableau, c’est l’omniprésent portrait d’Evo.