lundi 21 octobre 2013

et au milieu coule un canyon

Je quitte Florianapolis en passant par l'agréable petit centre ville articulé autour du Mercado et de la cathédrale.



Je prends un peu de hauteur également pour prendre un cliché du pont suspendu qui n'est plus utilisé mais qui représente la carte postale de la ville.


Puis je retourne dans la montagne que je retrouve telle que je l'ai laissée à partir du village de Sao Bonifacio avec ses allures très autrichiennes.



Les petits hameaux ressemblent beaucoup à ceux de Batuva, avec leur église évangélique, leurs maisons avec parabole, et l'école située à l'écart.



S'ajoutent à ce décor pastoral de nombreuses petites scieries.


Les pistes brésiliennes manquent cruellement d'indications, et je me retrouve sans crier gare à Sao Martinho. Mais ce petit détour est sans conséquences. Au contraire il me permet de récupérer une petite carte de la région, avec quelques kilométrages et des indications sur l'état du réseau routier. Du luxe.

 
Si j'avais suivi le littoral entre Garopaba et Imbituba un chemin cyclable passant dans les dunes m'aurait peut-être permis d'apercevoir des baleines franches. Disparues après quatre siècles de pêche intensive elles sont réapparues dans les années 1980. Mais on ne peut pas tout voir.

Je profite de la douceur de la station thermale de Gravatal, réputée pour ses eaux à 36° riches en fluor, pour goûter avec mes voisins de camping aux « pitangas », petits fruits me dit-on riches en vitamines, et appartenant au nom moins exotique arbre du nom de « jabuticaba ».





Puis après l'Allemagne, j'entre à partir d'Orleans sur les terres italiennes. Les émigrants sont venus en masse de Venise ou de Trévise à la fin du 19ème siècle et y ont imprimé leur culture.
Orleans, ville de 20 000 habitants, avait été reçue en dot par la princesse Isabelle, et doit son nom à son mari, le Comte d'Eu, ou Louis Philippe Gaston d'Orléans ; il y a juste un accent qui s'est perdu dans l'histoire.


La frise à l'entrée de la ville qui commémore le centenaire de la colonisation permet de revoir en images quelques pans de cette histoire brésilienne. 




 
Plus étonnantes sont ces énormes sculptures de l'artiste local Zé Diabo taillées dans la falaise au dessus du rio. Paulo se fait tout petit devant les scènes bibliques.



A quelques kilomètres seulement Urussanga est au centre d'une région viticole réputée. Les caves à vin parfois colorées s'alignent le long de la place centrale.




Criciuma avec presque 200 000 habitants fait office de capitale de cette petite Italie ; pour le coup la route aussi devient plus italienne avec une circulation qui se densifie et une périphérie plus industrielle (céramique, teinture ou matériaux de construction).


De Forquilhinha à Jacinto Machado la route évoluant dans un décor de rizières devient complètement plane. Les aigrettes se jouent de mon appareil.



J'avance même si c'est sous la pluie. Mais la piste pour Praia Grande me ralentit d'un coup, me faisant passer de 20 à 10 km/h de moyenne.
Passés les plantations de bananes je retrouve les rizières mais cette fois-ci encadrées par des montagnes plus hautes : je suis sur le chemin des canyons.











Sur ma carte de l'office du tourisme, la route qui monte à l'assaut du Parc National Dos Aparados Da Serra est en pointillé vert, signe qu'elle est est en train d'être bitumée. Et en effet les premiers kilomètres alternent entre terre et goudron. Pas pour longtemps. La piste reprend bien vite ses droits. Tant mieux pour la survie du Parc et de ses habitants, tels le jaguar, l'once ou l'araucaria.
Mais ce n'est que partie remise. Les intérêts économiques devraient relancer les travaux. Situé à quelques encablures de l'autoroute du sud les canyons sont d'un attrait considérable pour la pratique d'activités sportives et touristiques. Une route bien lisse en faciliterait l'accès.


Pour moi ce sont 14 kilomètres de montée bien sèche sur une route de cailloux. Effort et concentration sont requis pour rester en selle. Je fais corps avec la machine, appuyant de façon forte et régulière sur les pédales pour avancer en esquivant sans arrêt le caillou trop gros ou trop lisse qui enverrait ruer Paulo.
Les kilos perdus m'allègent l'esprit et malgré mon allure d'escargot c'est sur ces routes là que je m'envole. Sans doute un peu maso, mais cette étape est un régal, malgré le haut de la piste encore boueux qui m'oblige à quelques glissades et relances hasardeuses.
Tout à gauche pour la transmission.
Cyclotage à fond les pignons.





Arrivé au sommet du plateau à 900 mètres d'altitude je bifurque à gauche vers une des entrées du Parc pour visiter le canyon d'Itaimbezinho, sans doute le plus spectaculaire.
Comme les deux gardiennes sont sympas je demande l'autorisation de planter ma tente le soir à côté de leur guérite. Accordée. Je pars donc tranquille pour la visite en après-midi du canyon que j'atteins après une piste de 3 kilomètres.
Un couple (lui Hollandais elle Brésilienne) y revient pour la deuxième fois car il n'ont rien vu il y a deux jours à cause d'un brouillard constant. Ils auront plus de chance aujourd'hui. Les nappes de brouillard ne sont que des voiles qui laissent apparaître des bouts de roche pour finalement se lever complètement. Les spectacle de ses énormes falaises entre lesquelles coule un ruisseau est saisissant. Les oiseaux s'y amusent en jouant à la chute libre.
Comme je dors sur place je profite seul après le départ des derniers visiteurs de cette vue magnifique : cette cascade qui se jette avec un fracas sourd au fond du canyon et ces massifs forestiers situés au sommet des falaises me donnent le sentiment d'observer une sorte de paradis originel.









Que la nuit fut reposante.


Je poursuis le lendemain vers Cambara do Sul sur ce plateau d'altitude où la fraîcheur matinale m'est bien agréable.
En tournant à gauche je récupère le bitume. Je continue ma progressions sur le plateau dans un décor de pâturages et de forêts de pins, sorte de mixage entre le haut bocage et les forêts à perte de vue de Finlande.




Cette une région dédiée à l'élevage et à l'industrie du bois où la présence humaine en dehors des fazendas  est quasiment absente.
Les zones de bivouacs se multiplient même si la place est parfois étroite entre le fossé et le fil barbelé. Les troupeaux étant aussi parqués dans les pinèdes je reste du bon côté des barbelés : peut-être y a-t-il quelques taureaux à traîner et je ne me sens pas l'âme d'un picador !



Curiosité géologique que ce canyon qui vient quasiment mourir dans le mer, m'a dit hier le Néerlandais ; de plus, toutes les eaux du plateau s'écoulent vers l'ouest vers le bassin versant de l'Uruguay pour venir grossir ensuite l'Atlantique au niveau du Rio de la Plata, l'espèce de gigantesque estuaire qui sépare Buenos Aires de Montevidéo.


Après Sao Francisco de Paula, sympathique bourgade dédiée à l'élevage, je descends franchement de façon quasi continue jusqu'à Taquara, puis je rejoins Porto Alegre après ces deux étapes autour des canyons qui m'ont fait découvrir une nouvelle facette de ce pays. 

Sao Francisco de Paula
 


10 commentaires:

  1. absolument extraordinaire ce canyon c'est une pure merveille .merci pour la video ! et la suite aussi c'est beau ,tres beau .quelle chance on a que vous nous fassiez decouvrir de tels paysages .tout a l"air d'aller bene!! merci Sebb et bises.jacqueline

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    1. merci Jacqueline,
      ce furent en effet deux belles journées passées autour des canyons ; le paysage a bien changé depuis (que du plat) et le temps aussi : le charme du voyage à vélo !

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  2. Les photo sont magnifiques ! Surtout celles du cayon ! bisou de mamie, papi et de toute la marmaille !
    Un anonymes venue de loin .

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    1. bien, bonjour à toute la marmaille alors, où qu'elle soit !

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  3. Bonjour Sébastien

    Nous venons de passer à l'heure d'hiver par un grand vent qui nous a bercé toute la nuit . Si j'ai bien compris tu roules plutôt " ALLEGREMENT " vers d'autres horizons . J'espère que tu n'as ni eau ni vent : car j'imagine que tu te trouves entre "deux eaux" sur ce petit bout de terre qui descend vers l'Uruguay . Profites bien de la ( descente ), jusqu'au " bout du monde ".
    Je t'embrasse fort comme le vent (de chez nous) .

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    1. un peu d'eau, beaucoup de vent, mais ça fait aussi parti du voyage
      on est ici passé à l'heure d'été, donc le décalage avec la France doit être plus court qu'avant

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  4. une heure de plus pour dormir mais sommeil difficile car premiere belle tempete .là on envie votre soleil . tres bonne continuation .et toujours de nouvelles aventures .merci Sebb .bisous.jacqueline

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    1. le soleil joue un peu à cache cache ; j'attends de voir en Uruguay où j'entre demain

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  5. Salut frérot
    Superbes tes photos du canyon, mais je pense que tout l'intérêt d'un tel paysage, c'est de le voir grandeur nature. Tu as du te sentir tout petit devant cet abyme et immense face à cet espace subliminal ! Là, j'aurai aimé y être !! Biz bournevaisiennes et bon cyclotage !!!

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    1. salut Mary,
      bien dépaysant en effet d'observer un tel paysage avec en plus très peu de visiteurs.
      Le voyage se poursuit demain en Uruguay, avec j'espère un maximum de cyclotage !

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