vendredi 27 avril 2018

Paris-Brest ... et fin


Je quitte Paris par le Val-de-Marne puis les Hauts-de-Seine.

avec Anne-Laure et Yohann à Paris


Le domaine de Sceaux est un lieu idéal de promenade, tout comme la vallée des loups, où Chateaubriand y fit édifier une belle demeure.

Chevilly-Larue (Val-de-Marne)

domaine de Sceaux...



vallée des loups : maison de Chateaubriand


Je cherche un lieu où bivouaquer autour de la base de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, ville départ du Paris-Brest-Paris.
Mais il y a foule en ce dimanche. En regardant la carte, je m’aperçois que le lieu où j’ai bivouaqué en entrant en Île-de-France n’est pas très loin. Je me rends donc en soirée à Septeuil où mon campement d’il y a une semaine m’attend de nouveau.

Yvelines


Lundi, 7h.

La première matinée de ce Paris-Brest est plutôt tranquille. Les longues lignes droites de l’Eure au sud d’Evreux me mènent à midi à l’Aigle, dans l’Orne.
La route prend du relief. Je gagne Sées, au pied de la forêt d’Ecouves, dans l’après-midi.

forêt d'Ecouves


Je poursuis en Mayenne en soirée dans ce massif armoricain jamais plat.

La nuit tombe sans que la fatigue ne se fasse sentir. Les lapins qui bondissent sur les routes de cette campagne crépusculaire ont peine à réaliser l’intrusion de ce cycliste clignotant dans leur univers ; ils s’échappent parfois au dernier moment, encore incrédules.

La lune est dans l’ombre de la terre. Nuit d’encre. Mon éclairage imparfait est comme une bougie dans les abysses.
Devant moi des griffes courent sur l’asphalte. Je les rattrape. C’est un blaireau, qui voyant que je vais le dépasser, oblique à droite dans les champs.
C’est la première fois que j’en vois un vivant. Ils gisent d’habitude dans le fossé, victimes de la vitesse. Celui-ci a gagné une vie.

Lundi, 23h.

Pause dîner dans un village sombre. Seule la terrasse d’un restaurant est éclairée. Pas de cuistots ni serveurs. Je suis le maître des casseroles. Et le client n’est pas difficile.

Je reprends la course dans les ténèbres. Rouler dans l’obscurité totale est au début plutôt amusant, mais les côtes finissent par être plus longues quand on en voit pas le bout. A 2h je m’arrête, vaincu par la nuit et le sommeil.
J’ai traîné ma machine plombée sur près de 240 kilomètres ; un record à ce jour.

Mardi, réveil à 8h.

J’entre en Bretagne à Fougères. Il ne me reste plus qu’à la traverser d’est en ouest.
Une paille.


Je passe à Combourg devant le manoir où vécut enfant Chateaubriand.



J’y récupère un vent de face ; un vent d’ouest ; un vent de pays.

Journée estivale. Chaque ruisseau, chaque bois, chaque vallée, qui apparaît au détour de ce bocage accidenté, invite à la pause.
Mais je suis maintenu par le raid sur le vélo, obnubilé par l’idée saugrenue de rejoindre Brest le plus vite possible.

Je m’endors à la nuit tombée un peu avant Moncontour.

Mercredi, départ à l’aube.

Dernière journée. Brest n’est plus qu’à 190 kilomètres. Je continue ma chevauchée sans pauses superflues. Pas de visites. Pas de photos. Pas de détours.
Ce voyage de Paris à Brest est une épure.

Bretagne


Je vais à l’essentiel. La route et seulement la route.
Les cuisses sont en surchauffe. Les premiers coups de pédales en bas de chaque montée tétanisent les muscles.

Les Monts d’Arrée sont l’ultime épreuve.
Descente sur Landivisiau, puis longer l’Elorn.
Mais après Landerneau, ça remonte encore.
Les boulevards de Brest à 21h, et des côtes qui n’en finissent pas.
L’avenue de Siam.
Recouvrance.
Délivrance.

pont de Recouvrance



Alors que je quitte Brest en quête d’un hypothétique bivouac, un homme m’invite à camper dans son jardin. L’offre est bienvenue ; je suis cuit.

Après une douche bien chaude, j’entre dans la cuisine, où toute la longueur de la pièce est occupée par un rameur en contreplaqué ; destiné au cabotage, mon hôte y installe un mât pour progresser plus facilement en cas de vent.

Ce marin accompli, ancien officier de sous-marin, m’a préparé un plat de pâtes ; il connaît les besoins du voyageur harassé.

bivouac au jardin


Le lendemain, après une vraie nuit de sommeil, je longe la rade de Brest,

le téléphérique enjambant la Penfeld était en maintenance

tour Tanguy

plage du Moulin blanc

rade de Brest


et repasse par Landerneau, en mode visite cette fois-ci. Avant la construction de l’Arsenal entreprise sous Louis XIII, les bateaux remontaient le cours de l’Elorn jusqu’à  Landerneau, où le moulin occupé par des moines hollandais servait de dépôt des marchandises moyennant un droit de douane.



moulin sur l'Elorn, toujours habité

église de Landerneau


Je poursuis mon chemin de retour dans cette Bretagne intérieure que je prends plaisir à découvrir.

Sizun ; un enclos paroissial remarquable

un arrêt pour la nuit au lac du Drennec

Roc Trévezel, et montagne St-Michel dans le lointain

Huelgoat

rivière Argent ; mare aux sangliers


vallée du Scorff...



Puis je plonge plein sud vers la côte. Un ferry me conduit à Groix, que j’arpente par de belles petites routes à vélo.

Port Tudy

Quelhuit

Pen-Men

Trou de Tonnerre

Port-Nicholas




Au nord-est de l’île, la plage de sable blanc des Grands-Sables, de forme concave, est unique en Europe.




Je franchis le Blavet à Lorient, et arrive à Etel. 

ria de Lorient

le Blavet


J’y retrouve Marion, après l’avoir quitté en mars 2015 au sémaphore de Quiberon.



Le Cross d’Etel gère la surveillance de tout le littoral, depuis la Bretagne du sud, jusqu’à la côte basque.
Depuis le naufrage du Titanic il y a un siècle, les mers et océans du globe ont été progressivement découpés en zones, au centre desquelles un Cross est chargé de mettre en place tous les moyens de secours pour aider les navires en perdition.

Le centre opérationnel d’Etel devient très actif à l’arrivée des beaux jours. Aux tracas mécaniques ou aux blessures physiques subis par les marins-pêcheurs, viennent s’ajouter tous les déboires que peuvent subir les plaisanciers, expérimentés ou non.

Peu d’interventions à se mettre sous la dent lors de mon passage, si ce n’est une panne moteur au large des Charentes.
Mais l’été arrive, où parfois plusieurs opérations de sauvetage devront être prises en charge en même temps par une seule personne…



La Roche-Bernard

Brière

la dernière "bosse" ; pont de Saint-Nazaire


En rejoignant la Vendée par la Brière, j’achève un tour de France d’hiver commencé à l’automne 2017. 

En calquant ce trajet sur celui effectué entre 2015 et 2016, soit un tour de France « à l’endroit », je termine une double boucle autour de l’Hexagone qui m’a fait passé par tous les départements de France métropolitaine, Corse comprise. Soit un périple de plus de 20 000 kilomètres.




Ce voyage de trois ans, entrecoupé de pauses travail, m’a permis d’appréhender les facettes d’un pays que je connaissais finalement assez mal.
Le choix très nombreux des petites routes où faire évoluer ma monture me convainc d’une chose : je pourrais facilement refaire deux tours de France sans emprunter les mêmes itinéraires !

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