dimanche 12 avril 2015

Gwell et Diwell

En mettant pied à terre à Logodec, je me convertis pour une quinzaine en apprenti fermier.

Mes connaissances en la matière étant quasiment nulles, le terme apprenti n’a me concernant rien d’une litote.



La journée de travail commence tous les matins à 8h par la traite des vaches. Ces dames prennent souvent bien leur temps pour quitter leur pâture mais une fois attachées, la ration de foin sec leur fera patienter le temps que la trayeuse leur soulage les pis.

prêt...

... partez !



Céline traie la plus âgée à la main



On élève ici la race bretonne Pie-Noir, qui après avoir été sauvée de l’extinction, à cause notamment de son petit gabarit peu propice à la production en masse de lait, est devenue un gage de qualité pour ceux qui consomment les produits issus de son exploitation, le « Gwell » notamment.




Tous les habitants de la ferme ont droit à leur petit-déjeuner : veaux, brebis non sevrées, poules ou cochons …
Pour les chèvres des fossés, race bretonne et normande elle aussi sauvée de l’extinction, c’est à Logodec Xavier qui en est le maître absolu.



Après avoir travaillé dans la fonction publique, puis en tant que manager chez IBM en Europe de l’Est, ce Maître en Histoire a plaqué une vie convenue pour se lancer dans sa Bretagne natale dans l’élevage caprin.

La salle de traite de sa future exploitation nécessite une bonne rénovation ; en attendant Céline et Christophe lui cèdent une partie de leur ferme.

du pain sur la planche...




La traite se fait donc à la main. Le temps que j’en finisse avec Diwell, Xavier s’occupe des sept autres.

Mais à ma décharge Diwell est de loin la plus productrice … on se console comme on peut ! 

concentration maximale pour traire Diwell ...

mais Xavier en termine déjà avec la septième :-(

compétition pour les chevrettes pour la têtée



Le lait tout juste tiré des vaches et des chèvres s’en va directement en fromagerie, attenante à l’étable.

En fonction des besoins, il est transformé en fromage (tommes, cœurs, pavés…), « Gwell », crème aux œufs, riz au lait ou fromage blanc.

Le lait caillé, séparé de sa crème (qui servira à faire le beurre), et du sérum (réutilisé pour la fermentation), est le produit de base de la fabrication des fromages, qui seront par la suite affinés chacun de façon différente.





Après la production et la fabrication, il ne reste plus que la vente : entre les marchés d’Auray le jeudi ou de Pluvigner le samedi, les Amaps constituent un autre débouché pour vendre des produits qui de A à Z sont contrôlés par une même et seule personne. Plus qu’un gage de qualité c’est un bonheur de vivre et d’assister au quotidien à l’élaboration d’une agriculture écologique.

La Bretagne est parfois montrée du doigt pour ses élevages de porcs polluants (et qui est une réalité) mais on sait heureusement produire autrement. 

en mode wwoof également, Louise ...

... et Marianne




Je m’échappe un temps sur la côte.

Auray

Etel

Port-Louis


Lorient




Erdeven fut en 1974 le théâtre d’une lutte acharnée pour empêcher la construction d’une centrale nucléaire en plein milieu du cordon dunaire. Les habitants obtinrent finalement gain de cause et une main verte surmontant une souche d’if fut plantée en 1975 à la place de l’usine en signe de victoire.

Ce week-end pascal est l’occasion de fêter les 40 ans de cet évènement ; je me joints à la « vélorution » en compagnie de nombreux autres cyclistes jusqu’au site de la main verte.







Je reprends les tâches quotidiennes à la ferme.


mouton de Ouessant, toujours aussi impassible



Selon l’adage bien connu de tout chimiste en herbe, rien ne se perd rien ne se crée à Logodec. Les surplus alimentaires sont délivrés aux cochons qui grognent de plaisir en se précipitant vers la mangeoire dès qu’ils me voient déambuler avec le seau rempli de pains trempés au sérum.





Même les humains contribuent au recyclage de la matière. De sèches toilettes récupèrent nos fèces ; fesses délicates s’abstenir.



Une naissance discrète a eu lieu pendant la nuit ; Holen a mis bas seule et le nouveau veau est adorable.

Beau cadeau d’anniversaire pour Christophe qui peut approcher et caresser ce petit être sans que sa mère s’en offusque.






Ainsi coule paisiblement la vie à la ferme.

Moi qui voyageant à vélo tente de me déplacer autrement, cette expérience à Logodec m’a fait rappeler que l’on pouvait consommer autrement.

Pourquoi faire voyager un pot de yaourt aux quatre coins du monde quand on peut manger une crème aux œufs au goût divin (et mes papilles en salivent encore !) produite à côté de chez nous.



Merci à Céline et Christophe et à toute la petite famille d’ouvrir les portes de la production raisonnée ; il ne tient qu’aux visiteurs de la relayer…



En jetant un dernier œil aux veaux dont le box jouxte la cabane des wwoofers, je garde en mémoire l’autre grand avantage de l’élevage à petite échelle : le bonheur des animaux. 




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